Lutte contre l'exclusion - L'Etat au secours des 729 épiceries solidaires
Marie-Arlette Carlotti, la ministre déléguée chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l'exclusion, annonce le déblocage de 8,2 millions d'euros afin de maintenir le financement des épiceries solidaires pour l'année 2014. Celles-ci sont en effet menacées par la mise en place du nouveau Fonds européen d'aide aux plus démunis (Fead). La création de ce dernier - obtenue après de multiples polémiques, en vue de préserver l'aide alimentaire européenne (voir nos articles ci-contre) - fait aujourd'hui consensus, dans la mesure où elle garantit le maintien d'un financement européen de l'aide alimentaire européenne à hauteur de 3,5 milliards d'euros sur sept ans.
Pas d'aide européenne sans gratuité
Mais le règlement du fonds prévoit que les structures d'aide alimentaire bénéficiant d'un financement doivent distribuer les denrées gratuitement. Or le modèle des épiceries sociales, très développées en France, prévoit une participation des bénéficiaires, même symbolique (entre 10% et 30% de la valeur réelle des produits). Selon la pétition que font circuler les épiceries sociales, "pour de nombreux publics précarisés, la participation symbolique est un facteur essentiel de dignité et d'autonomie. C'est l'un des principaux outils d'insertion sociale mis en œuvre par plus de 600 épiceries sociales et solidaires en France".
Les épiceries sociales se considèrent comme "actrices d'un véritable accompagnement social des personnes" et "travaillent en partenariat étroit avec les collectivités territoriales". Elles développent aussi "des dispositifs innovants, en matière d'insertion professionnelle et de soutien à l'économie locale (circuits courts, achats locaux)".
Une aide en deux parties
Compte tenu de leur rôle dans les dispositifs d'insertion, l'Etat ne pouvait rester indifférent aux difficultés des épiceries sociales et solidaires engendrées par l'interruption des aides européennes. "Avec le soutien du ministre délégué chargé du Budget", Marie-Arlette Carlotti a donc débloqué une aide directe de l'Etat, sur les crédits de la mission "Solidarité".
Bien que le communiqué du ministère soit assez confus et présente des chiffres contradictoires, cette aide devrait prendre deux formes. D'une part, une allocation de 7,755 millions d'euros aux quatre réseaux gestionnaires d'épiceries sociales : Fédération française des banques alimentaires, Croix-Rouge française, Association nationale de développement des épiceries solidaires et Imagine 84. D'autre part, la mise à disposition d'une enveloppe de 7,6 millions d'euros aux services déconcentrés de l'Etat, "qui sont un soutien local précieux aux associations de lutte contre l'exclusion et la précarité alimentaire".