Tourisme - Malgré la crise, la saison d'hiver s'annonce bonne pour les stations françaises
La crise commence à faire sentir ses effets sur l'activité touristique. Selon l'étude publiée fin novembre par le cabinet spécialisé Protourisme, "pour la première fois depuis le début de l'année en cumulé sur les 10 mois, le solde des nuitées touristiques du tourisme hexagonal devient négatif". Pourtant, la saison d'hiver s'annonce favorable pour les stations touristiques françaises.
Ce paradoxe n'est toutefois qu'apparent et s'explique essentiellement par un transfert de clientèle. Ce sont en effet les intentions de départ à l'étranger qui diminuent, pour la première fois depuis la saison 2001-2002 : seuls 9% des Français envisagent un "séjour soleil d'hiver lointain", contre 10% l'an dernier. Les destinations les plus lointaines sont les plus touchées (avec une baisse qui pourrait atteindre 20%) et, en termes d'activité, cette évolution pénalise principalement les agences de voyages et les tours opérateurs, qui vivent principalement des séjours à l'étranger. Elle profite en revanche, par un effet report, aux stations françaises de sports d'hiver. L'étude de Protourisme estime ainsi que, malgré un moral qui "n'est pas au beau fixe du fait d'une crise économique, financière et d'un pouvoir d'achat en baisse", "le nombre de Français ayant l'intention de partir en vacances cet hiver reste stable comparé à l'hiver 2007/2008 qui était un très bon cru". Ainsi, 30% des Français ont l'intention de partir en vacances cet hiver pour un séjour de 4 nuits et plus. Plus de 80% d'entre eux déclarent vouloir choisir exclusivement la destination France. Parmi ces derniers, 40% des partants envisagent de passer leurs vacances à la montagne, dont la moitié dans le Massif Alpin. La région Rhône-Alpes, qui dispose du plus grand domaine skiable et de la plus grande capacité d'accueil dans les stations (1,25 million de lits), devrait donc être la grande gagnante de la saison d'hiver.
Si la tendance semble solidement installée, tout n'est cependant pas joué. Au 20 novembre, seuls 40% des Français déclarant vouloir partir cet hiver indiquaient avoir déjà effectué leur réservation. Les 60% restants retardent la démarche en espérant trouver des offres plus attractives. La recherche du meilleur rapport qualité/prix devient en effet une préoccupation croissante, alors que les partants font état d'un budget vacances en baisse de l'ordre de 5 à 10% et estiment les prix trop élevés d'au moins 10%.
Même si la bonne saison d'hiver se confirme, elle ne suffira sans doute pas à effacer la très mauvaise saison d'été (juin à octobre). La baisse de plus de 3% des nuitées hôtelières constatée sur cette période fait plus qu'annuler la hausse des nuitées observée en janvier et mai 2008, aboutissant à un solde négatif en cumulé depuis le début de l'année. Depuis juin, le chiffre d'affaires des établissements hôteliers enregistre ainsi une baisse de 5%.
Jean-Noël Escudié / PCA
