Paris 2024 : un terrain de jeux pour l'économie sociale et solidaire ?
Faciliter l'accès des entreprises de l'économie sociale et solidaire aux marchés de Paris 2024 : c'est la mission confiée par le Comité d'organisation des jeux olympiques et la Solideo à l'association Les Canaux. A l'appui d'une plateforme de référencement et d'information et d'actions d'accompagnement et de mise en relation, l'objectif est de permettre à ces entreprises de se positionner, seules ou en groupement, sur l'ensemble des secteurs. Certaines entreprises de l'ESS entendent bien se saisir des Jeux pour démontrer qu'il est possible de concilier un haut niveau de prestation avec des exigences sociales et environnementales fortes.
"Osez candidater !" C'est le message que le Comité d'organisation des jeux olympiques (Cojo) Paris 2024 adresse aux TPE-PME et aux entreprises de l'économie sociale et solidaire (ESS). Alors qu'un volume global de 5 milliards d'euros de marchés a été identifié pour la mise en œuvre des Jeux olympiques et paralympiques – à parts égales entre la Solideo en charge des ouvrages olympiques et le Cojo –, un dispositif de soutien aux entreprises de l'ESS a été conçu. Portée par l'association Les Canaux, la plateforme ESS 2024 vise à informer au mieux ces entreprises sur les opportunités de marché – cartographiées et recensées au sein de 47 "familles d'achat" – et à leur permettre de se référencer pour faire connaître leurs offres. Des événements sont également organisés, thématique par thématique, pour accompagner ces acteurs et faciliter la rencontre avec des acheteurs – Paris 2024, autres acheteurs publics ou encore grandes entreprises.
"Pour les plus petites entreprises, la clé c'est l'anticipation", a jugé Marie Barsacq, directrice Impact et héritage au Cojo Paris 2024, le 28 janvier 2020 lors d'une rencontre dédiée aux opportunités économiques dans la filière de l'événementiel. Accueil et renseignement, gestion des déchets et propreté, fleuristerie et espaces verts, restauration collective, spectacle vivant… autant de secteurs dans lesquels les entreprises de l'ESS sont invitées à se positionner. Pour leur donner plus de chances, le Cojo s'engage à faire un effort d'allotissement. Les Canaux sont également chargés d'encourager voire d'accompagner la constitution de groupements, entre petites et moyennes entreprises ou entre TPE-PME et grands groupes.
Des bouquets de fleurs d'Ile-de-France et de saison pour les médaillés ?
Déjà titulaires de marchés lancés en amont des JO, certaines entreprises de l'ESS voient l'événement comme l'occasion de se développer et de faire leurs preuves. "C'est l'opportunité de montrer qu'on est aussi capable, sur ce type d'événements, de s'adapter aux volumes et aux exigences spécifiques liés à un public de sportifs par exemple, tout en gardant nos engagements en termes de 100% frais, priorité aux circuits courts ou encore valorisation des déchets", a expliqué à Localtis Aurélie Devaux du traiteur Baluchon, entreprise d'insertion basée à Romainville (Seine-Saint-Denis).
Lauréat d'un marché sur l'aménagement paysager du village olympique, une autre entreprise d'insertion de Seine-Saint-Denis, Fleurs d'Halage à L'Île-Saint-Denis, veut se positionner sur la constitution des milliers de bouquets qui viendront fleurir les JO et récompenser les médaillés. Et démontrer en même temps que ces bouquets peuvent être entièrement composés de fleurs d'Ile-de-France et de saison, alors que la filière horticole francilienne aurait perdu 50% de ses entreprises entre 2005 et 2015 et que 85% des fleurs commercialisées en France viendraient de l'étranger.
60% de TPE-PME et 20% d'entreprises de l'ESS parmi les premiers lauréats
L'objectif, côté Paris 2024 comme côté entreprises de l'ESS, semble donc de dépasser le stade du green/social washing. L'ambition de faire des "jeux exemplaires" – et en rupture avec les éditions précédentes - a été maintes fois rappelée ce 28 janvier, avec notamment la diffusion d'un film sur la genèse de la Charte sociale Paris 2024.
Parmi les 120 premiers marchés qui ont déjà été lancés – qui ne représenteraient que 2% de l'ensemble du volume prévu -, "60% ont été attribués à des TPE-PME et 20% à des entreprises de l'ESS", a fait valoir Elisa Yavchitz, directrice des Canaux. Pour promouvoir les plateformes "ESS 2024" et "Entreprises 2024" – cette dernière étant dédiée aux TPE-PME -, une campagne de sensibilisation va être menée dans plusieurs villes françaises, outre des rencontres plus régionales, notamment dans des quartiers prioritaires de la politique de la ville.
?Alors que la Solideo est soumise à des clauses sociales – 10% des heures travaillées en insertion et 25% du volume de marchés attribués à des TPE-PME -, le Cojo Paris 2024 ne donne pas d'ambition chiffrée. "Tous les moyens sont mis pour que ce soit le plus haut possible", a estimé Elisa Yavchitz. "Et ces outils serviront à d'autres par la suite", a auguré la directrice de l'héritage de Paris 2024.