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Tourisme - Saison touristique : les gagnants et les perdants de l'été

Il y a encore deux mois, la plupart des professionnels envisageaient avec confiance la saison d'été. Le baromètre TNS Sofres réalisé à la fin du mois de juin pour Odit France et le secrétariat d'Etat chargé du tourisme faisait ainsi apparaître des professionnels plutôt optimistes (voir notre article ci-contre : "La saison d'été devrait être relativement bonne"). Mais la tendance annoncée s'est progressivement inversée. Après un mois de juillet mitigé, août a confirmé le ralentissement.
Le cabinet d'études Protourisme publie les résultats d'une étude réalisée entre le 9 et le 20 août auprès d'un échantillon de 600 opérateurs regroupant plus d'un million de lits. Ceux-ci révèlent "une saison d'été décevante", avec un recul de 2% des nuitées marchandes sur l'ensemble de la France (fréquentation de juillet à mi-août avec état des réservations pour la dernière quinzaine d'août). Selon les responsables du cabinet, les résultats définitifs pourraient même s'établir à -3%. Ce recul d'ensemble de la fréquentation recouvre toutefois des situations géographiques très contrastées. Payant sans doute la mauvaise météo des dernières saisons, l'Ouest est ainsi le grand perdant de la saison 2008, avec des baisses de 5% dans l'arrière-pays du Grand Ouest, de 4% sur le littoral du Grand Ouest, de 3% sur toute la côte atlantique et sur le Grand Sud-Ouest hors littoral. D'autres régions sont également en recul, comme Rhône-Alpes Montagne (-4%), le Massif Central (-2%), l'arrière-pays languedocien (-2%), l'ensemble Corrèze-Périgord-Quercy (-2%), le Grand Est (-2%), l'arrière-pays provençal (-1%) et le Centre (-1%). Pour sa part, la Bourgogne reste stable. Côté gagnants, on trouve à l'inverse la Méditerranée (+4% sur la Côte d'Azur et en Corse et +2% sur le littoral du Languedoc-Roussillon), le Nord-Pas-de-Calais (+3%, grâce à l'effet Ch'tis ?) et les zones urbaines (+1% en Ile-de-France et dans le Lyonnais et le bassin rhodanien). De façon générale, les grandes villes tirent bien leur épingle du jeu avec des fréquentations en hausse à Paris, Marseille, Bordeaux, Nantes ou Strasbourg.
Malgré ces chiffres globalement décevants - en dépit d'une meilleure fréquentation au mois d'août -, la saison est loin de s'afficher totalement négative. Selon Protourisme, le chiffre d'affaires de l'industrie touristique devrait en effet progresser de plus de 3% cet été. Cet apparent paradoxe s'explique par la propension des vacanciers, depuis plusieurs années, à choisir les hébergements les plus qualitatifs. Ces derniers bénéficient d'un accroissement de leur fréquentation de 2% en moyenne, tandis que les hébergements les moins qualitatifs (1 et 2 étoiles et assimilés) reculent de près de 5%. Le succès croissant des grands parcs de loisirs, qui affichent pour la plupart une progression à deux chiffres, contribue également à la hausse globale du chiffre d'affaires touristique. Enfin, la progression des clientèles étrangères (en provenance notamment d'Europe, d'Amérique latine et d'Asie) compense la réduction de la durée de séjour des vacanciers français.
En termes d'acteurs touristiques, les différentes formes d'hébergement marchand - et notamment les hôtels - affichent une activité globalement satisfaisante, malgré la baisse de la durée moyenne des séjours. En revanche, la réduction par les vacanciers français des dépenses jugées superflues est durement ressentie par les bars-restaurants, les boutiques de cadeaux-souvenirs et les opérateurs de prestations annexes payantes au séjour touristique.

 

Jean-Noël Escudié / PCA