Accès aux soins - Premier bilan pour l'expérimentation des pays de santé

La Mutualité sociale agricole (MSA) et Groupama ont présenté un premier bilan de l'expérimentation sur les "pays de santé", lancée il y a deux ans pour améliorer la couverture médicale des zones rurales (voir notre article ci-contre du 9 février 2009). L'expérience a été menée sur deux territoires : trois cantons en Dordogne autour de Nontron et cinq cantons au sud de la Thiérache dans les Ardennes. Le premier territoire n'est pas vraiment un désert médical, puisqu'il compte onze médecins généralistes pour 16.500 habitants et deux maisons de santé en cours d'installation, mais plutôt un espace rural fragilisé, avec deux départs de médecins en 2009 qui n'ont pu être remplacés. Le second territoire s'apparente davantage à un désert médical avec seulement dix médecins généralistes pour 22.000 habitants, sur un territoire plus étendu.
Conçue à partir des attentes exprimées par les acteurs locaux - élus, professionnels de santé, population - l'expérimentation s'est notamment traduite par la création d'un "conseil Pays de santé", ouvert à tous les habitants. Mais le coeur du projet repose surtout sur la mise en place, à partir de janvier 2010, d'une "conseillère Pays de santé", infirmière coordinatrice de territoire et "véritable clé de voûte du pays de santé", chargée notamment d'animer l'expérimentation, de faciliter la collaboration entre les professionnels de santé et le secteur social et de mettre en place les différents services proposés.

Une articulation avec le secteur médicosocial

Près d'un an et demi après la mise en place effective de l'expérimentation, le premier bilan semble largement positif. Tous les professionnels de santé de ces deux territoires ont accepté de s'impliquer dans le dispositif. Conformément au principe du pays de santé, un certain nombre de collaborations et de services aux professionnels de santé ont été développés depuis le lancement de l'expérience, dont le dossier de présentation du bilan à mi-parcours fournit plusieurs exemples.
En matière d'accompagnement des patients, des groupes d'éducation thérapeutique - animés par la conseillère, formée pour l'occasion - ont été mis en place pour les patients atteints de diabète ou de pathologies cardiovasculaires. Des actions de prévention de l'obésité ont également été lancées, sous la forme de séances de consultation individuelle avec une diététicienne, de même qu'un dépistage de la rétinopathie diabétique et un protocole de dosage des médicaments anticoagulants oraux. Plusieurs initiatives ont concerné la collaboration entre les professionnels de santé et le secteur médicosocial. Les actions engagées à ce titre portent en particulier sur la détection des situations de précarité médicosociale (sous forme de diffusion de guides d'entretien et d'informations sur les conduites à tenir) ou sur l'harmonisation locale des dossiers de pré-admission en Ehpad.
Enfin, plusieurs aides ont été mises en place à destination des professionnels de santé pour les aider dans la gestion de leur cabinet : création d'une centrale d'achat des consommables professionnels des généralistes (qui devrait être ouverte prochainement aux infirmières, dentistes, kinésithérapeutes...), aide à la gestion de la filière des déchets d'activité de soins à risques infectieux (Dasri), accompagnement et "coaching" des médecins nouvellement installés (deux médecins roumains, à raison d'un sur chaque territoire), organisation de formations pour les médecins (sur les systèmes d'information et la gestion des dossiers) et les secrétaires médicales...
Seuls regrets au vu du dossier très complet présenté par la MSA et Groupama : celui-ci ne donne aucune information sur le coût de l'expérimentation et, par conséquent, sur la possibilité de généraliser une telle initiative. La plaquette de présentation de lancement du projet, en 2009, se contentait d'indiquer qu'"au terme des trois ans, l'objectif est que le projet Pays de santé dispose d'un financement propre et soit piloté par le conseil Pays de santé".

Jean-Noël Escudié / PCA

Les ARS ne ferment pas toujours les petites maternités
Soupçonnées de programmer systématiquement la fermeture des petites maternités, les agences régionales de santé (ARS) prennent parfois des décisions différentes. C'est le cas, par exemple, pour la maternité de l'hôpital local de Decazeville (Aveyron, 19.000 habitants). Celle-ci, classée au niveau 1 (sans accueil de grossesses à risques, ni néonatologie) et qui réalise un peu plus de 300 accouchements par an (322 en 2010), devait en principe fermer dans le cadre du schéma régional d'organisation des soins (Sros) en vigueur. Les parturientes devaient être dirigées vers le centre hospitalier général de Rodez - plus important - et vers l'hôpital de Villefranche-de-Rouergue. Devant la mobilisation locale, le directeur général de l'ARS de Midi-Pyrénées a toutefois accepté la réalisation d'un audit sur la sécurité de la maternité, mené conjointement par ses services et par une société spécialisée. A l'issue de ce dernier, il a finalement annoncé, à la mi-mai, une prolongation de cinq ans de l'autorisation de la maternité de l'hôpital de Decazeville. Ce renouvellement est toutefois assorti d'un certain nombre de mesures : mise en place d'un rapprochement avec les maternités des hôpitaux de Rodez et de Villefranche-de-Rouergue, création d'une équipe territoriale de périnatalité, adoption par la commission médicale d'établissement (CME) et le conseil d'administration de l'hôpital de Decazeville d'un "véritable projet d'établissement" en phase avec les besoins de la population ou encore remise aux normes du bloc opératoire.

 

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