Transports - Le gouvernement repousse aux "premiers mois de 2015" le péage de transit poids lourds
Le gouvernement a tenté ce 26 septembre d'apaiser les tensions persistantes avec les transporteurs routiers, en annonçant que le péage de transit poids lourds, qui succède à l'écotaxe et devait entrer en vigueur au 1er janvier, ne sera effectif que "dans les tout premiers mois de 2015" et ce, "afin de laisser le temps nécessaire à l'adaptation de ce nouveau dispositif", selon le secrétariat d'Etat aux Transports. Une expérimentation à blanc doit démarrer le 1er octobre sur tout le territoire, et durer environ deux mois. Un comité de suivi sera ensuite réuni d'ici fin novembre.
La défunte écotaxe, qui devait initialement être mise en place en juillet 2013, avait été repoussée à deux reprises avant d'être suspendue lors du mouvement des Bonnets rouges, et finalement remplacée, en juin, par le péage de transit poids lourds. Il ne s'agit cette fois pas d'"une décision de report sine die", a assuré le secrétaire d'Etat aux Transports Alain Vidalies, qui a pris ses fonctions à la fin août, "mais (d'une) question de semaines supplémentaires pour mener à bien l'expérimentation", et faire les modifications législatives requises. Car une adaptation de la loi serait nécessaire, afin de calculer le taux de majoration, non plus selon les régions de départ et d'arrivée, mais selon les bassins d'emplois. "La date du 1er janvier n'est plus un horizon indépassable, nous prendrons le temps de la négociation", a commenté Alain Vidalies, évoquant une "initiative législative à l'automne".
Tandis que transporteurs et chargeurs manifestent toujours leur opposition à ce dispositif, le secrétaire d'Etat les a réunis ce vendredi matin et leur a également "proposé de profiter de la période d'expérimentation pour confronter les solutions alternatives" formulées par certains acteurs du secteur, notamment l'OTRE, fédération patronale de transporteurs routiers à l'origine d'importantes manifestations à la fin 2013. Alain Vidalies a souligné vouloir vérifier la faisabilité, notamment juridique, de ces solutions. Quant à Ecomouv', consortium franco-italien chargé notamment de la collecte de l'écotaxe, il "serait l'opérateur de la mise en place du système, il n'y a pas de remise en cause". Le contrat entre l'Etat et Ecomouv' est maintenu, mais les paiements sont suspendus jusqu'en mars 2015.
Destinées au financement des infrastructures de transport, les recettes attendues du péage de transit sont évaluées à 600 millions d'euros par an - dont 30 millions pour les collectivités locales - contre 1,15 milliard initialement prévu pour l'écotaxe. Pour compenser ce manque à gagner, plusieurs hypothèses sont à l'étude, a ajouté Alain Vidalies, sans préciser lesquelles. Il a toutefois confirmé, comme l'avait fait plus tôt le secrétaire d'Etat au Budget Christian Eckert, que l'augmentation de deux centimes par litre du prix du gazole, était une des pistes envisagées. "Il n'y a pas de décision prise à ce stade", a-t-il commenté, précisant néanmoins que "si cette hypothèse est validée, elle ne concernera pas le transport routier". Il a également évoqué la piste d'un financement par les sociétés concessionnaires d'autoroute, comme l'avait fait la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal, et alors que l'Autorité de la concurrence a récemment appelé l'Etat à encadrer davantage leur activité: "Ce n'est pas si simple. C'est une piste de réflexion légitime (...), mais les exigences juridiques sont là pour tout le monde".
Plus de 200.000 poids lourds sont actuellement enregistrés, dont une moitié de français, mais seulement 30.000 véhicules sont équipés. Et, avec la diminution du périmètre des routes concernées par ce nouveau péage, ce ne sont plus 800.000 véhicules français et étrangers qui auront besoin de s'enregistrer, mais seulement la moitié.