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Plus de 20% des bénéficiaires de minima sociaux ne disposent pas de leur propre logement

Une étude de la Drees montre que 22% des bénéficiaires des minima sociaux et de la prime d'activité (et 27% des allocataires du RSA) ne disposent pas d'un "logement ordinaire autonome" (donc hors résidences, habitations mobiles...), contre 3% en population générale. Parmi eux, 17% sont logés ou hébergés par un tiers. Ces bénéficiaires sont en outre bien confrontés à des conditions de logement plus difficiles que la moyenne de la population, quel que soit l'indicateur utilisé (défaut de qualité, logement surpeuplé...).

La Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux publie, dans sa collection des "Dossiers de la Drees", une étude sur "Les conditions de logement des bénéficiaires de minima sociaux et de la prime d'activité". Ces derniers représentent environ sept millions de personnes. L'étude complète et éclaire, sans les recouper totalement, les travaux déjà menés sur le mal logement par la Fondation Abbé-Pierre (voir notre article du 1er février 2021) par l'Insee (voir nos articles du 3 janvier 2020 et du 23 avril 2020) ou par l'association Qualitel (voir notre article du 17 juin 2020).

17% des bénéficiaires de minima sociaux logés par un tiers ou hébergés par un proche

Les résultats publiés se fondent sur l'exploitation des données de l'enquête BMS 2018 (bénéficiaires de minima sociaux). Le principal enseignement est que 22% des bénéficiaires de ces minima et de la prime d'activité ne disposaient pas d'un logement ordinaire autonome à la fin de 2018. Un logement ordinaire autonome s'entend par opposition à un logement offrant des services spécifiques (résidences pour personnes âgées, pour étudiants, de tourisme, à vocation sociale, pour personnes handicapées, couvents, prisons...). Par ailleurs, les habitations mobiles ne sont pas non plus considérées comme des logements ordinaires.
Ces 22% sont à rapprocher du taux de 3% seulement constaté en population générale. Ils se décomposent en 5% de personnes qui ne vivent pas dans un logement ordinaire et 17% qui vivent dans un logement ordinaire mais qui n'est pas le leur (logés par un tiers ou hébergés par un proche). 
La part des bénéficiaires sans logement ordinaire propre varie selon la nature des minima sociaux : elle va de 16% pour la prime d'activité à 27% pour le RSA et 30% pour le minimum vieillesse et l'AAH. Dans ces deux derniers cas, ce taux élevé s'explique largement par le nombre de bénéficiaires vivant en établissements (respectivement 17% et 12%).
Hors logement en institutions, la part des bénéficiaires de revenus minima garantis logés par un tiers ou hébergés par un proche est très supérieure à celle de l'ensemble de la population (17% contre 3%). Ces bénéficiaires sont également plus souvent locataires de leur logement (deux tiers, contre un tiers pour l'ensemble de la population). A l'inverse et logiquement, la part des propriétaires ou des accédants à la propriété est nettement plus faible. Elle va de 7% pour les bénéficiaires du RSA à 22% pour ceux de l'ASS (allocation de solidarité spécifique), contre les deux tiers pour l'ensemble de la population.

Un situation qui ne s'est pas améliorée depuis 2012 

Autres enseignements de l'étude : les bénéficiaires de minima garantis sont confrontés à des conditions de logement sensiblement plus difficiles que la moyenne de la population, quel que soit l'indicateur utilisé. Ainsi, 3% des bénéficiaires de minima garantis sont confrontés à l'absence de l'ensemble du confort sanitaire de base (WC intérieur, salle de bain avec douche ou baignoire, eau chaude courante), contre 1% dans l'ensemble de la population. C'est également le cas pour l'absence de chauffage central. Plus globalement, l'indicateur synthétique de défaut de qualité du logement, qui regroupe seize critères, confirme cet écart : 44% des bénéficiaires de revenus minima garantis vivent dans un logement avec au moins un défaut de qualité (les allocataires du RSA étant les plus touchés), contre 23% de l'ensemble de la population.
Comme l'a mis en évidence le confinement, les bénéficiaires de revenus minima garantis sont plus nombreux (25%) à vivre dans un logement surpeuplé que l'ensemble de la population (10%). A nouveau, les bénéficiaires du RSA sont les plus touchés, avec un tiers d'entre eux à la fin de 2018 (un chiffre stable par rapport à 2012).
La conséquence est que les bénéficiaires de revenus minima garantis sont plus nombreux que l'ensemble de la population à afficher une opinion négative sur leur logement. Ainsi, 13% (contre 6%) jugent mauvaises leurs conditions de logement et 44% (contre 22%) souhaitent changer de logement. 
Au final, l'étude relève que "quel que soit l'indicateur utilisé (parmi ceux comparables entre les deux enquêtes), les conditions de logement des bénéficiaires de minima sociaux ne s'améliorent pas entre 2012 et 2018".

 

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