Les propositions de France urbaine au gouvernement pour relancer le tourisme dans les métropoles
Sollicitée par le gouvernement dans le sillon de l'appel présidentiel à une "réinvention du modèle" touristique français à l'horizon de cinq ans, France urbaine a remis le 11 octobre un document intitulé "Plan de reconquête et de transformation touristique – Les territoires urbains s'engagent". Des propositions articulées autour de quatre axes : le tourisme durable et responsable, le tourisme d'affaires, l'emploi et les compétences, l'hébergement touristique.
Les territoires urbains, et tout particulièrement Paris et les grandes métropoles, ont été les plus touchés par les effets de la crise sanitaire sur l'activité touristique. Contrairement aux autres territoires – comme le littoral ou les zones rurales – ils n'ont pas vraiment bénéficié de la reprise observée durant les étés 2020 et 2021 et sont restés largement à l'écart de l'appétence retrouvée des Français pour la destination France (voir notre article du 31 août 2021). Sollicitée, avec les autres associations de collectivités, par Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d'État chargé du tourisme, et Alain Griset, le ministre délégué chargé des PME, France urbaine a donc remis, le 11 octobre, ses propositions sous la forme d'un document intitulé "Plan de reconquête et de transformation touristique – Les territoires urbains s'engagent".
Quatre grandes thématiques
Cet intitulé reprend celui du plan esquissé par Emmanuel Macron en juin dernier, lors de son déplacement dans le Lot consacré à la reprise de l'activité touristique (voir notre article du 3 juin 2021). Le chef de l'État appelait alors à une "réinvention du modèle" touristique français à l'horizon de cinq ans. Celle-ci a d'ailleurs commencé à se traduire en actes avec, par exemple, la création d'Alentour, la première plateforme touristique française, lancée par la Banque des Territoires et destinée à faire contrepoids aux grandes plateformes anglo-saxonnes du secteur (voir notre article du 30 septembre 2021).
La contribution de France urbaine traite successivement de quatre grandes thématiques : le tourisme durable et responsable, le tourisme d'affaires, l'emploi et les compétences, l'hébergement touristique. Celles-ci, qui répondent à une approche sectorielle, recouvrent pour partie seulement les cinq thèmes, plus transversaux, retenus par Jean-Baptiste Lemoyne et Alain Griset pour la concertation sur le plan de reconquête du tourisme, lancée le 8 juillet dernier à Châtelaillon-Plage (Charente-Maritime) : amélioration de la formation et de l'attractivité des métiers du tourisme ; valorisation du patrimoine vert, naturel et culturel ; montée en qualité de l'offre ; renforcement de l'investissement dans les infrastructures et accélération de la numérisation du secteur.
Les quatre thèmes retenus par France urbaine sont toutefois assortis d'un préalable commun : "que le tourisme urbain fasse l'objet d'une reconnaissance particulière dans le plan de reconquête touristique et ne soit plus dilué voire occulté par les priorités données récemment au tourisme de montagne ou au tourisme rural".
Tourisme durable et responsable : les métropoles aussi
Sur le tourisme durable et responsable, France urbaine est bien sûr loin d'être la seule organisation à s'exprimer. Tout récemment, ADN Tourisme – qui fédère les offices et comité du tourisme communaux, intercommunaux, départementaux et régionaux – vient ainsi d'adopter un "Manifeste pour un tourisme responsable" (voir notre article du 5 octobre 2021). France urbaine formule toutefois quatre propositions spécifiques. Il est ainsi proposé de mettre en place un volet touristique dédié au sein du dispositif Cit'ergie / Économie circulaire – récemment rebaptisé "Territoire engagé transition écologique" (voir notre article du 16 septembre 2021) – et de porter une attention particulière aux métropoles et agglomérations "engagées dans des offres touristiques durables et responsables étendues aux territoires voisins (alliance des territoires)", avec un soutien spécifique pour les parcours liant offres urbaines et rurales, littorales ou montagnardes.
Autre suggestion plus classique (et nécessairement plus coûteuse) : le soutien aux investissements dans les infrastructures responsables. Enfin, France urbaine appelle à des soutiens spécifiques à la digitalisation des offres touristiques publiques (ce qui recouvre pour partie les objectifs de la plateforme Alentour).
Tourisme d'affaires, emploi et compétences
Le tourisme d'affaires – sans doute le secteur le plus touché par la crise sanitaire et ses suites – est en revanche spécifique aux grandes villes. Il s'agit d'un "secteur crucial pour l'attractivité et le rayonnement de la France et de ses filières d'excellence" (incluant l'événementiel et les congrès). En ce domaine, France urbaine préconise la mise en place "d'un fonds d'appui à l'investissement dans les équipements liés au tourisme d'affaires". Une attention particulière devrait être portée aux métropoles de taille intermédiaire "dont les équipements sont souvent obsolètes et dont l'attractivité́ est fragile".
Sur l'emploi et les compétences, "les grandes intercommunalités urbaines ne sont pas formellement en première ligne", même si elles interviennent auprès des acteurs locaux de l'emploi (maisons de l'emploi, missions locales, territoires zéro chômeur...). L'association attend néanmoins "une reconnaissance du rôle d'interface que peuvent jouer métropoles et grandes agglomérations dans la mise en relation entre offre et demande d'emploi [...], dans la construction de nouveaux parcours de formation et dans l'investissement en faveur de l'enseignement supérieur" dans le champ du tourisme.
Hébergements touristiques et questions de méthode
Enfin, en matière d'hébergement touristique, France urbaine reprend certaines propositions qu'elle porte de façon récurrente : élargissement du numéro d'enregistrement des locations meublées au-delà des zones tendues actuelles, mise en place de l'API meublés (dispositif dématérialisé d'échange de données entre les plateformes de location meublée et les communes) élargie aux données relatives à la taxe de séjour, ou encore "contrôle renforcé et opérationnel" de la limite des 120 jours de location annuels et des autres informations transmises par les propriétaires. Si elles visent à rétablir un équilibre entre les plateformes de location meublée et les autres acteurs de l'hébergement commercial, elles ne sont pas forcément de nature à développer l'activité touristique.
France urbaine propose donc d'autres mesures, comme l'élargissement des communes ouvrant droit, pour les propriétaires d'hébergements touristiques, au fonds "tourisme durable" de l'Ademe ou encore le lancement d'une étude sur un élargissement ponctuel des foncières commerciales mises en place par les collectivités à des cibles hôtelières. L'association se dit également "particulièrement mobilisée" pour appuyer les initiatives en faveur du tourisme social.
En conclusion de ses propositions, France urbaine évoque aussi des points de méthode. Elle souhaite en effet "une déclinaison différenciée et un pilotage décentralisé [...] ajusté aux aires touristiques locales" pour la mise en œuvre du plan du gouvernement. Elle invite également le gouvernement et les parties prenantes "à simplifier et clarifier le rôle des instances nationales dédiées au tourisme et à y préciser la place et le rôle des collectivités et de leurs représentants".