Archives

Logement social - Livret A : après la banalisation, la revalorisation

Intervenant le 16 juillet sur BFM, Christine Lagarde a annoncé "que le livret A, qui est un outil très populaire d'épargne pour de très nombreux Français, va passer à compter du 1er août au taux de 4%", le plus élevé depuis douze ans. Dans un contexte général de hausse des taux, la revalorisation est ainsi de 0,5 point. Il s'agit là de l'effet mécanique du mécanisme d'ajustement du taux du livret A, sans coup de pouce particulier pour les épargnants. L'annonce de cette hausse est toutefois bienvenue pour le gouvernement, alors qu'Assemblée nationale et Sénat viennent d'achever la première lecture du projet de loi de modernisation de l'économie (LME), qui étend la distribution du livret A à l'ensemble des réseaux bancaires.
Si les titulaires des 46 millions de livrets A et des 6 millions de livrets Bleu en circulation apprécieront cette remontée de la rémunération de leur épargne (124,7 milliards d'euros d'encours à la fin du premier trimestre 2008), il n'en va pas nécessairement de même pour les organismes HLM et, indirectement, pour leurs locataires. Côté positif, la revalorisation du taux de rémunération pourrait doper la collecte de fonds, accélérant ainsi la tendance observée depuis plusieurs mois. En mai 2008, les Français ont ainsi déposé 148,7 millions d'euros supplémentaires sur leurs livrets A, soit une hausse de 9% en six mois. Les inquiétudes devant la montée des périls économiques, la revalorisation du taux de rémunération (qui était encore de 3% en janvier) et - dans quelques semaines - l'impact de l'action commerciale des banques (même si la généralisation n'interviendra pas avant le 1er janvier 2009) pourraient conjuguer leurs effets pour faire de 2008 une année faste pour la collecte des fonds destinés au financement du logement social. Côté négatif, les organismes HLM s'inquiètent du possible renchérissement du coût du crédit. Selon l'Union sociale pour l'habitat (USH) - qui regroupe 820 organismes HLM et gère 4 millions de logements -, la hausse de la rémunération du livret A devrait se traduire par une augmentation de la dette de ses adhérents auprès de la Caisse de Dépôts durant les deux prochaines années à hauteur de 335 millions d'euros. Les organismes HLM pourraient être contraints de répercuter ces surcoûts sur leurs locataires, s'ils veulent conserver leurs marges de manoeuvre pour investir dans la construction de logements neufs ou la réhabilitation.
Le gouvernement se veut toutefois rassurant. Christine Lagarde a en effet indiqué que la banalisation du livret A permettra "de réduire les commissions qui étaient payées aux banques qui commercialisaient l'outil, et ça va garantir le financement du logement social". La rémunération des banques devrait passer progressivement de 1,12% à 0,6%. Mais ceci ne devait pas suffire à compenser la hausse d'un point du taux de rémunération du livret A depuis février 2008.

 

Jean-Noël Escudié / PCA

 

Référence: arrêté modifiant le règlement 86-13 du 14 mai 1986 modifié du Comité de la réglementation bancaire et financière relatif à la rémunération des fonds reçus par les établissements de crédit (à paraître au JO avant le 1er août).