Pour Emmanuel Macron, la reconquête touristique passera par le numérique et la formation
Lors de son déplacement dans le Lot, Emmanuel Macron a esquissé le 2 juin un plan d'action en faveur du tourisme qui devrait être précisé lors d'un prochain comité interministériel. Incitant les Français à passer leurs vacances d'été dans l'Hexagone, il a rappelé les aides dont bénéficie le secteur et dit souhaiter une "réinvention du modèle" touristique français à l'horizon de cinq ans : formation, valorisation du patrimoine, investissements pour "améliorer la qualité de l'offre", numérisation pour "bâtir des plateformes françaises"...
À l'occasion de son déplacement dans le Lot, les 2 et 3 juin, Emmanuel Macron est intervenu sur la relance de l'activité touristique, le thème central du voyage, avec celui de la ruralité. S'exprimant devant le paysage enchanteur de Saint-Cirq-Lapopie, classé parmi les plus beaux village de France, le chef de l'État a ainsi esquissé un plan d'action en faveur du tourisme. Le contenu et les modalités pratiques devraient en être détaillés lors du prochain comité interministériel du tourisme (CIT), prévu initialement pour le mois de mai, mais qui devrait finalement se tenir avant le début des vacances d'été, à une date non encore annoncée.
"En 2021, les vacances c'est en France"
Pour Emmanuel Macron, qui était accompagné de Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d'État en charge du tourisme, il s'agit de déployer un véritable "plan de reconquête et de réinvention du modèle". Il a d'ailleurs salué le Lot comme un "territoire de conquête pour le tourisme", dont l'activité peut s'appuyer sur de nombreuses ressources et sur un savoir-faire éprouvé.
Le chef de l'État s'est d'abord voulu rassurant, en délivrant un "message de confiance collectif" : "Les vacances seront possibles cet été" et "nous avons la possibilité d'accueillir nos compatriotes dans les meilleures conditions", invitant au passage les Français à planifier dès maintenant leurs séjours et à réserver sans attendre. Avec toutefois une recommandation liée à l'environnement sanitaire international, malgré la mise en place du certificat sanitaire européen le 1er juillet (voir notre article du 26 mai 2021) : "En 2021, les vacances c'est en France ; c'est encore mieux." Interrogé à l'issue de sa présentation sur la question du port du masque lié à l'activité touristique (par exemple sur les plages), Emmanuel Macron a précisé que la règle pourra varier selon les territoires, les lieux et le contexte sanitaire. De façon plus large, il a cependant souligné qu'"il faut collectivement rester très vigilant dans les prochaines semaines et ne pas aller trop vite" : "On va continuer à le garder obligatoire. Je pense que la perspective dans laquelle on vit tous, c'est qu'on puisse l'enlever dans les lieux ouverts où il n'y a pas trop de risques." Mais cela se fera, donc, "de façon différenciée" sur le territoire.
Tout en soulignant à quel point le tourisme a été éprouvé par la crise sanitaire, Emmanuel Macron a rappelé que le secteur a bénéficié de 30 milliards d'aides de l'État depuis le début de la crise, à travers des mesures comme les fonds d'urgence, l'accompagnement de l'investissement, les dispositifs de maintien de l'emploi... Dans les prochains mois, le secteur "va continuer à être aidé, parce que la reprise est progressive et qu'il y a encore des jauges". Le chef de l'État a rappelé que 15 milliards d'euros sont encore prévus pour cette phase transitoire.
Tirer parti de la crise pour "réinventer le modèle touristique"
Sur le "plan de reconquête et de réinvention du modèle", à l'horizon de cinq ans, Emmanuel Macron n'a pas mentionné d'enveloppe budgétaire, mais en a présenté les lignes directrices. La reconquête passera d'abord par "une amélioration de la formation, une amélioration des qualifications et un accompagnement tout au long de la vie", un thème récurrent dans les différents CIT. L'État devrait notamment investir pour permettre des passerelles entre les différents métiers du tourisme".
Le second axe consistera à "valoriser pleinement notre patrimoine et donc à avoir une stratégie tourisme vert / tourisme patrimonial". Plusieurs investissements devraient être déployés à ce titre "dans les prochaines semaines, mois et années". Le troisième levier consistera à "monter véritablement en qualité nos infrastructures". Tout en préservant la diversité sociale de l'offre, il s'agit d'aider les professionnels à continuer d'investir "pour améliorer les conditions d'accueil et améliorer encore la qualité de notre offre". Ces investissements devront concerner également d'autres infrastructures que l'hébergement commercial, comme les transports ou les pistes cyclables. Bien que cela ne soit pas évoqué ouvertement, il s'agit aussi, à travers ce troisième axe, de s'attaquer à la faiblesse majeure du tourisme français : la difficulté à convertir l'attractivité internationale de la France en recettes touristiques à la hauteur de celles de pays comme les États-Unis ou l'Espagne.
La dernière composante du plan consistera en un investissement dans le numérique, qui "est au cœur aujourd'hui du tourisme". Dans une allusion transparente à Airbnb, mais aussi aux plateformes de réservation hôtelières, le chef de l'État regrette de constater que "ce sont parfois des plateformes étrangères qui captent une partie de la valeur". Outre la perspective d'une fiscalisation de ces grandes plateformes, l'idée est à nouveau d'aider à investir, afin que les entreprises du secteur puissent elles-mêmes se numériser, et d'aider à "bâtir des plateformes françaises".
Enfin, Emmanuel Macron a eu "un dernier mot pour l'emploi", qui devrait se révéler très porteur dans le secteur du tourisme. S'appuyant sur plus de 50.000 offres répertoriées par les professionnels, il a lancé un véritable appel en expliquant que "les jeunes comme les moins jeunes qui cherchent un emploi doivent savoir qu'il y a plusieurs dizaines de milliers d'offres d'emplois partout sur notre territoire dans le secteur".