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Habitat - L'engouement pour le logement individuel BBC semble s'épuiser, malgré le PTZ+

L'Agence nationale pour l'information sur le logement (Anil) fait état, dans une note publiée sur son site internet, de remontées des agences départementales (Adil) montrant "un mouvement de désaffection pour le label BBC [bâtiment basse consommation, NDLR] dans l'accession en maisons individuelles neuves". L'Anil estime qu'après "un engouement passager" en 2010, la commande de maisons BBC "semble se tasser assez sensiblement".
Cette évolution contraste avec le discours ambiant sur la montée en puissance des logements BBC dans la foulée du Grenelle de l'environnement (qui reste vraie, en revanche, dans le logement collectif). Pour l'expliquer, l'Anil évoque la conjonction de quatre causes. La première - inhérente au principe même du BBC - tient au coût plus élevé à l'achat des logements labellisés. La seconde réside dans la quasi-impossibilité des travaux réservés par l'accédant, autres que de décoration (pratique légale permettant à l'acquéreur de reporter certains travaux, qu'il pourra éventuellement faire réaliser dans les 4 mois par le constructeur ou à tout moment par tout autre intervenant). Le surcoût du BBC se fait donc sentir au moment même de l'achat, qui est la période financièrement la plus tendue pour l'acquéreur.

Des effets contre-productifs ?

Les deux autres raisons évoquées par l'Anil sont plus surprenantes. La première réside dans "la prise de conscience des exigences dans l'utilisation des logements pour que des économies substantielles sur la facture énergétique soient au rendez-vous". En d'autres termes, les ménages acquéreurs se rendent compte des changements dans leur comportement que va leur demander la rentabilisation du label BBC et certains renoncent donc à s'y conformer. Enfin, la dernière raison est exogène, puisqu'elle tient à "l'incapacité de certains professionnels à satisfaire aux conditions de l'obtention du label", ce qui pose la question de la formation et des capacités de ces derniers.
L'Anil estime cependant que ce constat n'est pas totalement négatif, dans la mesure où "il montre que les entreprises mesurent les exigences qu'implique le label BBC et ne prennent pas le risque de le proposer si elles ne maîtrisent pas les techniques à mettre en œuvre". Le refus du label à la livraison du logement serait en effet catastrophique pour l'acquéreur, puisque le montant du prêt à taux zéro (PTZ+) serait alors revu à la baisse, au risque de remettre en cause l'équilibre du plan de financement et d'inciter l'acheteur à se retourner contre le constructeur. Selon l'Anil, ce risque "incite les constructeurs, mais aussi les établissements financiers, à la prudence". Du coup, les professionnels qui n'ont pas la capacité de produire des maisons BBC - dans le cas de l'habitat individuel, il s'agit souvent de petits entrepreneurs locaux - ont tendance à dénigrer le label auprès des acquéreurs, en mettant en avant le surcoût, la faible rentabilité supposée et les contraintes d'utilisation. Ils jouent aussi sur le souhait de certains clients de se réserver une partie des travaux. En outre, certains professionnels proposent à leurs clients des rabais pour éviter qu'ils soient pénalisés par les conditions moins favorables du PTZ+ pour les logements non BBC et les inciter ainsi à commander ce type de maisons.
Conclusion : dans le secteur de la maison individuelle (environ 48% des autorisations de construction en 2011, dont plus des deux tiers en individuel pur), le PTZ+ se révèle faiblement incitatif au choix d'un logement BBC. L'Anil estime ainsi qu'"il est fort probable qu'en 2011 n'apparaisse pas à cet égard d'effet positif du PTZ+". 

 

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