Culture - Patrimoine mondial : la France propose Le Corbusier et la chaîne des Puys
Pas moins de trois ministres - Affaires étrangères, Ecologie et Culture - ont annoncé, le 16 février, les deux candidatures que la France proposera au Comité du patrimoine mondial, qui se réunira en 2016, en vue d'une inscription sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Il s'agit en l'occurrence de deux dossiers déjà familiers de la procédure : "l'œuvre architecturale de Le Corbusier" et "la chaîne des Puys-faille de Limagne".
La chaîne des Puys retente sa chance
La chaîne des Puys a déjà été présentée l'an dernier, malgré un rapport très défavorable - et passablement injuste - de l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), qui jugeait le site "agréable", mais "ni unique", "ni spectaculaire" (voir notre article ci-contre du 6 mai 2014). Jean-Yves Gouttebel, président du conseil général du Puy-de-Dôme, s'était alors étonné de la "brutalité" du ton de ce rapport, qui lui "enlève toute crédibilité", et jugeait le document de l'UICN "clairement biaisé" et "difficilement recevable".
Le dossier avait déjà été soumis au gouvernement une première fois en janvier 2012, mais il avait alors été écarté au profit de la grotte Chauvet et des vignobles de Bourgogne. Depuis lors, le dossier de candidature a été revu. Il est désormais fortement étoffé en études scientifiques montrant la valeur universelle exceptionnelle du site, la qualité du travail accompli, la mobilisation des acteurs locaux et les mécanismes de protection mis en place. Reste à savoir si cette candidature franchira l'obstacle de l'UICN, dont l'avis n'est au demeurant que consultatif.
Le Corbusier : une candidature transnationale
La candidature de "l'œuvre architecturale de Le Corbusier" est portée par la France, mais elle présente une double originalité. D'une part, il s'agit d'une candidature transnationale, puisqu'elle réunit sept pays : Argentine, Allemagne, Belgique, France, Inde, Japon et Suisse. D'autre part, elle ne porte pas sur un bien ou sur un site unique, mais sur 17 éléments architecturaux répartis dans ces sept Etats.
Ces particularités ont valu quelques vicissitudes à ce dossier. Il a en effet été présenté une première fois - sans succès - en 2008. Une nouvelle présentation, en 2011, n'a pas eu davantage de succès. A l'époque, la candidature portait sur 22 éléments architecturaux, dont 14 en France et 8 autres dans cinq autres pays. Le nombre de biens a donc été resserré pour cette nouvelle candidature, tandis qu'un septième pays - l'Inde - a été rajouté.
Le comité du patrimoine mondial devrait examiner ces deux candidatures en 2016. Pour mémoire, on rappellera que, devant l'afflux de dossiers, il est très rare que le comité retienne, la même année, deux candidatures émanant d'un pays développé, généralement bien servi (la France compte ainsi déjà 39 monuments ou sites inscrits). En revanche, le perdant conserve généralement toutes ses chances pour la session suivante du comité.