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Entreprises - Les aides publiques jugées indispensables mais peu efficaces

Plus de 70% des entreprises ne sont pas satisfaites des aides publiques mises à leur disposition. C'est ce qui ressort d'une étude d'Ernst et Young publiée le 18 février. Les entreprises, qui font part d'une dégradation des procédures de demandes d'aides depuis trois ans, réclament la mise en place d'un guichet unique d'information et une simplification des procédures. Elles ont aussi de fortes attentes envers les régions si celles-ci devaient être confirmées dans leur rôle de chef de file en matière de développement économique.

"Plus de 70% des entreprises estiment que les aides reçues ont été peu, voire pas, efficaces." Le verdict est assez dur concernant les aides publiques versées aux entreprises. C'est en tout cas ce qui ressort d'une étude publiée le 18 février par Ernst & Young, réalisée auprès de 250 entreprises.
Au total, 60 milliards d'euros sont consacrés à quelque 6.000 dispositifs variés d'aide aux entreprises, rappelle le cabinet d'audit et de conseil. Premier constat donc, ces aides ne sont pas jugées très efficaces, sauf les aides à l'innovation, qui satisfont 71% des entreprises interrogées, et, dans une moindre mesure, les aides à l'export (42%). 82% des entrepreneurs estiment que les mesures en faveur de l'innovation sont celles qui bénéficieront le plus à leur croissance à long terme, précise l'étude, qui met en avant l'environnement favorable et stable offert dans ce domaine par la France. Le crédit d'impôt recherche (CIR) a ainsi bénéficié à près de 18.000 entreprises entre 2008 et 2010, générant un crédit d'impôt de 5,05 milliards d'euros.
En revanche, toutes les autres aides (à l'emploi, au développement, à l'investissement, à la transmission, à l'éco-développement, à la gestion financière) sont bien moins notées : entre 28% et 19% d'opinions favorables seulement. Les entreprises reconnaissent toutefois le rôle indiscutable de soutien, voire d'amplification des aides publiques sur leurs projets. Plus d'une entreprise sur deux a ainsi réalisé son projet grâce à l'aide publique dont elle a disposée. "Les aides représentent un sérieux coup de main pour la mise en place de projets quels qu'ils soient. Parfois, c'est le déclencheur d'une décision, d'un changement : le poids dans la balance pour 'y aller'", a ainsi affirmé l'une des entreprises interrogées.

Une dégradation des procédures de demandes d'aides

Concernant la performance des acteurs publics, c'est Oséo qui remporte la palme, avec un taux de satisfaction de 75%. Pour les autres acteurs, y compris la région, le niveau de satisfaction tourne autour de 50%, à l'exception de la Coface (63%) et des départements, qui ont un plus faible niveau de satisfaction mais dont la vocation première n'est pas de distribuer ce type d'aides. L'étude fait mention d'une forte différence de satisfaction entre la région Ile-de-France et les autres régions. Cette région et ses départements sont ainsi bien moins notés que la moyenne. "Un constat préoccupant au regard de la forte concentration d'activités économiques dans cette région", affirme l'étude, qui explique en partie ces résultats par la présence sur le territoire d'un grand nombre d'aides (plus de 650 aides).
Outre l'efficacité des aides, les entrepreneurs critiquent leur accessibilité : plus de 70% d'entre eux expriment une réelle difficulté à identifier et à accéder aux aides. Les dispositifs et les acteurs sont jugés trop nombreux. Et ce phénomène peut parfois rendre les aides contre-productives, comme l'explique Ernst & Young : "En effet, les entreprises qui en ont le plus besoin ou qui portent en elles le plus fort potentiel de croissance, à savoir les PME et les TPE, manquent généralement de ressources et de temps à consacrer à la recherche d'aides publiques, contrairement aux plus grands groupes." La première source d'information de ces entreprises est publique (48%) mais les relations interentreprises et avec les partenaires habituels sont aussi très importantes pour identifier les aides adéquates (48%).
La constitution des dossiers est également jugée trop lourde, complexe et longue (plus d'un mois pour 58% des entreprises interrogées, sans compter les délais de traitement et de versement de l'aide). Les entreprises interrogées font aussi part d'une dégradation des procédures de demandes d'aides depuis trois ans. Face à ces difficultés, elles espèrent la mise en place d'un guichet unique d'information ou d'une plateforme d'accès centralisé, et une simplification des procédures.
Les entreprises ont, dans ce domaine, des attentes spécifiques envers les régions, si celles-ci devaient voir leur rôle de chef de file pour le développement économique confirmé par le futur acte de décentralisation. Elles demandent ainsi à ce que les régions assurent leur rôle d'intégrateur des différentes initiatives et dispositifs d'appui, particulièrement en Ile-de-France. Elles proposent aussi d'accompagner les régions dans la construction de typologies d'entreprises régionales pour identifier les effets de leviers potentiels des aides en fonction des catégories d'entreprise. Enfin, elles souhaitent que les régions élaborent des plans d'actions détaillés (objectifs, moyens et résultats) pour concentrer les aides vers les entreprises à fort potentiel de croissance.