Tourisme - Dans les stations de Rhône-Alpes, la neige retrouve des couleurs
Rhône-Alpes Tourisme (le comité régional du tourisme) et la délégation régionale au tourisme publient une étude exhaustive sur "La fréquentation touristique de l'hiver 2007-2008". Avec l'Isère, la Savoie et la Haute-Savoie, la région concentre en effet la part la plus importante du domaine skiable français et le plus grand nombre de stations (1,25 million de lits). Les résultats de l'étude, qui se fondent sur les chiffres définitifs de la dernière saison, confirment la tendance nationale relevée il y a quelques mois : après des années de morosité, la saison d'hiver 2007-2008 restera comme un excellent cru (voir nos articles ci-contre).
Sur la région Rhône-Alpes, la fréquentation progresse de 4%, pour atteindre 44,7 millions de nuitées. Ce bon résultat succède à une très mauvaise année 2006, qui venait elle-même après cinq années d'une décrue continue. Cette progression recouvre toutefois des écarts importants entre les trois départements concernés. Le grand gagnant est la Savoie qui, avec une hausse de fréquentation de +5%, obtient son meilleur résultat depuis 15 ans. La Haute-Savoie progresse pour sa part de 3% et l'Isère seulement de 1%. Sur le moyen terme, la Savoie - qualifiée par l'étude de "locomotive de la fréquentation touristique du périmètre à neige des Alpes-du-Nord" - connaît une progression logarithmique annuelle moyenne de 0,8%, tandis que la Haute-Savoie et l'Isère connaissent au contraire une tendance à la baisse, avec respectivement -0,8% et -0,3% en moyenne annuelle. La progression globale de 4% observée sur la saison 2007-2008 recouvre également des contrastes très importants en termes de périodes : +6% pour les vacances de Noël, +8% pour l'"inter-vacance" du 5 janvier au 8 février 2008, -2% pour les vacances de février, +35% pour l'"inter-vacance" du 8 mars au 4 avril (dont le week-end de Pâques du 21 au 24 mars) et -23% pour les vacances de Pâques (très tardives en 2008). En termes de flux, les mois de plus forte fréquentation sont février, mars et janvier.
Cette embellie doit beaucoup à la météo. Après des années de faible enneigement, les stations des Alpes-du-Nord ont bénéficié en 2007-2008 d'un indice de skiabilité de 9,4 (rapport entre la surface des pistes effectivement ouvertes et la surface totale des pistes d'une station). Mais les problèmes de fond et les défis à relever restent entiers pour pérenniser ce bon résultat. Ceux-ci sont bien identifiés. Ils concernent notamment le vieillissement des stations françaises - et les rénovations qu'il suppose - et le raccourcissement des séjours de touristes français. S'y ajoutent deux phénomènes de portée plus large. Le premier, qui caractérise l'ensemble du tourisme français, réside dans un niveau de dépenses par touriste inférieur à celui atteint dans les principaux pays concurrents (en d'autres termes, la difficulté à pousser les touristes à dépenser davantage). Le second phénomène est le réchauffement climatique. S'il se confirme, celui-ci pourrait remettre en cause la survie des stations de basse et moyenne montagne.
Jean-Noël Escudié / PCA