Pour son premier congrès, ADN Tourisme adopte un "Manifeste pour un tourisme responsable"
Ce manifeste se décline en dix engagements pour les membres d'ADN Tourisme, dont les offices de tourisme, pour "repenser en profondeur" l'offre touristique et le travail des acteurs autour d'une meilleure prise en compte des enjeux sociaux et environnementaux. Cela inclut entre autres le problème du sur-tourisme, l'accueil touristique, l'éco-responsabilité, la promotion de tout ce qui est local...
Créée le 11 mars 2020, juste avant le premier confinement, ADN Tourisme est la Fédération nationale des organismes institutionnels du tourisme (voir notre article du 18 mars 2020). A ce titre, elle regroupe principalement les offices de tourisme ou comités communaux, départementaux et régionaux. Après plus de 18 mois de graves difficultés pour le secteur du tourisme – avec toutefois de fortes différences selon les territoires –, l'organisation tenait son premier congrès à Agen, les 23 et 24 septembre. A cette occasion, ADN Tourisme a adopté un "Manifeste pour un tourisme responsable", regroupant dix engagements de l'organisation.
La crise sanitaire comme accélérateur du changement
Le thème retenu pour ce premier congrès était "Ensemble, relancer, transformer et inventer". Comme l'explique l'introduction du manifeste, "la crise sanitaire actuelle a incité les professionnels touristiques à repenser en profondeur leurs activités, afin que celles-ci soient soucieuses des questions environnementales et sociales". Derrière cette formulation se profilent des questions comme celle de l'impact environnemental de l'activité touristique ou celle des ravages du "sur-tourisme". Pour ADN Tourisme, il s'agit donc de "porter une vision positive, claire, engagée et engageante qui place l'humain au coeur de la réflexion et se fasse l'écho des initiatives de terrain, afin d'imaginer de nouveaux possibles pour le tourisme d'aujourd'hui et de demain".
Cette vision se traduit à travers les dix engagements regroupés dans le manifeste. Ceux-ci s'appuient notamment sur les résultats de la consultation citoyenne pour un tourisme plus responsable en France, lancée en mai-juin dernier sur le site make.org, par ADN Tourisme et plusieurs partenaires, dont Atout France et la Banque des Territoires (voir notre article du 17 mai 2021). En parallèle, la fédération a mené une enquête auprès de ses adhérents, montrant notamment que 94% de ces derniers valident l'idée que le contexte actuel renforce la nécessité de s'engager dans le tourisme responsable.
Dix engagements pour faire évoluer l'approche du tourisme
Le manifeste retient quatre "axes prioritaires d'actions concrètes" – communication, sensibilisation, formation et travail en réseau –, déclinés en dix engagements auxquels adhèrent tous les membres d'ADN Tourisme. Il s'agit en premier lieu de porter une vision élargie du tourisme comme levier d'amélioration du cadre de vie et d'accompagner la transition écologique de l'activité touristique dans les territoires à un horizon de dix ans. Le troisième engagement consiste à sensibiliser et former les décideurs et les techniciens des offices, afin qu'"ils intègrent la dimension responsable dans les stratégies touristiques des territoires et l'ensemble de leurs actions". Dans le même esprit, il s'agit de faire des offices et comités de structures exemplaires dans la prise en compte des enjeux sociaux et environnementaux.
Plus original, le cinquième engagement prévoit d'élargir la notion d'accueil touristique à celle d'hospitalité, l'objectif étant d'inclure, sans distinction, résidents, visiteurs et voyageurs. De même, il est prévu de prendre soin de tous les publics, notamment en termes d'accessibilité et de confort. Un engagement qui rejoint une attente forte des touristes et visiteurs. Le septième engagement consiste à structurer un réseau d'experts sur les territoires, afin d'accompagner les professionnels dans leur transition responsable.
Le huitième engagement prévoit de créer et de valoriser des offres touristiques – ce qui est le cœur de métier des offices et des comités – mais en favorisant la régulation des flux, les mobilités douces et l'éco-responsabilité. De façon plus spécifique, il s'agit aussi de promouvoir la filière gastronomique locale et les circuits courts comme leviers d'attractivité et d'animation locale. Enfin, le dixième engagement consiste à repenser et à élargir la mesure de l'activité touristique, en y intégrant les impacts sociaux et environnementaux.
Des engagements, mais aussi de premières actions
A noter : le manifeste ne se contente pas d'énoncer les dix engagements, mais donne aussi un aperçu des premières actions engagées ou à engager dans le cadre d'un "plan d'actions appelé à se déployer sur plusieurs années". Il s'agit, par exemple, de défendre la vision du tourisme responsable portée par le réseau auprès du ministère, d'engager des partenariats gagnants-gagnants avec des acteurs de la sphère responsable (Ademe, acteurs du tourisme responsable, universités...), de lancer un challenge des "territoires insoupçonnés" (afin de diversifier l'offre et d'alléger la pression sur les sites les plus fréquentés) ou de mettre en place un groupe de réflexions "Hospitalité".
Autres pistes d'actions : inciter les offices de tourisme à "passer au vert" (le "i" rouge d'ADN Tourisme devenant vert au bout de 20 actions), d'élaborer une charte accueillante et impliquante, d'évaluer plus largement l'impact du tourisme (avec l'introduction de nouveaux indicateurs), ou encore d'établir un plan de formation partagé pour les décideurs et les techniciens.