Culture - Marseille sera la capitale européenne de la culture 2013
Christine Albanel et Bernard Kouchner ont annoncé, le 16 septembre, le choix de Marseille comme capitale européenne de la culture 2013. Celle-ci l'emporte sur Bordeaux, Lyon et Toulouse. Marseille partagera ce titre avec la ville slovaque de Kosice, désignée pour sa part le 9 septembre. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères ne font ainsi qu'annoncer la décision prise par le jury de sélection mis en place par un décret du 14 mai 2007, en application de la directive 1622/2006/CE du Parlement européen et du Conseil du 24 octobre 2006. Ce jury se composait de six membres désignés par la ministre de la Culture - après avis du ministre des Affaires étrangères et consultation de la Commission européenne - et de sept autres membres désignés par le Parlement européen, le Conseil, la Commission européenne et le Comité des régions. Après une première série d'auditions en décembre 2007 - qui ont conduit à l'élimination d'Amiens, Nice, Saint-Etienne et Strasbourg - le jury s'est rendu dans les quatre villes finalistes au début du mois de septembre. Le 15 septembre, il a auditionné à Paris (une demi-heure chacune) les représentants des quatre villes candidates - accompagnés des présidents des régions concernées -, avant d'arrêter son choix. La désignation de Marseille devra toutefois être entérinée de façon formelle lors d'un prochain Conseil des ministres de l'Union européenne, mais il s'agit là d'une simple formalité.
La cité phocéenne avait choisi de placer sa candidature sous l'intitulé "D'Europe et de Méditerranée", une thématique particulièrement bienvenue alors que la France relance le projet d'Union méditerranéenne. La candidature se voulait aussi celle de la Provence, puisqu'elle associe également, outre la région et le département, les villes d'Arles, Aubagne, Gardanne, Istres, Martigues, Salon-de-Provence et Toulon (mais pas la cité soeur d'Aix-en-Provence qui, fière de ses équipements culturels, s'est tenue ostensiblement à l'écart). Cette désignation récompense aussi la persévérance de Marseille, qui avait vu sa candidature écartée de plusieurs manifestations internationales (la dernière en date étant la Coupe de l'América).
La désignation comme capitale européenne de la culture représente, pour la ville retenue, des coûts très conséquents. On parle ainsi pour Marseille d'un investissement de l'ordre de 100 millions d'euros, qui pourrait d'ailleurs se révéler au final sensiblement supérieur. Une somme sans commune mesure avec la modeste subvention de 1,5 million d'euros attribuée par la Commission européenne à la ville sélectionnée. Mais le retour sur investissement est considérable. Lille 2004 - qui reste pour la France la référence en la matière - avait ainsi valu à la métropole nordiste 9 millions de visiteurs, la venue de plus de 4.500 journalistes et une image radicalement modernisée. Selon Martine Aubry, "Lille 2004 a fait gagner dix ans de notoriété à notre territoire".
Créé en 1985 à l'initiative de Mélina Mercouri - alors ministre grecque de la Culture - le titre de capitale européenne de la culture a connu des débuts discrets. Mais les collectivités ont rapidement vu le bénéfice qu'elles pouvaient tirer de ce label, engendrant dès lors une véritable compétition entre les villes candidates. De son côté, devant le succès de l'opération et l'augmentation du nombre de pays membres, l'Union européenne a pris le parti de désigner conjointement deux capitales chaque année. Marseille est la quatrième ville française à bénéficier de ce titre, après Paris en 1989, Avignon en 2000 et Lille en 2004. Les deux capitales actuelles sont Liverpool et Stavanger (Norvège). Elles seront suivies l'an prochain de Linz (Autriche) et Vilnius (Lituanie).
Jean-Noël Escudié / PCA