Culture - Salins-les-Bains inscrite au patrimoine mondial, les immeubles de Le Corbusier reportés

Réuni à Séville du 22 au 30 juin 2009 pour sa 33e session, le comité du patrimoine mondial a commencé à délibérer et à faire connaître ses décisions. Deux d'entre elles intéressent directement la France. Le comité a ainsi décidé d'ajouter les salines des Salins-les-Bains (Jura, 3.000 habitants) à la liste du patrimoine mondial. Il ne s'agit pas à proprement parler d'une inscription, mais de l'extension du classement de la saline royale d'Arc-et-Senans, située à quelques kilomètres au nord et inscrite au patrimoine mondial dès 1982. Pour leur part, les salines de Salins-les-Bains figuraient depuis 2002 sur les listes indicatives du patrimoine mondial (sortes de répertoires des candidatures potentielles, établis par chaque Etat membre). Le nouvel ensemble ainsi formé est désormais intitulé "De la grande saline de Salins-les-Bains à la saline royale d'Arc-et-Senans, la production de sel ignigène". Exploitées dès le Moyen-Age, les salines faisaient alors de Salins la seconde ville de la Franche-Comté, avec 8.000 habitants. Après avoir lentement décliné au profit d'autres activités comme le thermalisme - d'où l'ajout de l'expression "les Bains" - les salines ont définitivement fermé en 1962. Selon la décision du comité, ce nouvel ensemble "témoigne de l'histoire de la production de sel en France".
Déception en revanche pour la candidature des sites emblématiques de l'architecte français d'origine suisse, Le Corbusier. Celle-ci présentait l'originalité de rassembler 22 sites répartis dans six pays : Allemagne, Argentine, Belgique, France, Japon et Suisse. Le comité du patrimoine mondial n'a pas encore fourni d'explication sur sa décision, mais celle-ci évoque un "report", ce qui laisse espérer une décision favorable lors d'une prochaine présentation du dossier. La mise en valeur du patrimoine architectural urbain et contemporain s'inscrit en effet pleinement dans les nouvelles orientations du l'Unesco, comme l'a montré l'inscription, en 2005, des quartiers reconstruits par Auguste Perret au Havre. Les quatorze sites candidats pour la France comprennent la maison Cook à Boulogne-Billancourt, les maisons La Roche et Jeanneret à Paris, la villa Savoye à Poissy, les maisons Joaoul à Neuilly-sur-Seine, la cité Frugès à Pessac, le cabanon de Le Corbusier à Roquebrune-Cap-Martin, la Cité du refuge de l'Armée du Salut à Paris, le pavillon suisse de la Cité universitaire internationale à Paris, l'immeuble locatif de la porte Molitor à Paris, la chapelle de Ronchamp, le couvent d'Eveux-sur-l'Arbresle, la manufacture de Saint-Dié, le site de Firminy-Vert et, bien sûr, l'unité d'habitation "Cité radieuse" à Marseille.
Le comité doit encore se prononcer sur la candidature des Causses et des Cévennes, qui avait été écartée une première fois en 2006, ainsi que sur le maintien ou non de Bordeaux. Inscrite en juin 2007, Bordeaux s'était en effet très vite retrouvée dans le collimateur du comité pour avoir envisagé la destruction de la passerelle Eiffel - finalement classée in extremis - et pour le projet de construction d'un nouveau pont dans le secteur classé (voir nos articles ci-contre). La radiation, le 27 juin, de la ville de Dresde, également pour la construction d'un pont dans le secteur classé, a dû donner des sueurs froides aux responsables bordelais. Le comité est en effet bien décidé à rappeler aux sites inscrits ou candidats que l'inscription au patrimoine mondial n'est pas un label touristique, mais comporte des obligations envers le patrimoine inscrit.

 

Jean-Noël Escudié / PCA

 

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