Premier bilan de la saison d'été : du mieux, mais le compte n'y est pas pour ADN Tourisme
ADN Tourisme, la fédération regroupant les offices de tourisme, publie, un "premier bilan des tendances" de la saison estivale 2021. La fréquentation est en progression par rapport à l'été 2020, mais reste en retrait par rapport à l'été 2019. La principale difficulté reste l'absence des touristes étrangers. D'autres acteurs esquissent leur propre bilan, plus ou moins optimiste...
La rentrée de septembre marque aussi la floraison des bilans de la saison touristique d'été, tout particulièrement dans le contexte d'une crise sanitaire persistante. En attendant les chiffres de l'Insee sur l'hébergement marchand, ADN Tourisme – la fédération nationale des organismes institutionnels de tourisme, regroupant les offices de tourisme régionaux, départementaux et communaux – publie, un "premier bilan des tendances" de la saison estivale 2021. Celui-ci s'appuie à la fois sur une consultation des adhérents du réseau, sur le dispositif "Flux vision tourisme Orange" (suivi de la fréquentation via la téléphonie mobile) et sur une enquête auprès de 4.000 Français menée en partenariat avec les treize comités régionaux du tourisme de la métropole.
"Le besoin d'évasion des Français a permis de maintenir la fréquentation"
Le communiqué d'ADN Tourisme indique que "malgré le contexte sanitaire et une météo capricieuse, le besoin d'évasion des Français a permis de maintenir la fréquentation". Celle-ci est en effet en progression par rapport à la saison estivale de 2020, mais reste en retrait sur celle de 2019. Selon ADN Tourisme, "il semblerait que la très bonne fréquentation de la clientèle française, comme en 2020, n'ait pas réussi à combler totalement le recul des clientèles étrangères dans la grande majorité des territoires". Cet été, 59% des Français (70% en Ile-de-France) sont effectivement partis en vacances en juillet ou en août, contre 53% l'an dernier. Près de 90% de ces séjours se sont déroulés en France (contre 94% en 2020), en privilégiant les séjours de proximité (54% des partants) et les espaces moins fréquentés (58%).
Sans surprise, le littoral reste la valeur sûre de la saison estivale (près de 4 séjours sur 10) mais la campagne, avec 30% du total, continue de progresser, tandis que la montagne représente 12% des séjours d'été. Les espaces urbains, très pénalisés l'an dernier, restent nettement à la traîne mais "ont retrouvé un peu d'attractivité" (19% des séjours contre 18% l'an passé). L'étude montre notamment une fréquentation en hausse à Paris par rapport à 2020 (mais qui reste très en retrait par rapport à 2019), ou encore en Auvergne-Rhône-Alpes où "le tourisme urbain reprend des couleurs".
On n'oubliera pas que les éléments avancés par ADN-Tourisme concernent la métropole et ne prennent donc pas en compte la situation qui s'annonce catastrophique en matière de tourisme en outre-mer. Cette situation s'est traduite notamment, aux Antilles, par un "rapatriement forcé" des touristes présents cet été sur ces territoires.
Le succès des locations de vacances
Pour ADN Tourisme, la principale difficulté reste bien l'absence des touristes étrangers et en particulier ceux originaires des marchés lointains. Une situation qui pénalise tout particulièrement Paris et les métropoles. Du côté des Européens, les Britanniques sont les "grands absents" et les Italiens semblent en recul. En revanche, les Belges et les Néerlandais sont en progression dans de nombreux territoires, tandis que les Suisses et les Allemands "semblent également avoir été bien présents".
En termes d'hébergement, ADN Tourisme confirme le succès des locations de vacances (20% des séjours) – en hausse dans les trois quarts des territoires – et la progression des hôtels (26% contre 18% en 2020). En revanche, les séjours chez les parents et amis (24%) sont en recul par rapport à l'an dernier. L'étude relève en particulier "des tendances positives pour l'hôtellerie (Corse, Gironde, Côtes d'Armor, Hérault...) et les campings (Vendée, Cher, Béarn Pays basque, Charentes, Lot-et-Garonne, réservations records en Occitanie...), notamment dans le haut de gamme.
Enfin, ADN Tourisme confirme deux autres tendances de fond : celle des réservations de dernière minute (encore accentuée par les incertitudes sur la situation sanitaire et par la météo) et celle des excursions, balades, visites à la journée à proximité du domicile, pratiquées par 93% des Français, contre 89% l'année précédente.
Pour les derniers mois de 2021, ADN Tourisme juge les perspectives "incertaines [...] entre inquiétudes des professionnels et envies de départ des Français". Seule certitude à ce jour : "plus de 2 Français sur 5 ont prévu de partir en vacances et/ou week-end au mois de septembre et autant au mois d'octobre".
