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Développement - Les régions prônent un aménagement du territoire décentralisé

Une nouvelle politique d'aménagement du territoire décentralisée. Une politique qui tienne compte des besoins spécifiques des territoires classés en six catégories. C'est ce que propose René Souchon, président du conseil régional d'Auvergne et président de la commission Aménagement du territoire de l'ARF.

Après avoir lancé le débat sur l'acte III de la décentralisation, la semaine dernière, l'Association des régions de France (ARF) avance ses propositions pour rénover la politique d'aménagement du territoire. Une politique qui se veut décentralisée et qui repose sur un postulat : "Donner à l'ensemble des territoires ce dont ils ont besoin pour se développer à travers des politiques très différenciées." C'est la vision de René Souchon, dans un document présenté à l'ARF, le 13 avril. Selon le président du conseil régional d'Auvergne, également président de la commission Aménagement du territoire de l'ARF, la politique  mise en place dans les années 1970 pour corriger les effets du développement envisagé après-guerre, s'essouffle dans le nouveau contexte mondialisée. Globalisation, ouverture, vieillissement, mobilités géographiques accélérées, montée en puissance du développement numérique, risques écologiques sont autant d'évolutions auxquelles les territoires, dans leur diversité, ont à faire face.
Ajoutés à cette nouvelle donne, la réduction du rôle de l'Etat, les nouveaux arbitrages financiers, et l'existence de centres décisionnels éclatés (Europe, Etat, collectivités territoriales) "complexifient une vision cohérente du territoire et de ses dynamiques et nécessitent de passer d'une logique de planification à une logique systémique prenant en compte les projets et leurs acteurs". Une logique où chaque territoire bénéficie d'un traitement spécifique. Six types de territoires sont ainsi identifiés : les espaces à conforter en termes d'attractivité, les espaces à dominante rurale, les territoires à très forte poussée démographique, les espaces périurbains, les banlieues et les quartiers difficiles et les espaces transfrontaliers.
Pour chacun d'eux, René Souchon propose des solutions adaptées. "Ces zones ont des besoins spécifiques. Pour les banlieues par exemple, il n'y a jamais eu une vision d'ensemble au sein des politiques d'aménagement du territoire", insiste René Souchon, qui préconise pour ces zones-là d'engager un "véritable plan : équipements collectifs, transports et désenclavement, mais aussi destruction des barres et relogement des habitants avec une réorganisation de la vie des quartiers", dans le cadre d'un partenariat "robuste" entre l'Europe, l'Etat et les collectivités territoriales.

Limiter l'étalement urbain

Concernant les territoires ruraux, autres besoins, autres réponses. Alors qu'ils couvrent 70% du territoire national, abritent moins du cinquième de la population française et connaissent un renouveau démographique, René Souchon estime qu'il faut conforter les bourgs-centres et les petites villes, qui sont les premiers "pôles de centralité" offrant un panel de services (santé, commerces). "Il convient sur ces territoires de développer des emplois de l'économie résidentielle et présentielle. Parallèlement il est préférable de ne pas s'acharner à maintenir l'infrastructure tertiaire des villages et engager une réflexion sur le fonctionnement mutualisé des services afin d'en diminuer les coûts", précise le document. Autres actions à engager pour ces territoires : créer des actions productives, renforcer les liens de ces espaces avec les villes moyennes et les capitales régionales "en s'appuyant sur un aménagement numérique performant", prévenir les conflits quant à la gestion de l'espace et valoriser les espaces de montagne.
Le président du conseil régional d'Auvergne analyse aussi l'évolution des métropoles, leurs atouts et leurs contraintes. Pour l'Ile-de-France par exemple, qui assure à elle seule près de 30% du PIB national et apparaît comme l'une des six régions les plus riches de l'Union européenne, René Souchon estime qu'il faut renforcer son caractère moteur tout en limitant "un étalement sans fin de l'agglomération" pour éviter les problèmes induits par son positionnement (congestion, hausse des prix du logement, dégradation environnementale). "C'est la première fois que, dans une politique d'aménagement du territoire, on pense à l'Ile-de-France pour dire qu'il faut qu'elle arrête de grossir", souligne-t-il. Même traitement pour les autres métropoles comme Lyon, Marseille-Aix, Lille, Toulouse, Bordeaux, Nice et dans une moindre mesure Nantes et Strasbourg : poursuivre le développement initié, mais éviter que ces métropoles s'étendent à l'infini...

Huit axes thématiques

La lutte contre l'étalement urbain fait d'ailleurs partie des huit axes thématiques* qui doivent servir d'ossature à cette nouvelle politique d'aménagement du territoire. Le président du conseil régional d'Auvergne insiste davantage sur l'une d'entre elles, le numérique, estimant que "depuis le chemin de fer, on n'a jamais eu un tel levier pour développer les territoires". En termes de gouvernance, le document est clair : "Cette vision renouvelée de l'aménagement du territoire doit être portée par les régions mais pas seulement." Il imagine ainsi plusieurs outils pour mettre en place une nouvelle gouvernance : une coordination entre les politiques européenne et nationale, la création d'un observatoire de l'ensemble des territoires qui puisse avoir une vision des territoires à trente ou quarante ans, et une organisation régionale basée sur des observatoires régionaux du développement du territoire. René Souchon va également proposer que les régions organisent une fois par an une conférence nationale de l'aménagement du territoire. Si le texte principal est déjà passé dans les mains de l'ARF, l'élu compte présenter ses pistes de meilleure gouvernance le 23 juin à la commission Aménagement du territoire de l'ARF, pour un passage par la suite à l'assemblée générale de l'association. "Tout ça doit s'inclure dans l'acte I de la décentralisation, précise-t-il, avec un rôle plus important des régions."

Emilie Zapalski

*Les huit axes thématiques sont les suivants : maîtrise de l'étalement urbain, développement des politiques de logement et de mixité sociale, préférence au transport collectif, relance des politiques d'industrialisation et de service à l'industrie, soutien aux économies alternatives et à l'économie dite verte, développement du très haut débit, préservation de la biodiversité, soutien et renforcement des services.

 

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