Culture - Marseille Provence 2013 perd sa tête
Moins d'un mois après avoir tenté de rassurer à travers une conférence de presse qui réunissait tous les leaders politiques régionaux (voir notre article ci-contre du 25 février 2011), Marseille Provence 2013 - chargée de préparer et de mettre en œuvre les événements et manifestations de la capitale européenne de la culture 2013 - subit une nouvelle mésaventure. Bernard Latarjet, le directeur général de l'association - celui-là même qui présentait la conférence de presse du mois dernier -, annonce en effet qu'il abandonne ses fonctions. Il ne s'agit pas formellement d'une démission, puisque l'intéressé affirme qu'il sera "toujours aussi présent mais d'une manière différente, en [se] concentrant davantage sur les questions de programmation". Il explique que le projet entre dans une nouvelle phase et que "ces deux années finales de préparation nécessitent une force, une disponibilité et un âge qui ne sont plus les [siens]. Il faut un directeur général qui ait 50 ans et pas 70 !". Officiellement, il n'est cependant pas question, pour Bernard Latarjet, d'abandonner le projet. Il devrait d'ailleurs devenir conseiller spécial du président de l'association, Jacques Pfister (par ailleurs président de la chambre de commerce et d'industrie Marseille Provence).
La tension monte chez les acteurs culturels
Mais il est difficile de ne pas voir dans cette décision un lien avec les critiques qui s'expriment depuis plusieurs semaines et la contestation qui est en train de prendre corps. Une association annonce le lancement d'un projet d'année culturelle "off", alors que la programmation de l'année "in" n'est même pas finalisée et que le programme définitif devrait être arrêté à l'automne 2012. Certains vont jusqu'à affirmer que Marseille Provence 2013 draine les financements au détriment de l'action culturelle de terrain.
Par ailleurs, de nombreux acteurs culturels se plaignent des réductions de subventions des collectivités elles-mêmes. Ainsi, la suppression, par la ville, d'une subvention de 30.000 euros au Centre international de poésie de Marseille - qui assure depuis vingt ans la promotion de la poésie contemporaine et anime des échanges sur ce thème entre les pays méditerranéens - a suscité le lancement d'une pétition adressée au maire de Marseille.
En attendant, le prochain conseil d'administration de Marseille Provence devra désigner d'urgence un nouveau directeur - et ne pas se tromper dans son choix. Celui-ci pourrait se porter sur le nom de Jean-François Chougnet, actuellement directeur du musée d'art moderne Berardo de Lisbonne, après avoir été le commissaire pour la France de l'année "Brésil, Brésils" en 2005. Avantage de ce choix, suggéré par l'actuel directeur général : Jean-François Chougnet était l'adjoint de Bernard Latarjet, lorsque celui-ci dirigeait le parc de la Villette à Paris. Même si ce contexte favorable devrait permettre à la transition de se passer rapidement et en douceur, il reste qu'il s'agit là d'un nouvel épisode d'un feuilleton à rebondissement, après la démission "pour raisons personnelles" de la directrice générale adjointe en décembre 2009, la valse-hésitation d'Aix-en-Provence ou le retrait de Toulon. A vingt mois de 2013, il est urgent que le dossier se stabilise.