Le rôle de coordonnateur des Ehpad passe très mal auprès de l'aide à domicile
Quatre fédérations de l'aide à domicile ont vivement réagi en découvrant un projet de décret et d'arrêté confiant à certains Ehpad le rôle de coordinateur et d’interlocuteur unique pour les bénéficiaires de l'aide à domicile et leurs familles. Pour les signataires, "ces projets de texte sont une humiliation infligée aux acteurs du domicile".
Dans une lettre ouverte datée du 14 mars et adressée à Jean Castex, Olivier Véran et Brigitte Bourguignon, les quatre grandes fédérations représentant les associations d'aide à domicile (Adédom, ADMR, Fnaap/CSF et UNA) réagissent très vivement en découvrant "qu'un projet de décret et un projet d'arrêté pour lesquels nous, professionnels du maintien à domicile, n'avons été ni associés ni consultés, sont actuellement en cours de finalisation par vos services". Selon les signataires, "ces deux textes prévoient de confier aux seuls Ehpad les rôles de coordinateur et d'interlocuteur unique pour les bénéficiaires et leurs familles".
En l'occurrence, il s'agit de la mise en œuvre de l'article 47 de la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) pour 2022 (voir notre article du 11 janvier 2022), qui n'avait pourtant pas soulevé de réactions particulières. Cet article prévoit que les Ehpad "peuvent assurer, dans des conditions fixées par voie réglementaire et en garantissant l'équité territoriale entre les départements, une mission de centre de ressources territorial". Dans la rédaction de la LFSS, ces Ehpad – il est question d'environ 200 Ehpad sur un total de 7.500 – auraient plutôt vocation à "aider les professionnels du territoire intervenant auprès des personnes âgées" et à "accompagner, en articulation avec les services à domicile, les personnes âgées ne résidant pas dans l'établissement ou les aidants, afin d'améliorer la cohérence de leur parcours de santé et de leur parcours vaccinal, de prévenir leur perte d'autonomie physique, cognitive ou sociale et de favoriser leur vie à domicile", au besoin en proposant "une offre d'accompagnement renforcé au domicile, incluant des dispositifs de télésanté.
Ce n'est pas le ressenti des associations d'aide à domicile au vu du projet de décret et d'arrêté (qui ne sont pas mis en consultation publique). Ils y voient en effet "une humiliation infligée aux acteurs du domicile", une "négation de [leur] savoir-faire", et se demandent pourquoi "les 200.000 salariés qui interviennent quotidiennement au domicile des Françaises et Français devraient être coordonnés exclusivement par des acteurs qui, jusqu'ici n'étaient pas ou peu impliqués dans cette prise en charge ?".
Les signataires se disent néanmoins "convaincus qu'il est absolument urgent et nécessaire de simplifier le parcours des familles en leur proposant un interlocuteur unique à même de coordonner tous les intervenants à domicile". Pour autant, ils ne demandent "pas à être les seuls coordinateurs du parcours des bénéficiaires, mais uniquement à être autorises à candidater à ce rôle". Ils demandent donc au Premier ministre et aux ministres concernés "l'ouverture du portage de ce dispositif aux services à domicile dès à présent et sans attendre la reforme des services autonomie aux domiciles (SAD), ou alors de suspendre la parution de l'arrêté dans l'attente du déploiement des SAD, afin de les inclure pleinement dans ce dispositif".