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Le Palais du facteur Cheval vise l'inscription au patrimoine mondial de l'Unesco

Le 2 septembre 1969, un décret signé d'André Malraux classait le Palais idéal du facteur Cheval, alors menacé de disparition, monument historique. Une décision prise contre l'avis de ses services du ministère de la Culture, qui voyaient alors dans cette œuvre un ensemble "absolument hideux. Affligeant ramassis d'insanités qui se brouillaient dans une cervelle de rustre". Le 23 septembre, à l'occasion de la célébration du 50e anniversaire de ce classement, Pierre Jouvet, le président de la communauté de communes Porte de DrômArdèche (47.000 habitants), à cheval sur les deux départements, a annoncé le lancement de la procédure de demande d'inscription au patrimoine mondial de l'Unesco. Le Palais idéal du facteur Cheval est en effet la propriété de la commune d'Hauterives (Drôme, 2.000 habitants), membre de l'intercommunalité. Pierre Jouvet compte notamment sur l'appui de Pascal Terrasse, ancien président du conseil général de l'Ardèche, qui a mené à bien l'inscription de la grotte Chauvet au patrimoine mondial.

Le facteur Cheval a mis 33 ans, entre 1879 et 1912, pour construire cette œuvre de 26 mètres de long et 12 mètre de haut, avec les pierres qu'il ramassait au cours de ses tournées. Il achève son palais à l'âge de 76 ans mais, découvrant alors qu'il ne pourra y être enterré, entreprend de construire, dans le cimetière communal, son "tombeau du silence et du repos sans fin", qu'il achève en 1922, avant de mourir deux ans plus tard, à l'âge de 88 ans. Le tombeau est classé à son tour monument historique en 2011.

Défendu par Pablo Picasso, Max Ernst ou André Breton, le Palais idéal est aujourd'hui considéré comme un sommet de l'art naïf, tout en révélant des techniques très modernes pour l'époque (comme le béton armé). Le site connaît un succès croissant – encore accru par le film "L'incroyable histoire du facteur Cheval" de Nils Tavernier, sorti en mai 2019 –, avec 200.000 visiteurs accueillis entre janvier et août 2019, contre 155.000 sur l'année précédente. Les porteurs du projet se disent conscients du délai nécessaire à une éventuelle inscription au patrimoine mondial, mais se veulent néanmoins confiants. Pour Pierre Jouvet, ''nous y croyons car nous sommes convaincus que ce site est unique au monde. Les visiteurs peuvent venir 50 fois, ils ne verront jamais la même chose. Et puis, nous répondons à l'un des critères, à savoir 'un chef d'œuvre du génie créateur humain'. Un homme qui ramasse des pierres lors de ses tournées, lorsqu'il distribue le courrier pour construire un palais sorti de son imaginaire''...

 

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