Culture - Vive polémique sur le soutien au spectacle vivant
Dans le cadre des audits de modernisation de l'Etat, l'Inspection générale des finances (IGF) vient de publier un rapport consacré aux modalités d'attribution et de suivi des crédits d'intervention en faveur du spectacle vivant. Ces subventions, qui représentent environ 344 millions d'euros dans la loi de finances pour 2007, ont progressé de 12,22% entre 2000 et 2005, soit une hausse nettement supérieure à celle de l'ensemble des crédits d'intervention du ministère sur la même période (+2,2%). Le rapport se montre particulièrement sévère sur la gestion de cette enveloppe. Il dénonce ainsi la forte dispersion de ces crédits en nombre de subventions gérées, doublée d'une forte concentration en termes de montant de l'aide financière : 11% des subventions absorbent 67% de l'enveloppe, tandis que 15% des subventions affichent un montant inférieur à 5.000 euros, ce qui s'apparente à un "saupoudrage". L'audit pointe également la faiblesse de l'encadrement juridique. Selon elle, "plus de 35% du montant des aides allouées en 2005 en crédits déconcentrés ne s'appuient sur aucun texte réglementaire spécifique et ne donnent lieu à aucun suivi particulier". Elle s'inquiète aussi de la déconnexion entre les aides de l'Etat et celles des collectivités territoriales en constatant que, selon les cas et sans véritable logique d'aménagement du territoire, "l'Etat accompagne l'effort consenti par les collectivités territoriales, compense la faiblesse de leur apport, ou se repose sur leur engagement". Une analyse confortée par la Direction du budget qui, dans sa réponse annexée au rapport, s'empresse d'ajouter que "le constat dressé sur la relative absence d'analyse stratégique préalable à la distribution des crédits déconcentrés, sur l'inexistence fréquente de règles d'attribution des subventions, ou encore sur les fortes disparités entre les régions rejoint l'analyse de la Direction du budget".
Le contenu du rapport et la lettre de réponse du ministère des Finances ont fait bondir le ministre de la Culture. Interrogé par le quotidien Le Monde, Renaud Donnedieu de Vabres se montre catégorique : "Je refuse totalement les conclusions de ce rapport. Si l'intention souterraine est de remettre en cause des crédits, alors Bercy trouvera le ministre en travers du chemin !" Rappelant que "la culture est essentielle pour l'attractivité d'un territoire", le ministre réfute vigoureusement les accusations de saupoudrage. Après les tensions récurrentes durant les périodes d'arbitrages budgétaires, cet épisode est une nouvelle illustration des relations tendues entre Bercy et la rue de Valois.
Jean-Noël Escudié / PCA