Habitat - Les conditions de logement s'améliorent, mais pas au même rythme pour tous
Dans le cadre de l'exploitation de l'enquête statistique sur les ressources et les conditions de vie (dispositif SRCV), l'Insee publie une étude sur l'évolution des conditions de logement entre 2005 et 2010. La brièveté de cet intervalle fait que les évolutions observées sont parfois très faibles. Elles se font toutefois dans un sens positif, même si l'amélioration constatée est moins marquée pour les ménages modestes.
De plus en plus de propriétaires établis
La première amélioration est d'ordre à la fois psychologique et financier. En 2010, 36% des ménages étaient ainsi propriétaires non accédants, autrement dit propriétaires ayant achevé de rembourser leurs emprunts (ou n'ayant pas eu à faire d'emprunt, par exemple dans le cas d'un héritage). Cette proportion s'est accrue de 1,5 point en cinq ans, confirmant une croissance régulière depuis plus de trente ans. De façon logique, cette position plus confortable financièrement et psychologiquement concerne avant tout les plus de 65 ans (65% de propriétaires non accédants en 2010 contre 61% en 2005), mais aussi les ménages dont les ressources sont supérieures au revenu médian (44% en 2010 contre 39% en 2005).
A l'inverse, l'Insee confirme que les ménages à revenus modestes sont de plus en plus nombreux dans le parc social : ceux appartenant au premier quartile de niveau de vie représentent ainsi 47% des locataires, contre 40% en 2005. Il y a évidemment deux façons de lire cette évolution : considérer que le renchérissement du logement cantonne de plus en plus les ménages modestes dans le parc social ou, au contraire, considérer que la possibilité pour les revenus un peu plus élevés d'accéder à la propriété ou au parc privé locatif libère - à offre constante - des places dans le logement social pour les ménages plus modestes.
En matière de taille du logement, la surface moyenne par personne (41 m2) n'a que faiblement progressé entre 2005 et 2010, après deux décennies très favorables. La légère augmentation enregistrée sur la période récente résulte à la fois de la hausse de la surface moyenne des résidences principales (+1 m2 en cinq ans) et de la diminution du nombre de personnes par ménage. Les personnes vivant seules - dont la part dans le total des ménages a progressé de quatre points - disposent en effet d'une surface de logement par personne deux fois supérieure à celle des personnes qui cohabitent (73 m2 contre 36 m2). La part des personnes seules - donc disposant d'une surface de logement importante - est particulièrement élevée chez les plus de 65 ans, où elle atteint 53%. Une autre ligne de fracture en matière de surface du logement concerne la localisation géographique. Ainsi, la surface moyenne par personne est de 33 m2 dans l'"unité urbaine" de Paris, contre 47 m2 en zone rurale.
Confort du logement : des progrès, mais il reste de la marge
L'étude de l'Insee montre par ailleurs que 1,2 million de ménages d'au moins deux personnes (soit au total 5,1 millions de personne) vivent en situation de surpeuplement modéré ou accentué. Ce surpeuplement tend à reculer, mais de façon très lente (réduction de 0,5 point en cinq ans). Les déterminants du surpeuplement sont connus depuis longtemps : niveau de revenu, taille du ménage et localisation géographique (16% de ménages en situation de surpeuplement à Paris, et même 44% pour le plus faible quartile de niveau de vie).
Enfin, en matière de confort, la tendance à l'amélioration se poursuit. En 2010, seuls 1,4% des logements ne disposaient pas des équipements sanitaires de base (absence d'au moins un des trois éléments suivants : eau chaude courante, baignoire ou douche, WC intérieur). Cette proportion était de 2,1% en 2005 et de 15,7% en 1984. De même, 95% des logements situés en France métropolitaine sont aujourd'hui équipés d'un système de chauffage central ou électrique, soit une hausse de deux points en cinq ans. Au-delà de ces éléments de base, l'Insee relève cependant que 11,7% des ménages déclarent au moins un problème lié à la qualité du logement (toit percé, humidité, moisissures...), tandis que 9,1% d'entre eux jugent leur logement trop sombre et que 26,9% estiment difficile d'y maintenir une température adéquate. Avec toutefois un bon point pour la qualité des logements sociaux : 60% des ménages du premier quartile de niveau de vie logés dans le parc HLM qualifient leur logement de confortable, contre seulement 47% de ceux logés dans le parc privé.