Culture - Les scènes publiques seront évaluées sur leurs résultats
Dans la lettre de mission qu'il lui a adressée le 1er août dernier, Nicolas Sarkozy demandait à Christine Albanel, la ministre de la Culture et de la Communication, de "veiller à ce que les aides publiques à la création favorisent une offre répondant aux attentes du public". Pour cela, les conditions d'attribution des aides devront être réformées "en créant des commissions indépendantes d'attribution associant des experts, des artistes et des représentants du public", en fixant des obligations de résultat et en exigeant "de chaque structure subventionnée qu'elle rende compte de son action et de la popularité de ses interventions". Cette demande présidentielle, qui avait fait grincer quelques dents dans les milieux culturels, est en voie de se concrétiser. Le ministère de la Culture se prépare en effet à engager, dès le mois d'octobre, une concertation avec l'ensemble des acteurs du spectacle vivant. Celle-ci débutera par des contacts individuels avec les différentes scènes nationales - à Paris et en province -, avant de se transformer en une réflexion collective.
Cette démarche poursuit un double objectif. Le premier répond à la volonté des pouvoirs publics d'intégrer à l'évaluation des scènes publiques des critères relatifs à l'élargissement et la fidélisation des publics, aujourd'hui limités à des catégories socioprofessionnelles bien spécifiques. Dans un entretien à l'AFP, le 13 septembre dernier, la ministre de la Culture avait ainsi fait part de son souhait de "retrouver des marges [et] pas seulement être dans un coin et signer des chèques". D'autre part, cette concertation devrait déboucher sur une remise à plat des aides au spectacle vivant. Le ministère de la Culture et ses services extérieurs gèrent en effet aujourd'hui un ensemble d'une quinzaine de dispositifs, le plus souvent dédiés à une forme particulière de spectacle.
Les nouvelles relations entre l'Etat et les scènes nationales passeraient par la généralisation des contrats d'objectifs, qui ne concernent aujourd'hui que la moitié des centres chorégraphiques, le tiers des scènes nationales et un seul théâtre national (celui de Strasbourg). Les collectivités territoriales devraient être invitées à adopter une approche similaire dans les relations qu'elles entretiennent avec les scènes publiques. Echaudés par les vives critiques formulées, au début de 2007, par la mission d'appui à la modernisation de l'Etat à l'encontre de la politique de soutien au spectacle vivant, les milieux concernés ne devraient pas tarder à faire connaître leurs réactions.
Jean-Noël Escudié / PCA
Une juxtaposition d'aides
La direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles (DMDTS) du ministère de la Culture met en oeuvre une quinzaine de dispositifs d'aide au spectacle vivant. Certains d'entre ont un caractère transversal, comme le soutien à des artistes et à des équipes artistiques dans le cadre de résidences ou l'aide pour la création multimédia. Mais la plupart répondent à une logique sectorielle. Il existe ainsi des aides spécifiques pour la musique, la danse et le théâtre, mais aussi pour les autres formes de spectacle vivant comme les arts de la rue et ceux de la piste, sans oublier les aides à l'équipement. Le seul domaine des arts de la piste bénéficie de trois aides distinctes : à la création, à l'itinérance et à la résidence. Mais il peut aussi compter sur des dispositifs à vocation plus large, comme les "aides aux dramaturgies non exclusivement textuelles".