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Culture - Patrimoine mondial : nouvel échec pour les Causses et les Cévennes, Bordeaux sauve sa tête

Avant de se séparer, le comité du Patrimoine mondial de l'Unesco, réuni à Séville du 22 au 30 juin 2009 pour sa 33e session, a rendu ses ultimes décisions (voir notre article du 29 juin 2009). Déception pour la France : après avoir été écartée une première fois en 2006, la candidature des Causses et des Cévennes, "conservatoire vivant des paysages ruraux du Sud de l'Europe" qui associe cinq départements (Ardèche, Aveyron, Hérault, Gard et Lozère) et trois régions, a une nouvelle fois été écartée. Le comité a toutefois laissé la porte ouverte. Alors que le groupe d'experts chargé d'étudier le dossier s'était prononcé contre cette candidature, le comité a finalement demandé un complément d'information, portant en particulier sur une définition plus précise du périmètre à inscrire et des activités agro-pastorales exercées dans ce cadre. Curieusement, la question des activités agro-pastorales avait déjà servi de fondement au rejet de la candidature en 2006 et cet aspect du dossier avait été dûment retravaillé par l'Avvec (Association de valorisation de l'espace Causses et Cévennes), qui porte la candidature. Les hésitations de l'Unesco peuvent toutefois s'expliquer par le fait que cette candidature est la première à concerner un espace géographique aussi vaste. Une candidature plus resserrée pourrait donc avoir toutes ses chances lors de la prochaine réunion du comité du Patrimoine mondial, en juin 2010.
La ville de Bordeaux, inscrite en 2007, a finalement sauvé sa tête. Pour avoir envisagé la destruction de la passerelle Eiffel et pour le projet de construction d'un nouveau grand pont routier dans le secteur classé, Bordeaux s'était en effet retrouvée dès 2008 sous le coup d'une procédure de "suivi renforcé" de la part de l'Unesco, prélude à une possible radiation. Le classement et le sauvetage in extremis de la passerelle Eiffel laissaient a priori supposer une levée de cette procédure (voir notre article ci-contre du 12 mai 2009). Mais les élus bordelais ont néanmoins connu des sueurs froides lorsque le comité du Patrimoine mondial a annoncé, lors de la session, la radiation de la ville de Dresde pour avoir, elle aussi, laissé construire un pont autoroutier en plein secteur inscrit. L'Unesco semble en effet bien décidé à ne plus tolérer l'usage purement "touristique" de l'inscription au Patrimoine mondial, sans véritable prise en considération ultérieure du patrimoine inscrit. Visiblement soulagé, Alain Juppé indique dans un communiqué qu'il "prend acte du projet de décision du comité, exprimant sa grande satisfaction quant à la levée de la procédure de suivi renforcé de la ville". Ecartant la solution du tunnel, le maire de Bordeaux a également indiqué que la ville "va examiner précisément les suites à donner à cette décision [...], en étroite liaison avec la communauté urbaine de Bordeaux" et que "cette question sera inscrite à l'ordre du jour du prochain conseil municipal du 20 juillet". Celui-ci devra néanmoins tenir compte des demandes de l'Unesco, qui "prie instamment de réexaminer le projet et d'étudier des solutions alternatives qui n'incluraient pas le transit de grands bateaux de croisière en face des zones historiques, permettant seulement à des bateaux plus petits d'accéder au port, afin de limiter l'impact visuel sur le lieu ainsi que de considérer le transfert de la zone de mouillage des grands bateaux de croisière en aval de l'emplacement proposé".

 

Jean-Noël Escudié / PCA

 

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