Santé - Le nouveau programme Nutrition Santé s'enrichit d'un plan contre l'obésité
A l'issue de plusieurs mois de consultations, le programme national Nutrition Santé (PNNS) 2011-2015, le troisième du genre, est lancé. Nora Berra, la secrétaire d'Etat chargée de la santé, lui a consacré une communication ce 20 juillet en Conseil des ministres et il est désormais consultable sur le site du ministère. Avec, en invité spécial, un nouveau plan de lutte contre l'obésité qui, a-t-elle expliqué, doit "amplifier" l'action du PNSS en mettant l'accent sur les populations les plus concernées par ce problème de santé publique. "L'articulation du plan Obésité avec le programme national Nutrition Santé (PNNS 2011-2015) et le Programme national pour l'alimentation (PNA), ainsi qu'avec le plan national Santé Environnement (PNSE), le plan national Alimentation Insertion (PAI) et le programme Education-Santé (PES 2011/2015), est un élément crucial de cette mobilisation", est-il de même souligné. Un dispositif de plus à "articuler", donc...
Le PNNS 3 s'articule en cinq axes : "Réduire par des actions spécifiques les inégalités sociales de santé dans le champ de la nutrition", "Développer l'activité physique et sportive et limiter la sédentarité", "Organiser le dépistage et la prise en charge du patient en nutrition", "Valoriser le PNNS comme référence pour les actions en nutrition", "Formation, surveillance, évaluation et recherche". Chacun de ces axes se décline ensuite en plusieurs "mesures" et "actions", dont plusieurs concernent forcément les collectivités.
Ainsi, le quatrième axe (valorisation du PNNS) prévoit notamment de développer les "chartes d'engagement des collectivités actives du PNNS". Ceci, pour tous les niveaux de collectivités (non seulement les "villes actives du PNNS", mais aussi les "départements actifs" et les "régions actives") et en insistant sur leur mise en réseau ou le renforcement des réseaux existants. Il est également prévu de "créer des événements locaux, régionaux et nationaux de valorisation des acteurs et des actions menées dans le cadre du PNNS", avec une "semaine des collectivités territoriales pour la nutrition" (qui remplacerait "mouv'eat") et un colloque rassemblant tous les deux ans les collectivités actives.
Plus globalement, cette troisième phase du PNNS accorde une attention particulière aux personnes en difficulté. Il s'agit notamment de développer des actions d'éducation et d'information spécifiques (sensibilisation des personnels des CAF...) et de favoriser l'accessibilité à des aliments de bonne qualité nutritionnelle (mobilisation des invendus pour l'aide alimentaire...). Mais aussi d'augmenter le niveau d'activité physique "pour tous", y compris les populations en situation de handicap, défavorisées ou âgées. Le PNNS poursuivra par ailleurs ses objectifs de diversification alimentaire (augmentation des fruits et légumes, des féculents, diminution des graisses, du sel), de lutte contre les carences en calcium ou en folates, de promotion de l'allaitement maternel... Il met en outre l'accent sur le dépistage et la prise en charge de la dénutrition, notamment au sein des populations âgée ou hospitalisée, sachant que 45% des résidents d'établissements pour personnes âgées sont dénutris.
6,5 millions d'adultes obèses
S'agissant du plan de lutte contre l'obésité, initié à la demande du chef de l'Etat à l'heure où la France compte plus de 20 millions de personnes en surpoids ou obèses, dont 6,5 millions d'obèses parmi les adultes, quatre "grandes lignes stratégiques" sont dessinées : l'amélioration de l'offre de soins sous l'égide des ARS et la promotion du dépistage (avec, pour les enfants, une implication directe de la PMI) ; la promotion de l'activité physique (ce qui "passe en grande partie par l'école et les collectivités locales", souligne le document de présentation du plan) et d'une alimentation équilibrée en milieu scolaire ; les actions, là encore, au bénéfice des populations en situation de vulnérabilité ; le développement de la recherche.
Sur le volet prise en charge, le plan insiste sur le développement des "coordinations territoriales" entre acteurs sanitaires mais aussi avec "les acteurs du médicosocial et du social". Il est ainsi prévu qu'un "diagnostic territorial des besoins" soit établi à l'échelle de chaque région pour "structurer la coordination territoriale de la prise en charge de l'obésité". Maisons de santé pluridisciplinaires, centres de santé et autres pôles de santé seront sollicités. Le site internet de chaque ARS devra disposer d'un volet "obésité" pour assurer la diffusion de l'information sur les ressources existantes au niveau de la région.
Sur le terrain scolaire et périscolaire, plusieurs actions plutôt concrètes sont égrenées au fil de ce plan Obésité : généraliser la distribution de fruits à l'école en plus de ceux consommés à la cantine, "préciser les modes et les rythmes des prises alimentaires à l'école primaire", "favoriser la consommation d'eau potable dans les écoles et les établissements publics locaux d'enseignement en facilitant l'accès aux points d'eau pour les élèves"…
L'accent est également mis sur les liens à établir entre ce plan et les actions relevant de la politique de la ville. Ceci dans la mesure où, tel que l'Observatoire national des zones urbaines sensibles a eu l'occasion de le relever, les habitants des quartiers prioritaires "souffrent de manière plus importante de problème de surpoids et d'obésité". Il s'agira notamment de mobiliser les ateliers santé ville (ASV) et les projets locaux de rénovation urbaine sur la thématique "nutrition santé", en lien avec les contrats locaux de santé des ARS. Ce qui passera aussi bien par la formation des coordinateurs ASV ou des animateurs Cucs à cette thématique que par la question des modes de transport en encourageant l'usage des "mobilités douces ou actives"…