Logement - Le nombre d'accédants à la propriété a continué d'augmenter, malgré la hausse des prix
L'Insee publie une étude sur "L'accession à la propriété dans les années 2000". Celle-ci donne l'impression d'être quelque peu déconnectée de l'actualité, car les données prises en compte s'arrêtent à 2006, c'est-à-dire juste avant les premiers signes de la crise de l'immobilier apparus en 2007. De ce fait, elle ne tient pas compte de la dégradation de l'accession à la propriété observée en 2009 (voir notre article ci-contre du 9 févier 2010). Les enseignements apportés par l'étude montrent cependant un certain nombre d'évolutions de fond, qui restent valables au-delà des effets de la crise. Ainsi, il apparaît que l'attrait pour l'accession à la propriété s'est maintenu entre 2002 et 2006, prolongeant ainsi la tendance apparue à la fin des années 90. Mais cet accès à la propriété est devenu plus difficile du fait de la hausse du prix des logements, pénalisant ainsi les ménages les plus modestes et les primo-accédants.
Entre 2002 et 2006, 612.000 ménages en moyenne ont acquis chaque année leur résidence principale, alors qu'ils n'étaient que 542.000 à le faire entre 1997 et 2001. Cette progression est plus nette encore si on la rapporte aux périodes antérieures : 391.000 accessions annuelles à la propriété entre 1989 et 1992 et 416.000 entre 1993 et 1996. Il faudrait ajouter chaque année à ces chiffres quelques dizaines de milliers d'accessions à la propriété par le biais de donations ou de successions. L'étude apporte également des éléments sur les différents profils de l'accession. Ainsi, entre 2002 et 2006, près des trois quarts des accessions (70%) concernent des maisons individuelles, ce qui marque toutefois une légère baisse par rapport aux années antérieures. De même, le logement neuf est très minoritaire, avec environ 25% des achats, mais la période 2002-2006 témoigne d'un rebond sensible, puisque cette proportion passe à 32%. Le recours à l'emprunt pour acquérir un logement est indispensable dans 70% des cas, et ce pourcentage monte même à 96% pour les primo-accédants entre 2002 et 2006.
En termes géographiques, c'est dans les zones rurales que l'accession à la propriété se développe le plus rapidement, puisque les habitants de ces territoires représentent dorénavant 29% des accédants récents, contre 25,5% au début des années 1990. Ceci explique la montée en puissance de l'achat dans le neuf : 47,5% des accédants récents dans le neuf habitent en zone rurale éloignée ou périurbaine. En termes de prix, les écarts géographiques sont importants. Les montants dépensés par les accédants entre 2002 et 2006 vont ainsi de 136.000 euros en zone rurale éloignée à 163.000 euros en zone périurbaine, 170.000 euros dans les petites agglomérations et 200.000 euros dans les grandes.
Sur le plan social, l'étude met également en évidence un certain nombre de contrastes. Ainsi, dans la période considérée, les ménages à faibles ressources (inférieures au premier quartile de niveau de vie) ont davantage de difficulté à acquérir un logement. C'est également le cas, mais dans une moindre mesure, pour les ménages appartenant au second quartile de niveau de vie. A l'inverse, les jeunes ménages n'ont pas été défavorisés par la hausse du prix des logements, car ils ont bénéficié de l'allongement de la durée des prêts. La part des moins de quarante ans parmi les accédants est ainsi passée de 64,1% en 1997 et 2001 à 66,1% entre 2002 et 2006. Certes, l'endettement augmente - puisque l'acquisition d'un logement représente désormais 4,2 années de revenu contre 3,1 entre 1997 et 2001 -, mais l'Insee estime que cela ne devrait créer que peu de problèmes de solvabilité, même si les budgets des ménages modestes risquent d'être "tendus". Une prévision ex post, qui s'est tout naturellement trouvée confirmée lors de la crise de l'immobilier...
Jean-Noël Escudié / PCA