Archives

Tourisme - Hervé Novelli ne voit pas venir la crise, l'OMT s'y prépare

Le secrétaire d'Etat chargé du commerce, de l'artisanat, des petites et moyennes entreprises, du tourisme et des services avait promis, le 29 juin dernier, une saison d'été "relativement bonne" (voir notre article ci-contre). A l'occasion de la présentation, le 30 octobre, du bilan de l'activité touristique estivale 2008 et des perspectives pour l'automne, Hervé Novelli a estimé que les faits lui ont donné raison, même si le "relativement" n'a cessé de prendre du poids au fil des mois. Selon lui, "la stabilité annoncée de l'activité touristique est confirmée pour l'été 2008", avec une augmentation de 0,2% au mois de juillet, de 0,4% en août et une baisse de 0,8% en septembre.
Cette stabilité globale recouvre toutefois des écarts importants selon les types d'hébergement. Ainsi, la fréquentation a progressé dans les campings en juillet-août (+1,3% pour chacun des mois), alors que celle de l'hôtellerie est restée stable en juillet et a reculé de 2% en août. Sur septembre, on observe à nouveau un net recul de l'hôtellerie de tourisme (entre -2 et -3%), une baisse d'activité dans les locations meublées (entre -1% et 0), une quasi stabilité dans l'hôtellerie de plein air (entre 0 et +1%) et une progression dans les résidences de tourisme et les villages de vacances (entre +1 et +2%). 
La majorité des professionnels du tourisme déclarent pour septembre une activité stable ou en légère progression, à l'exception des restaurateurs (53% de déclarations de baisse d'activité par rapport à septembre 2007) et des hôteliers (43% de déclarations de baisse d'activité). Hervé Novelli explique toutefois les résultats médiocres de septembre 2008 par le caractère exceptionnel de septembre 2007, qui avait bénéficié à la fois d'une très bonne météo et du début de la Coupe du monde de rugby.
Le secrétaire d'Etat affiche un certain optimisme pour le dernier trimestre 2008. Il relève ainsi des "perspectives encourageantes pour octobre", tout en admettant que "pour l'hébergement, certains grands groupes peuvent être pessimistes". Ainsi, la part des professionnels déclarant s'attendre à une stabilité ou à une hausse de leur activité est de 76% pour les loueurs de logements individuels, 68% pour les loueurs de résidences collectives, 61% pour les hôteliers et gérants de campings et 56% pour les restaurateurs.
Par ailleurs, le tourisme d'affaires ne semble pas encore touché par le nouveau contexte économique et, selon France Montagne, la crise n'a pas - à ce jour - d'impact sur les réservations et sur l'économie des sports d'hiver. Enfin, après des années de difficultés, les parcs de loisirs s'annoncent comme les grands gagnants de la crise économique, avec une activité en forte hausse depuis plusieurs mois.
Cet optimisme prudent du secrétaire d'Etat au Tourisme contraste avec le fort courant de pessimisme qui s'est installé au sein de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT). Lors de la 84e session de son conseil exécutif, le 15 octobre, l'OMT a ainsi indiqué que "le groupe d'experts du Baromètre OMT du tourisme mondial, qui, jusqu'à présent, jugeait bonne la situation du secteur, donne maintenant des signes de perte de confiance pour ce qui est des perspectives à court terme". Le conseil exécutif a donc décidé de constituer un "Comité de relance du tourisme, ouvert à tous les membres de l'Organisation, secteurs public et privé confondus". Quelques jours plus tard, lors du 6e Forum international sur le tourisme pour les parlementaires et les autorités locales, organisé à Cébou (Philippines) du 22 au 24 octobre, les participant ont adopté à l'unanimité une résolution demandant au "secrétaire général de charger le Comité de relance du tourisme [...] de l'OMT de porter d'urgence son attention sur toutes les mesures appropriées susceptibles d'aider les pays concernant les répercussions négatives que la crise financière actuelle risque d'avoir sur leurs activités touristiques".

 

Jean-Noël Escudié / PCA