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Commande publique - Peut-on refuser de communiquer un bordereau des prix unitaires?

Une collectivité locale peut-elle refuser de communiquer à une entreprise, évincée d'un marché de travaux, le bordereau des prix unitaires (BPU) de l'entreprise attributaire afin d'éviter que ceux-ci ne soient réutilisés pour fausser la concurrence lors d'une prochaine consultation ?

 

Le bordereau des prix unitaires est par principe communicable

Dans un avis du 10 septembre 2009, la Commission d'accès aux documents administratifs (Cada) répond par la négative. En effet, le fait qu'une nouvelle consultation puisse être lancée à brève échéance en incluant certains postes de prix unitaires figurant dans le BPU concerné, "ne suffit pas à caractériser un risque d'atteinte à la concurrence, dès lors que cette consultation porte sur une opération distincte", c'est-à-dire sans lien avec la précédente.
La commission rappelle en effet qu'après avoir été signés, les marchés publics et les documents qui s'y rapportent sont, en principe, considérés comme des documents administratifs soumis au droit d'accès institué par la loi du 17 juillet 1978. Par conséquent, seules les données protégées par le secret en matière industrielle et commerciales peuvent faire l'objet d'un refus. Or, la commission a de nombreuses fois été amenée à considérer que, "sous réserve des spécificités propres à chaque marché, l'offre de prix détaillée, c'est-à-dire le bordereau des prix unitaires de l'entreprise retenue, est en principe communicable dans la mesure où elle fait partie intégrante du marché ou du contrat".

 

Les exceptions au principe

Précisons néanmoins que dans un précédent avis, daté du 2 juillet 2009, la Cada avait rappelé qu'une collectivité peut légalement refuser la communication du BPU des entreprises attributaires en cas de risque d'atteinte à la concurrence dans le cadre de futurs marchés. Selon la commission, cette réserve ne se limite pas au seul renouvellement du marché visé, mais s'étend à l'ensemble des précédents marchés portant sur "des prestations analogues" ou à ceux qu'il est envisagé de passer à brève échéance.
La Cada insiste néanmoins sur le fait que le caractère "analogue" des prestations soumises à appel d'offres "doit être apprécié de manière restrictive" afin de ne pas priver les demandeurs du droit d'accès qui leur est garantit par la loi du 17 juillet 1978.
Dans le cadre spécifique des marchés de travaux, la commission estime "en général" que le bordereau des prix unitaires est communicable "compte tenu des spécificités que présentent chaque opération". Elle cite tout de même une exception en précisant que ce n'est pas le cas pour "un marché de travaux s'inscrivant dans une suite répétitive, par exemple la rénovation par tranches d'une infrastructure présentant des caractéristiques homogènes (réseau d'assainissement ou de distribution d'eau…)".

 

L'Apasp

 

Références : avis de la Commission d'accès aux documents administratifs n° 20092697, rendu en séance du 10 septembre 2009 ; avis de la Commission d'accès aux documents administratifs n° 20092286, rendu en séance du 2 juillet 2009.