Les terres et mers australes françaises rejoignent discrètement le patrimoine mondial
L'inscription d'un site au patrimoine mondial de l'Unesco est généralement synonyme de réjouissances locales, de fierté nationale et d'afflux touristique, voire d'une sur-fréquentation qui finit par menacer le site lui-même. Pas de risque avec le nouveau site français inscrit, au titre des biens naturels, sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco, lors de la 43e session du comité qui vient de s'achever à Bakou (Azerbaïdjan). Il s'agit en effet des "terres et mers australes françaises", autrement dit un espace de 67 millions d'hectares (contre 64 millions d'hectares pour la mère patrie) comprenant notamment l'archipel Crozet, les îles Kerguelen, Saint-Paul et Amsterdam, ainsi que 60 petits îlots situés dans la zone subantarctique et... zéro habitant permanent. En revanche, l'Unesco indique que cette zone "abrite l'une des plus fortes concentrations d'oiseaux et de mammifères marins au monde. On y trouve notamment la plus grande population de manchots royaux et d'albatros à bec jaune au monde. Du fait de leur éloignement des centres d'activités humaines, ces îles sont des vitrines de l'évolution biologique extrêmement préservées et constituent un territoire unique pour la recherche scientifique".
Tout dans cette inscription au patrimoine mondial est hors norme. Pas d'élus locaux et d'association regroupant les forces vives pour porter la candidature à bout de bras. Pas trace non plus d'un communiqué du ministère de la Culture ou de celui des Outre-Mer se félicitant de cette inscription. Pas de conséquences à attendre en termes de fréquentation touristique du site (les touristes sont admis au compte-goutte). Seuls les pingouins – ou plus exactement les manchots royaux, car les pingouins vivent dans l'hémisphère nord – pourraient se réjouir de la nouvelle... si quelqu'un les avait mis au courant.