Des territoires plutôt satisfaits, mais toujours inquiets pour l'avenir
Si ADN Tourisme est le premier organisme à donner ainsi une vision d'ensemble de la saison estivale, d'autres signaux remontent également depuis quelques jours. On peut citer ainsi les déclarations de Jean-Pierre Farandou, le PDG de la SNCF, estimant qu'"on a fait un très bel été avec près de 22 millions de personnes transportées ; on est presque au niveau de 2019" et affirmant que l'instauration du pass sanitaire dans les trains, à compter du 9 août, n'a pas eu d'effet significatif sur la fréquentation.
Du côté des régions, le président du comité régional du tourisme de Provence-Alpes-Côte d'Azur, interrogé le 30 août par l'"Écho touristique", fait état d'"une magnifique saison", qui "se rapproche de son été record de 2019". Le CRT reconnaît toutefois que "le grand international manque encore" malgré un certain retour de la clientèle américaine et que les perspectives restent incertaines pour septembre.
Son de cloche similaire pour l'Agence Savoie Mont Blanc (Savoie et Haute-Savoie), qui table sur un niveau de fréquentation "relativement proche d'un été classique" (avec une hausse des nuitées de 10% par rapport à l'an dernier), mais constate des retombées économiques en baisse (sous l'effet d'une météo défavorable et de l'absence des touristes étrangers) et estime que le mois de septembre est "plutôt mal engagé".
Le flou règne dans l'hôtellerie
De leur côté, les professionnels de l'hôtellerie – qui négocient avec le gouvernement un maintien des aides et vient d'obtenir leur prolongation jusqu'au 30 septembre – présentent une vision nettement plus pessimiste. Dans un communiqué commun du 27 août, trois fédérations (Umih, GNI et GNC) font état "d'une perte d'activité en moyenne de 20% entre l'été 2021 et l'été 2019 pour la quasi-totalité des établissements du secteur et même au-delà, dans des proportions qui varient notamment selon les destinations en cause et selon que les clientèles habituelles de ces établissements étaient présentes ou non". Les signataires évoquent aussi une "situation catastrophique" pour les établissements des grandes métropoles et d'outre-mer et ne manquent pas d'incriminer le passe sanitaire.
Pourtant, le même jour, MKG Consulting, l'un des principaux cabinets du secteur, publie une étude montrant des taux d'occupation des hôtels français supérieurs à ceux de l'été 2020, y compris à Paris et en Ile-de-France (où ils restent cependant très loin des chiffres de l'été 2019). Il faudra donc attendre les chiffres de l'Insee sur l'hébergement marchand pour y voir plus clair.
Jean-Baptiste Lemoyne : "On a sauvé l'été"
Enfin, Airbnb a publié, le 27 août, un bilan très évasif de la saison d'été. La plateforme se garde bien de tout triomphalisme et ne donne aucun chiffre de fréquentation. Pour mieux mettre en valeur son rôle dans l'animation touristique des territoires, notamment ruraux, elle indique toutefois que "près de 100 nouvelles destinations en France ont accueilli pour la première fois un voyageur avec Airbnb". Autre signe discret d'une activité en nette hausse, elle affirme aussi que "le revenu moyen d'un hôte en France a augmenté pour atteindre 1.600 euros cet été". Airbnb confirme aussi le succès des destinations "tranquilles", de plus en plus recherchées par les Français. Ainsi, les dix destinations dont les réservations ont le plus progressé entre le 1er juin 2021 et le 22 août 2021 par rapport à la même période en 2019 comptent des noms comme La Salvetat-Peyralès (Aveyron), Sainte-Agnès (Alpes-Maritimes), Pouzac (Hautes-Pyrénées), Saint-Gingolph (Haute-Savoie), Chablis (Yonne), Le Valtin (Vosges), Bellefontaine (Jura), Anglès (Tarn), Comps-sur-Artuby (Var) et Tréveneuc (Côtes d'Armor).
La conclusion revient à Jean-Baptiste Lemoyne, qui s'exprimait sur LCI le 25 août. Pour le secrétaire auprès du ministre des Affaires étrangères en charge du tourisme, "on a sauvé l'été dans un contexte qui n'était pas évident. [...] On a réussi à poursuivre la saison estivale grâce aux mesures de freinage qui ont été prises très tôt, grâce aussi au passe sanitaire". Estimant que "les Français ont répondu à l'appel de l'été", il a notamment souligné les "très belles performances" des campings et des gîtes et insisté sur les perspectives offertes par "la relance petit à petit de l'événementiel, très important pour Paris" et par le retour des seniors, bloqués par la remise en œuvre du confinement à l'automne dernier.