Social - Le microcrédit personnel, nouvel outil des Ccas au service des publics touchés par la crise
Réunis à Paris le 22 septembre, les centres communaux d'action sociale (CCAS) constatent que le dispositif du microcrédit personnel connaît une "vraie dynamique de croissance" auprès de leurs publics. "Depuis 1999, le 'prêt stabilité' initié avec le crédit municipal donnait lieu à six dossiers par an en moyenne alors qu'aujourd'hui nous traitons 796 situations, dont 227 par le microcrédit", illustre par exemple le directeur du CCAS de Nantes, Michel Lorant. Certes, Nantes n'est pas un territoire vraiment représentatif dans la mesure où 53% des prêts octroyés par l'ensemble des CCAS le sont justement dans la région Pays-de-la-Loire (à Nantes, Angers et Laval principalement). Une inégalité territoriale qui s'expliquerait notamment par leur ancienneté mais aussi, selon Michelle Meunier, vice-présidente du CCAS de Nantes, par "la grande tradition humaniste et le grand nombre de réseaux associatifs de l'Ouest".
Cette hausse est toutefois nationale, souligne Daniel Zielinski, délégué général de l'Union nationale des CCAS (Unccas), qui évoque "1.800 microcrédits octroyés et une hausse de 60% des demandes d'aides extra-légales en un an". Et "si la reprise s'amorce, nos publics sont encore dans le creux de la vague. La précarisation est toujours très importante", poursuit-il. Michelle Meunier pense d'ailleurs que "le microcrédit est une offre nouvelle à la situation de crise. Le service public s'adapte". Car, selon elle, "les conséquences sociales de la crise vont perdurer longtemps" et les Ccas vont continuer à répondre à des citoyens en difficulté, "des bénéficiaires qui ont des ressources d'environ 1.000 euros par mois, qui travaillent mais qui n'ont pas accès au droit commun, notamment parce que les banques sont de plus en plus exigeantes".
Les emprunteurs ont entre 16 et 44 ans et font, pour plus de la moitié d'entre eux, une demande liée à une problématique de mobilité (achat ou réparation d'un véhicule, permis de conduire), souvent pour aller travailler plus facilement. Afin de répondre au mieux à ces demandes, l'Unccas a élaboré avec la Caisse des Dépôts un guide des bonnes pratiques distribué à l'ensemble du réseau (voir encadré ci-dessous) et disponible en ligne.
Actualité institutionnelle oblige, les représentants des CCAS ont naturellement évoqué la grande interrogation pesant selon eux sur l'avenir des centres : "La réforme des collectivités territoriales va-t-elle atteindre les communes et remettre en cause la proximité essentielle que nous avons créée ?", se demande Michelle Meunier. Daniel Zielinski s'inquiète surtout à ce titre du "flou qui pourrait durer jusqu'en 2014 et qui pénaliserait les administrés" et assure que l'Unccas reste très attentive aux débats qui touchent à leur fin du côté du Parlement.
Muriel Weiss
Le microcrédit personnel en pratique
Avec près de cinquante pages, le guide pratique diffusé par l'Unccas avec le soutien de la Caisse des Dépôts – laquelle, rappelons-le, gère le fonds de cohésion sociale qui intervient comme garantie dans le dispositif – permet dans un premier temps de bien connaître le microcrédit personnel garanti (ses principes, sa vocation, son positionnement par rapport au microcrédit professionnel, son encadrement juridique, son fonctionnement…) ainsi que le rôle des CCAS ou de leurs homologues intercommunaux (CIAS) dans le développement du dispositif, dont ils sont aujourd'hui "le plus important réseau d'accompagnement", tant en termes de points d’entrée que de microcrédits personnels octroyés. En sachant bien, comme le souligne Patrick Kanner, président de l'Unccas, que cet outil "n'a pas été conçu pour se substituer" aux aides existantes des CCAS mais constitue une réponse complémentaire. Le document propose ensuite d'accompagner les agents en situation de proposer et concrétiser un projet de microcrédit : accueil et orientation, instruction, décision, accompagnement, modalités de remboursement...
C.M.