Culture - Spectacle vivant : les départements réaffirment leur rôle
En plein festival d'Avignon et au lendemain de l'arrivée chahutée du ministre de la Culture venu célébrer "60 années de décentralisation théâtrale", une importante convention en faveur du spectacle vivant a été signée entre l'Assemblée des départements de France (ADF) et le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac). Le Syndeac représente la majorité des établissements subventionnés - par l'Etat ou par les collectivités - liés à la création, la production ou la diffusion de spectacles vivants : théâtres nationaux, centres dramatiques, centres chorégraphiques nationaux, scènes nationales, compagnies dramatiques ou chorégraphiques, ensembles musicaux...
Intitulé "Convention des 102", cet accord entend tout d'abord "officialiser une réalité" peut-être pas toujours très visible : le fait que les 102 départements "s'impliquent dans le spectacle vivant", comme le souligne l'ADF. Il engage aussi les signataires à faire plus et mieux, autour de deux grands axes : les actions en faveur de la création et de la diffusion d'une part, celles en faveur de l'emploi dans le spectacle vivant d'autre part. "C'est un acte fort", assure Claudy Lebreton, le président de l'ADF, expliquant que l'idée de cette convention est née il y a un an, également à Avignon, lors d'une rencontre entre le Syndeac et les grandes associations d'élus locaux.
"La culture fait toujours débat"
Pour l'heure, cet accord semble plus proche d'une déclaration de principe que d'un programme de travail concret. Il "laisse les départements libres de faire ce qu'ils veulent", note en effet Claudy Lebreton. Selon lui, il s'agit plutôt de permettre aux départements les plus en pointe de jouer un rôle de "locomotive" et de parvenir à "une plus grande cohérence entre les politiques culturelles des départements".
"Contrairement à d'autres sujets, tels que celui des routes par exemple, qui fait généralement consensus, celui de la culture fait toujours débat au sein de chaque assemblée départementale. Des choix politiques sont en jeu, des différences sensibles s'opèrent d'un département à l'autre", estime le président de l'ADF. Il poursuit : "La culture, l'art, le spectacle vivant, est une compétence partagée. Les départements interviennent le plus souvent en accompagnement des interventions de l'Etat et des autres niveaux de collectivités, notamment des villes ou agglomérations. Mais certains choisissent d'aller plus loin."
"Y voir un peu plus clair"
Au-delà de la convention signée le 18 juillet, l'ADF et le Syndeac ont convenu de créer une commission paritaire commune aux deux institutions. Cette nouvelle instance tâchera de poursuivre la réflexion amorcée, de "faire des propositions aux autres partenaires, dont l'Etat" ou encore de travailler à l'évolution des textes réglementaires. La tenue d'une rencontre nationale annuelle a également été décidée.
"Depuis 25 ans, les politiques territoriales ont largement contribué au dynamisme de la vie culturelle. Mais le temps est sans doute venu de faire un bilan, d'y voir un peu plus clair, voire d'y mettre un peu d'ordre", résume Claudy Lebreton, évoquant des clarifications entre les interventions de l'Etat et celles des collectivités, mais aussi entre les collectivités elles-mêmes. Selon lui, le Syndeac met lui aussi l'accent sur la nécessité d'une "bonne gouvernance" des politiques et des aides en faveur du spectacle vivant mais reste finalement "très attaché aux financements croisés". Bien d'autres questions de fond se posent, entre autres en matière de diffusion, à un moment où l'on constate malgré tout "une certaine stagnation des publics".
C.Mallet