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Tourisme - Année record pour le domaine skiable, mais moins de retombées pour l'économie locale

Le cabinet Protourisme publie les résultats d'une étude sur la fréquentation des remontées mécaniques pour la saison d'hiver 2007-2008. Ceux-ci contrastent fortement avec la saison précédente, qui s'était révélée difficile pour les stations, faute d'un enneigement suffisant. Cette année, le chiffre d'affaires des stations devrait atteindre le montant record de 1,2 milliard d'euros, soit entre 25 et 30% de plus que l'an passé et environ 15% de plus que le précédent record de 2005-2006. Ce bon résultat couronne un effort exceptionnel de la part des opérateurs de remontées mécaniques, avec un milliard d'euros d'investissements en trois ans. En tenant compte des hausses de tarifs, le chiffre d'affaires 2007-2008 correspond à une fréquentation du domaine skiable supérieure à 55 millions de journées skieurs. Si la fin de saison se révèle exceptionnelle, celle-ci pourrait même dépasser le record des 56 millions de journées établi en 2005-2006. Conséquence : les nuitées des hébergements touristiques marchands ont progressé de 3% cette année, avec une hausse du chiffre d'affaires de 10% pour les hébergeurs (compte tenu d'une augmentation moyenne des tarifs de 7%).
Ces bons résultats sont néanmoins extrêmement concentrés. Le massif alpin représente ainsi 80% de la fréquentation des remontées mécaniques et 90% du chiffre d'affaires (dont près de 75% pour la seule région Rhône-Alpes). Toutes les stations alpines - petites, moyennes et grandes - affichent une fréquentation satisfaisante avec une part de marché en hausse, de même que celles du massif du Sancy (Auvergne). Mais il n'en va pas de même pour celles des Pyrénées et du Jura, qui ne récupèrent qu'environ la moitié des skieurs perdus l'an dernier.
Au-delà des aléas climatiques et des risques liés au réchauffement, l'étude insiste sur un certain nombre de sujets d'inquiétude. Tout d'abord, les Français ont tendance à raccourcir leurs séjours à la neige. La durée moyenne de ces séjours a diminué d'une journée en deux ans, sous l'effet de la contraction - réelle ou perçue - du pouvoir d'achat, mais aussi du choix de plus en plus marqué en faveur des destinations "soleil". Ces dernières ont très nettement la préférence des femmes, qui sont à l'origine de 70% des choix de destinations de vacances. La hausse de fréquentation des stations françaises est assurée par les touristes étrangers, qui représentent désormais 60% de la fréquentation du domaine skiable. Mais le principal sujet d'inquiétude réside dans l'évolution du parc de logements des stations, avec le phénomène de "sédentarisation". En d'autres termes, un nombre croissant de logements locatifs est transformé en résidences secondaires, avec des taux d'occupation beaucoup plus faibles et donc de moindres retombées sur l'économie locale. Selon l'étude de Protourisme, les lits "chauds" (hôtels, villages de vacances...) - occupés durant toute la saison - ont diminué en dix ans de 38.000 unités sur un total de 400.000 (-9,5%), tandis que les lits "froids" (résidences secondaires, meublés...) progressaient de 145.000 unités sur un total d'environ 1,6 million (+9%). Sachant qu'en 2008 un lit "chaud" est sept fois plus occupé qu'un lit "froid" - alors que ce ratio n'était que de cinq en 1998 -, ce glissement du parc de logements se traduit par une perte de deux millions de nuitées pour l'économie locale.

 

Jean-Noël Escudié / PCA

 

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