Nîmes et les sites mémoriels de la Première Guerre mondiale candidats au patrimoine de l'Unesco
Audrey Azoulay a finalement tranché : la ministre de la Culture a retenu les candidatures de "Nîmes, l'Antiquité au présent" et des "sites funéraires et mémoriels de la Première Guerre mondiale (Front Ouest)" en vue d'une possible inscription au patrimoine de l'Unesco. Ces deux dossiers visent une inscription à l'été 2018. Les dossiers pour la session du comité du patrimoine mondial 2017 ont en effet déjà été désignés il y a un an. Il s'agit en l'occurrence du site de Taputapuatea en Polynésie et d'une extension de celui de Strasbourg Grande-Ile (voir notre article ci-contre du 27 janvier 2016).
"L'héritage fascinant du monde romain"
Ces deux candidatures pour 2018 sont sans grande surprise. Audrey Azoulay avait en effet déjà levé le voile sur son choix de la candidature de Nîmes en répondant à une question orale à l'Assemblée en février dernier (voir notre article ci-contre du 18 février 2016). La cité gardoise était d'ailleurs inscrite sur la liste indicative française depuis 2012.
Selon le communiqué de la ministre de la Culture, la candidature de Nîmes "s'articule autour des notions d'influence et de citations de l'Antiquité au fil des siècles. Elle illustre aussi l'exceptionnelle adaptation d'un urbanisme visant à valoriser les monuments antiques, qui sont à la fois des modèles et des points d'ancrage dans l'espace urbain, et structurent la ville". Aujourd'hui encore, "l'urbanisme et l'architecture contemporaine dialoguent avec cet héritage fascinant du monde romain". Le dossier en veut pour preuve, par exemple, la coexistence, à quelques dizaines de mètres de distance, de la célèbre Maison Carrée et du Carré d'art de la ville, consacré à la création contemporaine.
Objectif : le centenaire de l'Armistice
Pas davantage de surprise pour les sites funéraires et mémoriels de la Première Guerre mondiale (Front Ouest), puisque la candidature s'inscrit dans le cadre de la commémoration de l'événement. L'objectif affiché d'une inscription en 2018 est d'ailleurs de coïncider avec le centième anniversaire de l'armistice du 11 novembre 1918.
Le dossier est en revanche plus complexe que celui de Nîmes. Il associe en effet deux pays - la France et la Belgique - et couvre pas moins de 139 sites répartis sur tout l'emplacement du front : 96 en France, 27 en Flandres et 16 en Wallonie. S'agissant de cimetières ou de lieux de mémoire dont certains sont gérés par des Etats étrangers, il a fallu en outre recueillir l'accord de l'American Battle Monuments Commission, de la Commonwealth War Graves Commission et du Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge. Audrey Azoulay souligne également "l'engagement des collectivités territoriales et tout particulièrement des départements concernés, et des populations locales, ainsi que l'action de l'association Paysages et sites de mémoire de la Grande Guerre".
Selon le communiqué de la ministre de la Culture, ces sites "témoignent de l'apparition, au cours du premier conflit mondial, d'un nouveau culte des morts : chaque défunt dispose désormais d'une sépulture ou, au moins, d'un lieu où son nom est inscrit et où il est possible de lui rendre hommage".
Malgré cette inscription, la liste indicative des sites français candidats potentiels à une inscription - dûment déposée auprès de l'Unesco - compte toujours 37 sites (ceux de Nîmes et des sites funéraires y figurant toujours pour l'instant). Les plus anciens remontent à 1996 et ne correspondent pas forcément à des candidatures "actives". Le plus récent est celui de la réserve naturelle nationale des Terres australes et arctiques française (Taaf), ajouté le 6 septembre 2016.
Jean-Noël Escudié / PCA
Sur les toits de Paris...
Dans un communiqué, la Fédération des professionnels de l'ardoise naturelle (FPAN) annonce le dépôt, dès 2017, d'une candidature du savoir-faire du couvreur parisien sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel. Il s'agit d'une réorientation d'un dossier plus ancien, puisque le projet initial consistait à faire inscrire les toits de Paris - cette fois-ci en tant qu'œuvre collective - sur la liste du patrimoine mondial proprement dit. Selon le communiqué de la FPAN, il s'agit désormais de mettre "davantage en valeur le savoir-faire, l'homme et le geste plutôt que l'œuvre construite en tant que telle". Ce nouveau dossier aurait le soutien du ministère de la Culture et pourrait être soutenu également par la ville de Paris.
Ce glissement du projet du patrimoine mondial au patrimoine immatériel témoigne aussi du caractère encore secondaire de l'inscription au patrimoine immatériel, qui souffre toujours d'un certain flou sur le champ couvert et les critères d'inscription. (J.-N.E.)