Archives

Export - Le gouvernement lance le label "bpifrance export"

Les ministres de l'Economie et du Commerce extérieur ont lancé le 22 mai 2013 un plan d'actions pour démocratiser l'accès des PME et des ETI aux soutiens financiers à l'export. Au coeur de la réforme : la création du label "bpifrance export", qui rassemblera les acteurs publics du soutien à l'export au niveau régional.

Le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, et la ministre du Commerce extérieur, Nicole Bricq, ont lancé, mercredi 22 mai, un plan d'actions pour démocratiser l'accès des PME et ETI aux soutiens financiers à l'export. Ce plan prévoit la création du label "bpifrance export", qui va fédérer les acteurs publics de soutien à l'export, la Coface, Ubifrance et la banque publique d'investissement bpifrance. "A l'heure actuelle, il y a une multiplicité d'acteurs et peu de coordination entre eux, a ainsi souligné Pierre Moscovici. Nous allons y remédier à travers, notamment, la création d'un catalogue commun de produits par les trois principaux acteurs que sont bpifrance, la Coface et Ubifrance."
Pour Nicole Bricq, il ne s'agit pas d'un énième plan, mais bien d'une nouveauté qui consiste à coupler le volet accompagnement des entreprises à l'export, pris en charge par Ubifrance, avec le volet financement, assuré par la Coface et bpifrance. Un "couple accompagnement/financement réclamé par les entreprises", selon la ministre du Commerce extérieur. 40% des entreprises jugent en effet que les dispositifs disponibles ne sont pas assez lisibles, selon une étude BVA sur l'utilisation et la perception par les entreprises des dispositifs d'accompagnement à l'international.
Pour concrétiser ce rapprochement, 24 chargés d'affaires internationaux d'Ubifrance vont ainsi rejoindre les directions régionales de bpifrance en 2013, et une quarantaine d'ici à 2014. Dans le même temps, une vingtaine de développeurs Coface intégreront le réseau bpifrance, ce qui permettra d'offrir aux entreprises en un même lieu l'ensemble des conseils et services à l'export.
Le plan prévoit par ailleurs la mise en place d'un produit unique de financement, appelé "prêt de développement export", qui remplacera le prêt pour l'export, le contrat de développement international et le contrat de développement participatif d'Oséo. D'un montant compris entre 30.000 euros et 3 millions d'euros, il sera accordé en complément d'un prêt bancaire pour les montants supérieurs à 150.000 euros. La simplification de l'offre, et l'élimination des doublons entre la Coface et Oséo sont également à l'ordre du jour.

"La région, échelon pertinent pour l'export"

Les régions, reconnues comme les "pilotes de l'export" par le gouvernement, vont pouvoir s'appuyer sur ces nouveaux outils pour coordonner les acteurs de l'export. "A l'Etat de définir la stratégie, les dispositifs financiers (garanties, prêts pour la prospection à l'international), aux régions l'accompagnement de la croissance des PME et leur internationalisation", a expliqué Alain Rousset, président de l'Association des régions de France, le 22 mai, précisant à Localtis qu'"une fois le financement réalisé, ce sont les régions qui accompagnent les entreprises dans la préparation de leurs voyages, le repérage des acteurs économiques, etc."
Nicole Bricq a pu insister sur ce rôle pilier des régions à l'occasion d'une réunion organisée avec les présidents de région avant la conférence de lancement du label bpifrance export. "Les régions sont des acteurs très importants ; elles sont les pilotes de cet accompagnement des entreprises car elles assurent le lien de proximité", a ainsi précisé la ministre, rappelant que les régions mettent en oeuvre les plans régionaux d'internationalisation des entreprises. Ces plans, que certaines régions ont déjà adoptés, permettent d'organiser la coordination des partenaires de l'export sur leur territoire et de fixer des priorités au niveau local en termes de pays cibles et de secteurs prioritaires. Ils sont en cohérence avec la stratégie nationale de l'export énoncée par le président de la République en décembre 2012 (avec quatre domaines d'intervention et 47 pays cibles). D'après l'étude commandée à BVA, les entreprises estiment majoritairement que c'est bien au niveau régional que le soutien aux entreprises désirant s'internationaliser doit se faire. "La région est l'échelon pertinent pour organiser le dispositif d'appui au développement international des entreprises, en lien avec les autres opérateurs et bpifrance en région. Une dynamique est lancée dans les territoires pour répondre au mieux aux besoins exprimés par les entreprises. Elle doit être encouragée et accélérée", a déclaré Nicole Bricq. Et Alain Rousset de se féliciter de cette position. "Nicole Bricq a apporté un changement : auparavant, tout le monde faisait tout, il y avait un émiettement des compétences. Ce que souhaite la ministre, c'est avoir un pilote, qui est la région", confie ainsi le président de l'ARF.

Un séminaire à l'automne

Pour formaliser leur partenariat, les régions et la ministre ont décidé à l'issue de leur réunion d'organiser un séminaire à l'automne qui présentera la mise en oeuvre des plans régionaux d'internationalisation des entreprises. Un événement destiné à "donner un élan pour que nous essayions de combler progressivement ce boulet qu'on a au pied, le déficit du commerce extérieur…", a expliqué Alain Rousset. Côté relation entre bpifrance et les régions, l'audition de Nicolas Dufourcq, directeur général de bpifrance, par les présidents de région, le 22 mai également, a permis de mettre les choses au clair. Durant l'audition, les régions ont ainsi demandé à ce qu'il y ait une parfaite articulation entre bpifrance et les outils existants de développement économique au niveau des régions. "Les régions ont les dossiers d'entreprises à développer, il faut que nous échangions davantage", a ainsi déclaré Alain Rousset, selon un communiqué de l'ARF publié le 22 mai. Ce à quoi Nicolas Dufourcq a répondu que bpifrance était "un outil à la disposition des schémas régionaux de développement économique et d'innovation (SRDEI)" et que "90% des décisions de financement, soit les dossiers de moins de 4 millions d'euros, seraient prises dans les régions."
Cette organisation devrait permettre selon le gouvernement de "placer les entreprises françaises à armes égales avec leurs concurrentes européennes pour le financement de nos exportations". L'urgence est là. Le déficit du commerce extérieur français a atteint 67 milliards d'euros fin 2012. Et d'après les données de Nicole Bricq, les entreprises ont vraiment du mal à mettre en place une stratégie d'export qui tienne à moyen ou long terme. "30.000 entreprises se lancent chaque année dans l'export, mais le même nombre y renonce chaque année", a ainsi souligné la ministre du Commerce extérieur.