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Emploi - Les projets de recrutement des entreprises au plus haut depuis sept ans, d'après Pôle emploi

D'après l'enquête "Besoins en main d'œuvre" de Pôle emploi, le nombre de projets de recrutement atteint un niveau record en 2016, avec une augmentation de 5% par rapport à l'an dernier. Plusieurs bémols cependant : ces projets se concentrent surtout dans le secteur des services et pour des emplois saisonniers ou de courte durée, et dans les métropoles. Quant aux difficultés de recrutement, elles restent à un niveau élevé. Dans le même temps, une étude du site Qapa dresse un état des lieux des métiers en voie de disparition ceux qui émergent, comme les "responsables du bonheur".

Deux études publiées à un jour d'intervalle fournissent des informations complémentaires sur l'état et l'évolution du marché de l'emploi, à travers une analyse des projets de recrutement des entreprises. La première, issue de Qapa, site internet de mise en relation entre candidats et recruteurs, publiée le 11 avril 2016, indique les métiers qui ont disparu, ceux en voie de disparition et les nouveaux métiers émergeant. A partir de l'analyse des offres d'emploi entre 2011 et 2016, le site met ainsi en avant des métiers comme poinçonneur, télégraphiste, ou opérateur d'ascenseur qui ont totalement disparu des offres, et d'autres, comme ramoneur, gouvernant, cordonnier, horloger et charpentier, qui sont en voie de disparition.
A l'inverse, Qapa identifie des métiers qui sont remis au goût du jour (barbier, couturière notamment), et d'autres enfin qui émergent, totalement nouveaux. Le site regorge ainsi d'offres pour des "chief happiness officers". Ces "responsables du bonheur" sont chargés du bien être des salariés. Le nombre d'offres a augmenté de 967% entre 2011 et 2016. Il en va aussi des ergonomes web (+105%), des développeurs d'applications mobiles (+43%) ou encore de "community managers" (+8%). Des métiers qui n'existaient pas il y a encore quelques années…
Le travail effectué chaque année par Pôle emploi, dans son enquête* "Besoins en main d'oeuvre" 2016 publiée le 12 avril, porte également sur les métiers les plus demandés, à partir des projets de recrutement des entreprises. Parmi eux : les viticulteurs, arboriculteurs salariés et cueilleurs, qui concentrent 104.405 projets de recrutement, les agents d'entretien de locaux (82.003 projets), les professionnels de l'animation socioculturelle (77.657 projets) ou encore les serveurs de cafés, et de restaurants (74.374).

1.827.300 projets de recrutement en 2016

Au total, Pôle emploi identifie 1.827.300 projets de recrutement en 2016. Un nombre en augmentation de 5,1% par rapport à l'an dernier. Il s'agit du niveau le plus élevé observé lors des sept dernières années. L'enquête chiffre ainsi à 88.000 projets de recrutement supplémentaires en 2016, essentiellement grâce aux services. Près des deux tiers des projets de recrutement pour 2016 se concentrent ainsi dans ce secteur : 750.000 pour les services aux particuliers (+4,5% par rapport à 2015) et 433.600 pour les services aux entreprises (+8%). L'étude note aussi un rebond du secteur de la construction (+12,4%).
D'après Jean Bassères le directeur général de Pôle emploi, les résultats de cette enquête font sens : "80% des projets de recrutement signalés en BMO se réalisent, c'est un bon taux", a-t-il ainsi déclaré durant la présentation de l'étude le 12 avril.
Mais si les intentions de recrutement sont en progression cette année, cette croissance est surtout liée aux besoins saisonniers, qui représentent 58.500 projets de recrutement en plus en 2016, contre 29.500 seulement pour les besoins non saisonniers. Et la part des emplois durables dans les projets de recrutement n'augmente pas en 2016. Elle a légèrement diminué (- 1,5 point) par rapport à 2015, à 56,3%.
Les difficultés de recrutement sont elles aussi stables pour 2016 après une baisse tendancielle observée depuis 2012. La part des projets difficiles est ainsi passée de 42,6% en 2012 à 32,4% en 2015 et en 2016. Les difficultés sont liées principalement à l'inadéquation des profils des candidats (82%), à la pénurie de candidats (74%) et aux conditions de travail proposées (54%). Elles restent plus importantes dans les petits établissements. Conséquences : "entre 180.000 et 200.000 offres restent non pourvues", a insisté Jean Bassères. Face à ces difficultés, deux établissements sur trois pensent faire appel à Pôle emploi pour les accompagner dans leurs recrutements. Pour ce faire, des actions spécifiques sont mises en oeuvre par l'opérateur public : information et promotion des métiers, conventions d'immersion (82.000 signées en 2015), spécialisation des équipes…

Plus de projets dans les grandes métropoles, l'arc atlantique et le Sud-Est

Côté localisation des projets de recrutement, l'enquête fait ressortir une concentration dans les grandes métropoles, l'arc atlantique et le Sud-Est. Globalement, les régions qui totalisent le plus de projets de recrutement sont, forcément, celles qui sont densément peuplées et qui possèdent de grands pôles urbains. Un constat qui vient encore une fois corroborer l'idée que les métropoles captent davantage d'emplois que le reste du territoire national. Ainsi, l'Ile-de-France comprend 17,7% des projets de recrutement, la région Auvergne-Rhône-Alpes 13,3% et Provence-Alpes-Côte d'Azur 10,5%. A l'inverse, des régions comme Centre-Val de Loire (3% de projets de recrutement), Normandie (3,2%) ou encore Bourgogne-Franche-Comté (3,4%), qui correspondent à des territoires agricoles ayant un tissu entrepreneurial peu dense, concentrent moins de projets de recrutement.
Même topo pour les territoires d'outre-mer et la Corse, des régions à caractère agricole ou touristique, peu urbanisées, et avec une faible part d'entreprises (Corse, 1% de projets de recrutement, 3,1% pour les DOM).
Mais à l'intérieur d'une même région, il peut y avoir de fortes disparités. Ainsi en Centre-Val de Loire, certains bassins d'emploi affichent un nombre important de projets de recrutement. C'est le cas de l'Indre-et-Loire, avec 15.527 projets prévus pour 2016, dont 10.695 à Tours, et une part de 35,7% de projets difficiles, contre 4.061 projets seulement dans l'Indre, dont 2.355 à Chateauroux, avec 36,6% de projets difficiles. Autre exemple en Ile-de-France, où un département comme les Hauts-de-Seine capte 60.770 projets de recrutement, contre 19.801 en Val-d'Oise.

Emilie Zapalski

* L'enquête porte sur 2,3 millions d'établissements. 436.500 établissements ont répondu à l'édition 2016 dont 20.000 à une enquête complémentaire plus détaillée.

 

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