40 projets sélectionnés pour accompagner 1.000 personnes très précaires dans des lieux de vie innovants
Ces 40 projets ont été sélectionnés à l'issue de l'appel à manifestation d'intérêt "pour l'hébergement et l'accompagnement des personnes en situation de grande marginalité dans des lieux de vie innovants". Répartis sur tout le territoire, ces projets prévoient un accompagnement pluridisciplinaire pour favoriser l'accès aux droits, à la santé, à l'emploi et au logement.
Lancé à la mi-octobre (voir notre article du 16 octobre 2020), l'appel à manifestation d'intérêt (AMI) "pour l'hébergement et l'accompagnement des personnes en situation de grande marginalité dans des lieux de vie innovants", vient de donner lieu à la sélection de 40 dossiers. L'AMI étant ouvert jusqu'au 14 novembre, le processus de sélection des projets a donc été particulièrement rapide. Emmanuelle Wargon, la ministre déléguée en charge du logement, et Olivier Véran, le ministre des Solidarités et de la Santé, s'étaient effectivement engagés à une prise de décision sans délais.
Une ambition revue à la hausse
Cet AMI se situe à la fois dans le contexte des dispositions du plan Hiver sur l'hébergement d'urgence, activé cette année dès le 16 octobre, et du plan Logement d'abord. Et il n'est, bien sûr, pas sans lien avec la crise sanitaire et ses conséquences économiques, qui fragilisent encore davantage les publics les plus précaires (voir notre article du 26 novembre 2020). L'annonce des résultats de cet AMI intervient également alors que le gouvernement lance un appel à projets sur la première tranche (50 millions d'euros) du "plan de soutien" en faveur des associations de lutte contre la pauvreté (voir notre article du 25 novembre 2020).
Sur le fond, les résultats annoncés sont très différents de ceux initialement envisagés par l'AMI (voir notre article du 16 octobre 2020). Ce dernier prévoyait en effet de retenir une dizaine de projets ; ce sont finalement quarante projets qui ont été sélectionnés. De même, l'enveloppe initiale était annoncée à 5 millions d'euros ; elle est en définitive de 15 millions. Face à la remontée de la pandémie et aux conséquences du second confinement, le gouvernement a manifestement revu sa copie à la hausse. On peut aussi penser que l'AMI a suscité un intérêt soutenu chez les acteurs de terrain. Et comme l'indique le communiqué commun d'Emmanuelle Wargon et d'Olivier Véran du 25 novembre, "l'ambition a été réévaluée pour s'adapter aux besoins".
Une démarche proactive et une expérimentation sur trois ans
La quarantaine de projets retenus sont répartis sur l'ensemble du territoire, y compris un projet en Corse, à la Martinique, en Guyane et à La Réunion. Seule manque encore l'Île-de-France, où quatre dossiers sont toujours à l'instruction et sont classés "à consolider". Ces 40 projets vont bénéficier à plus de 1.000 personnes en situation de grande marginalité, "qui se verront proposer un accompagnement soutenu et individualisé adapté à leurs besoins". Il s'agira en l'occurrence de "personnes majeures, particulièrement vulnérables du fait d'un long passé de rue ou de cumul de problématiques de santé, notamment de santé mentale et/ou d'addictions". Il est aussi prévu de porter une attention particulière aux jeunes de 18 à 25 ans en errance et aux personnes refusant d'aller vers l'offre existante d'hébergement ou de logement accompagné.
L'expérimentation est prévue pour durer trois ans. L'accompagnement des intéressés sera pluridisciplinaire, avec des travailleurs sociaux, pour favoriser l'accès aux droits, à la santé, à l'emploi et au logement. La démarche se veut proactive, en allant "vers les personnes sans attendre qu'elles s'adressent aux structures ou aux services". De même, les actions menées chercheront à favoriser l'autonomie des personnes accompagnées, afin de "restaurer la capacité à agir de chacune d'entre elles".
Les projets retenus, portés par un organisme public ou associatif, "s'appuieront sur un large réseau partenarial social et médicosocial comprenant notamment le service intégré d'accueil et d'orientation (Siao).
En termes de calendrier, 24 projets sélectionnés "seront soutenus dès cette fin d'année", 10 autres projets sont sélectionnés "sous réserve d'informations complémentaires", tandis que les projets concernant l'Île-de-France nécessitent d'engager "un travail complémentaire intégrant la problématique du foncier".