Les maires des stations de montagne tirent un bilan très sombre de la saison d'hiver
L'Association nationale des maires des stations de montagne (ANMSM) publie, avec Atout France et France Montagnes, un bilan de la saison d'hiver 2020-2021 confirmant la dégringolade des chiffres de fréquentation, avec naturellement des différences selon les massifs, le type de stations et le type d'hébergement.
Après un bilan provisoire en février (voir notre article du 9 mars 2021), l'Association nationale des maires des stations de montagne (ANMSM) publie, avec Atout France et France Montagnes, le "pré-bilan" de la saison d'hiver 2020-2021. Dans un communiqué commun du 27 avril, les trois organisations évoquent, non sans arguments, un "effondrement de l'activité économique en montagne", et cela malgré "la fréquentation toute relative sur le mois de février". Dans ce "contexte global très négatif", il existe néanmoins des contrastes significatifs selon les destinations et les secteurs d'activités
Nuitées en chute de 56%, taux d'occupation en recul de 39 points
Réalisé par G2A Consulting pour le compte de l'Observatoire des stations de montagne, le bilan s'appuie sur les remontées de 90 stations dans l'ensemble des massifs, regroupant 500.000 lits représentatifs des 1.650.000 lits touristiques de l'espace de montagne français. Globalement, le bilan de la saison d'hiver tient en deux chiffres : des nuitées en baisse de 56% (9,78 millions contre 23,1 millions pour la saison 2019-2020, pourtant en partie touchée par la crise sanitaire) et un taux d'occupation des hébergements marchands et collaboratifs en recul de 39 points (32% contre 71%). Cette situation s'explique bien sûr par la fermeture des services liés à la pratique du ski alpin (à commencer par les remontées mécaniques), qui a conduit, de facto, à la quasi-fermeture de nombreuses stations et de leurs aménités. La conséquence de cette situation a été une quasi-absence de la clientèle internationale et une clientèle française, lorsqu'elle était présente, contrainte de diversifier ses pratiques.
Toutes les formes d'hébergement sont touchées par cette chute de la fréquentation, mais à des degrés divers. Les plus atteints sont les clubs et les villages de vacances, qui ont fermé (-98% de nuitées et -75 point de taux d'occupation). Viennent ensuite les hôtels (-82% et -53) et les résidences de tourisme (-70% et -59). En revanche, les locations de meublés par le biais d'agences immobilières (-49% et -34) et surtout les locations de particulier à particulier (-30% et -17) s'en sortent un peu moins mal.
Les "stations de charme" et les Pyrénées s'en sortent moins mal
En termes géographiques, les résultats ne sont pas très détaillés, mais font néanmoins apparaître un contraste entre les Alpes et les Pyrénées. Les Alpes du Nord et les Alpes du Sud affichent ainsi des nuitées en recul de 57% et 60% et un taux d'occupation en baisse de 41 et 38 points. Les résultats des Pyrénées sont moins mauvais, avec respectivement -33% et -19 points. Aucun chiffre n'est fourni pour les autres massifs.
En termes de typologie de stations, le contraste est également marqué entre les stations des grands domaines, très dépendantes de la pratique du ski alpin (-67% de nuitées et -50 points de taux d'occupation) et les "stations de charme" (-38% et -23). Comme l'explique l'étude, ces dernières sont "plus petites, avec davantage d'hébergements individuels, moins de densité et un bon enneigement aux basses altitudes cette année".
Enfin, en termes de périodes calendaires, les reculs sont généralisés avec -56% de nuitées pour les vacances de Noël, -66% pour la période inter-vacances n°1, -48% pour les vacances d'hiver (février), -57% pour la période inter-vacances n°2. Pour ces quatre périodes, les taux d'occupation sont respectivement de 37%, 20%, 43% et 30%. Les résultats des vacances de Pâques ne sont pas encore connus, mais s'annoncent très mauvais, puisque la période correspond au troisième confinement de fait.
Une recherche forcée de diversification
À ces données quantitatives s'ajoute une étude qualitative, menée auprès de 37 stations et portant sur la perception de la situation. Au vu des résultats précédents, on ne s'étonnera pas que la majorité des stations ont, du niveau d'activité touristique global enregistré au cours de la saison d'hiver 2020-2021, une perception très mauvaise (26%), plutôt mauvaise (34%) ou stable (9%), tandis que 22% ont une perception plutôt bonne ou bonne (9%). Les résultats de la saison d'hiver 2020-2021 sont d'autant plus décevant que 69% des répondants jugent l'enneigement meilleur que durant la saison précédente et 22% stable.
La perception du niveau de demandes touristiques au cours de la saison d'hiver 2020-2021 par rapport à l'an passée met en évidence la recherche forcée d'une diversification de l'activité face à la paralysie du ski alpin. Les répondants sont ainsi 97% à juger en hausse les demandes des touristes sur le ski de randonnée, les promenades à pied et en raquettes, 94% sur le ski nordique/biathlon, 82% pour les promenades avec traineaux à chiens...
Enfin, la note de conjoncture de l'ANMSM et d'Atout France fournit également quelques données (quantitatives) issues d'autre sources. Domaines skiables de France indique ainsi que les ouvertures auprès des publics dérogatoires autorisés (clubs des sports, etc.) ont représenté moins de 1% des recettes habituelles. Le Syndicat national des moniteurs du ski français évalue pour sa part à 83% la chute du chiffre d'affaires des écoles de ski et l'Union Sport & Cycle chiffre à 73% la perte d'activité pour l'ensemble des magasins de location et vente d'équipements de sports d'hiver (sachant que la saison d'hiver représente 85% du chiffre d'affaires annuel de ces commerces).
Dernière note pour ajouter à ce tableau particulièrement sombre : "Les demandes d'informations concernant la saison estivale à venir sont, à ce stade, jugées en recul par 45% des répondants pour la clientèle française et par 87% des stations pour la clientèle internationale. [...] Seule la clientèle des propriétaires fait quelque peu exception, avec actuellement une perception partagée entre stabilité et recul par rapport à l'an passé."