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Insertion : la ministre Brigitte Klinkert veut maintenir le cap malgré la crise

La crise sanitaire et économique bouleverse le calendrier de l’exécutif, interrogeant ses ambitions d’avant-crise en matière d’accompagnement des publics exclus de l’emploi. Pour autant, la ministre chargée de l’insertion, Brigitte Klinkert, confirme l’objectif de 100.000 places supplémentaires dans l’insertion par l’activité économique d’ici à 2022. En revanche, le flou subsiste sur la suite du "service public de l’insertion" et le revenu universel d’activité. 

Faire un bond quantitatif et qualitatif dans l’insertion des publics éloignés de l’emploi : cette ambition de l’exécutif, datant du début du quinquennat, s’inscrit désormais dans un contexte radicalement différent. C’est désormais dans le contexte d’une crise économique sans précédent que la nouvelle ministre chargée depuis juillet 2020 de l’insertion, Brigitte Klinkert, doit reprendre les chantiers engagés avant la pandémie, visant à développer l’insertion par l’activité économique, mais aussi à améliorer le suivi des demandeurs d’emploi les plus en difficulté sous la bannière d’un "service public de l’insertion".

Fin août, le gouvernement avait annoncé 300 millions d’euros pour soutenir les entreprises adaptées destinées aux personnes handicapées ainsi que les structures d’insertion par l’activité économique (SIAE). Signe de la crise, près de 4.000 des 5.000 structures ont adressé une demande d’aide forfaitaire pour rattraper les pertes du chiffre d’affaires liées à la crise. "Ces 300 millions sont proposés au bon moment", s’est satisfaite Brigitte Klinkert lors d’une visioconférence avec l’Ajis (association des journalistes de l’information sociale).

L’insertion par l’activité économique

Outre le coup de pouce financier, l’enveloppe prévoit une aide au développement d’activités sur des secteurs porteurs, accessible jusqu’au 2 novembre 2020 "On sent qu’il y a une demande", fait valoir l’ex-présidente du conseil départemental du Haut-Rhin, qui veut y voir le signe que les structures d’IAE continuent d’avancer malgré la crise.

Cependant, la marche semble de plus en plus haute. Alors que le gouvernement maintient l’objectif de 100.000 places supplémentaires dans les SIAE d’ici à 2022, leur nombre n’a progressé que de quelques milliers en 2019 et le ministère du Travail ne dispose toujours pas de chiffres sur les tendances de cette année. Pour atteindre la cible, Brigitte Klinkert a souligné la nécessité de "développer les clauses d’insertion dans les marchés publics", sources potentielles d’emplois supplémentaires.

Le service public de l’insertion : essaimage des expérimentations en 2021

Les travaux reprennent aussi sur l’autre dossier majeur qu’est la configuration du futur "service public de l’insertion". La crise sanitaire a retardé le processus qui devait initialement aboutir cette année à un projet de loi Pauvreté, où la manière dont les différents acteurs de l’insertion, étatiques comme locaux, devraient se coordonner pour accélérer et améliorer l’accompagnement des allocataires du RSA, aujourd’hui dispersé. Ce dispositif "a vocation à s’adapter aux territoires en partant du terrain, et ça ne doit pas être une politique uniforme", a expliqué Brigitte Klinkert sans donner plus de précisions sur la gouvernance du futur dispositif.

À cause de la crise, les expérimentations destinées à préfigurer les futures pratiques et menées dans 14 territoires, dont beaucoup de départements (voir notre article), n’ont démarré qu’à la fin de l’été sauf à la Réunion. La ministre a commandé un "prérapport d’ici la fin de l’année pour qu’on puisse dès le printemps prochain, si les évaluations sont positives (…) lancer un appel d’offres et donc développer et essaimer les expérimentations".

De plus, sur 5 des 14 territoires, l’expérimentation sera "très prochainement" renforcée par "un outil numérique qui doit permettre le croisement de toutes les données qui concernent les personnes", a ajouté Brigitte Klinkert. Car "le gros souci c’est d’avoir une vision globale, un carnet de bord ou un dossier social unique sur la personne pour que les référents puissent suivre l’évolution de l’accompagnement".

Le revenu universel d’activité "pas enterré"

Quant à la réforme visant à instituer le revenu universel d’activité, autre grand chantier de l’exécutif qui devait aussi faire partie du projet de loi pauvreté, elle "n’est pas enterrée", a assuré Brigitte Klinkert. Après l’annonce par France Inter mi-septembre que le sujet entre les mains du ministre de la Santé et des Solidarités, Olivier Véran, était "en stand-by", le Premier ministre Jean Castex doit s’exprimer le 17 octobre pour préciser l’"acte 2" de la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté.

Le sujet reste en tout cas d’actualité, alors que les dépenses liées au RSA ont augmenté de 9,6 % entre août 2019 et août 2020 en moyenne, selon les estimations de l’ADF concernant une quinzaine de départements. "La crise oblige d’autant plus à réfléchir aux évolutions", souligne-t-on au sein de l’Assemblée des départements de France.