Environnement/Transports - Ecotaxe : Ségolène Royal évoque plusieurs pistes ciblant uniquement les camions étrangers
La ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, a évoqué ce 15 avril deux pistes à l'étude pour remplacer le dispositif controversé de l'écotaxe, aujourd'hui suspendu, qui permettraient de cibler uniquement les camions étrangers circulant en France. "Ce serait tout à fait légitime qu'un camion étranger qui traverse tout le pays contribue et paye pour l'entretien des routes qu'il utilise", a indiqué la ministre sur RMC et BFM TV, soulignant que l'écotaxe telle qu'elle est conçue actuellement "fait payer à la fois les camions français et les camions étrangers". "Et même davantage les camions français puisque les camions étrangers qui font leur plein en Belgique, traversent toute la France [...] et refont le plein en Espagne, ne paient pas la fameuse TIPP [taxe intérieure sur les produits pétroliers, ndlr] qui sert à entretenir les routes". En plus, a-t-elle ajouté, les camions étrangers "se débrouillent pour ne pas prendre les autoroutes en France".
L'une des pistes envisagées consisterait ainsi à forcer les camions étrangers à emprunter le réseau autoroutier "plutôt qu'encombrer les routes". L'Etat pourrait ensuite prélever une partie des recettes supplémentaires encaissées de ce fait par les sociétés d'autoroute pour entretenir les routes, a-t-elle expliqué.
Autre piste à l'étude, déjà mise en oeuvre en Suisse : créer une vignette qui serait payée par les camions étrangers à la frontière. "Comme ça, on est sûr de ne faire payer que les camions étrangers et donc il n'y a pas de distorsion de concurrence avec les transporteurs français", a relevé Ségolène Royal. Elle a expliqué chercher "le plus rapidement possible" un système pour que seuls les camions étrangers payent. "Si tout le monde passe sous les portiques [de l'écotaxe], tout le monde paye", a-t-elle poursuivi, soulignant le coût élevé - "300 millions d'euros" - pour la seule installation des portiques sur les grands axes.
Elle a par ailleurs estimé que l'écotaxe était "absurde" car, selon elle, pour calmer la grogne des transporteurs, ils ont été autorisés à répercuter la charge de l'écotaxe sur les producteurs. "Donc on n'atteint pas l'objectif puisqu'il faut que ce soient les camions qui paient l'entretien", a-t-elle fait valoir.
A noter que l'écotaxe visait à l'origine à taxer les poids lourds de plus de 3,5 tonnes afin de financer notamment des infrastructures de transport "durable". A l'occasion de la présentation à la presse de Transports publics 2014, le prochain salon européen de la mobilité, le président du Groupement des autorités responsables de transport (Gart), Roland Ries, a plaidé ce 15 avril pour qu'il n'y ait pas de "remise en cause" de l'écotaxe : "Telle qu'elle a été votée, elle permet des investissements fléchés vers les transports publics et un rééquilibrage de la route vers le ferroviaire en matière de fret." Sa suspension bloque le financement du troisième appel à projets gouvernemental pour les transports collectifs en site propre, doté de 450 millions d'euros, a rappelé Roland Ries. Sans cet apport financier, "il y a un risque d'abandon de certains projets, avec des conséquences économiques pour toute la filière concernée", pronostique-t-il.