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Tourisme - Le réchauffement climatique pourrait "fortement affecter" l'économie du ski

La médiocre saison de ski 2006-2007, particulièrement dans les stations de ski des Pyrénées, a déjà conduit l'Association nationale des élus de montagne (Anem) et l'Association nationale des maires des stations de montagne (ANMSM) à s'inquiéter des conséquences de l'évolution du climat. Mais le déficit d'enneigement constaté cette année pourrait bien n'être qu'un signe avant-coureur. Alors que le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) vient de rendre public les conclusions alarmistes de son rapport commandé par l'ONU, la revue M@ppemonde, éditée avec le concours du CNRS, publie un article intitulé "Changement climatique et domaines skiables : simulation en Savoie et Haute-Savoie à l'horizon 2015". L'étude, menée par un chercheur de l'université de Genève, repose sur une simulation informatique des probabilités d'enneigement de l'ensemble des stations de ces deux départements, qui concentrent les trois quarts des emplois et du chiffre d'affaires annuel total de l'économie du ski française. Les hypothèses retenues pour les simulations climatiques reposent sur des standards et des recommandations fournies par le Giec et, plus précisément, sur le scénario médian élaboré par les experts (scénario A1B).
Les perspectives à l'horizon 2015 varient fortement selon la période de l'année, l'altitude et le positionnement géographique des différents domaines skiables. Elles font néanmoins toutes apparaître une diminution de la probabilité d'enneigement. Le domaine skiable de Bonneval-sur-Arc verrait ainsi cette probabilité diminuer dans une proportion de l'ordre de 85% à 65%. En cœur de saison (janvier et février) certains domaines comme Thollon-Les Mémises ou Bernex n'auraient une garantie de neige que de l'ordre de 30%. D'autres seraient également fragilisés, avec une probabilité aux alentours de 50% : Morzine, Bellevaux ou Châtel. Le réchauffement aurait également des effets très sensibles en fin de saison. La situation deviendrait délicate dès le début du mois de mars pour les domaines de moyenne montagne. L'étude estime que l'"on peut raisonnablement considérer que la saison potentielle pour ces domaines se déroulera entre le mois de décembre et la fin février", soit une perte d'environ un mois par rapport à la saison actuelle dans ces stations. Même les grands domaines d'altitude de la Tarentaise verraient leur potentiel d'exploitation diminuer fortement au mois de mars. L'activité demeurerait envisageable sur les parties supérieures des domaines, mais sans doute sans possibilité de retour skis aux pieds.

 

Jean-Noël Escudié / PCA