Paris 2024 : un impact économique encore incertain

Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris approchent à grands pas et déjà se pose la question des retombées économiques. Dans une note publiée le 11 janvier, le cabinet Asterès calme les ardeurs des plus optimistes. Au total, les JOP 2024 devraient ainsi générer la création de 116.000 emplois et 9,8 milliards d'euros de valeur ajoutée, en tenant compte des effets directs (impacts sur les entreprises concernées) et de l'ensemble des effets indirects induits et en chaîne sur une durée de quatre ans. Exemple : les dépenses liées à l'organisation provoquent une hausse de la demande adressée à l'économie française, qui implique elle-même une hausse de la consommation des salariés des entreprises et une augmentation des achats des entreprises auprès de leurs fournisseurs. Des effets qui se répercuteront ensuite sur d'autres entreprises.

Mais ce montant ne représente que 0,4% environ du PIB français et si on étale ce montant sur les années avant et après 2024, on obtient un pourcentage bien plus faible. "Ainsi, sur les quelques années avant et après l'événement, l'impact économique des dépenses pour l'organisation des Jeux olympiques est inférieur à 0,1% du PIB par an", signale la note.

Difficile de chiffrer les effets économiques des Jeux olympiques

Plusieurs études ont déjà cherché à évaluer ces retombées. Le cabinet Astérès avait lui-même chiffré en 2022 un impact plus positif notamment en termes d'emplois, comptant sur la création de 130.000 postes pour une valeur ajoutée en revanche limitée à 8,7 milliards d'euros (un de moins). CCI France aussi s'était prêtée à l'exercice, tablant sur 150.000 emplois mobilisés pour la préparation et l'organisation : 78.300 emplois pour l'organisation (transport, événementiel, communication, sécurité privée…), 60.000 dans le tourisme (hôtellerie, restauration notamment), 11.700 dans la construction. Mais le réseau n'avance pas de montant chiffré quant à la valeur ajoutée de l'événement sur l'économie française. Une autre étude devrait arriver prochainement.

Un rapport de l'Assemblée sur les retombées des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 sur le tissu économique et associatif local, publié le 5 juillet 2023, se basant sur une étude du Centre de droit et d'économie du sport (CDES), anticipait un afflux de 15,9 milliards de touristes avait quant à lui établi un point très détaillé sur les retombées matérielles et immatérielles des Jeux (tourisme, économie, transports, justice, sport…), avec des recommandations à l'appui pour favoriser cet impact (voir notre article du 7 juillet 2023). Il tablait sur 15,9 millions de touristes et entre 5,3 milliards et 10,7 milliards d'euros de retombées pour la région.

Des retombées "difficiles à chiffrer"

Mais Asterès estime qu'il est difficile de chiffrer les différents effets économiques des Jeux, positifs comme négatifs, sur le tourisme, l'image du pays ou encore l'activité des entreprises. "Les Jeux olympiques ont un effet globalement positif sur le tourisme", estime le cabinet, un tel événement d'ampleur international attirant mécaniquement les touristes, avant d'ajouter "cependant, chiffrer précisément l'effet sur le tourisme est complexe, car certains touristes peuvent ne pas venir dans la ville organisatrice justement à cause de l'événement, de crainte de payer plus cher les services (hôtels, restaurants) ou de voir les transports saturés".

Même chose pour l'image et l'attractivité de la ville, renforcées par l'événement auprès des entreprises, touristes, étudiants, mais "difficile à chiffrer car il implique la perception, consciente ou non, qu'a le public d'une ville ou d'un pays". Et cet effet dépend aussi de la réussite de l'organisation.

D'après les JO passés, pas d'impact sur la croissance économique des pays hôtes

Par ailleurs, les Jeux peuvent aussi perturber l'activité de certaines entreprises, avec l'afflux du public et les contraintes en matière de sécurité. "Dans le cas des Jeux de Paris, le télétravail sera par exemple encouragé pour éviter l'engorgement des transports et les déplacements seront impactés dans les quartiers où se dérouleront les épreuves", précise la note.

Et les expériences du passé (Corée du Sud en 1988, Espagne en 1992, Etats-Unis en 1996, etc.) n'ont pas eu d'impact notable sur leur croissance économique. "En analysant la dynamique de croissance de chaque pays hôte depuis Séoul (1988), on ne constate pas de pic de croissance l'année des Jeux olympiques (qui serait lié à un afflux de touristes par exemple), ni les années précédentes (qui serait dû aux dépenses de construction), ni les années suivantes (du fait de l'amélioration de l'image du pays qui entraînerait une attractivité accrue)", conclut Astarès.