Financement des entreprises - La BPI sur les fonts baptismaux
C'est à Dijon, dans les locaux du conseil régional de Bourgogne, que la Banque publique d'investissement (BPI) a tenu son premier conseil d'administration, jeudi 21 février, en présence des ministres de l'Economie et du Redressement productif, Pierre Moscovici et Arnaud Montebourg... Un signal fort pour les régions qui veulent être aux avant-postes de cette banque qui est à leurs yeux "beaucoup plus qu'un établissement bancaire". La tenue de ce premier conseil en province témoigne "de la volonté partagée de tous les acteurs d'un fort ancrage territorial, au plus près des entreprises", a commenté l'Association des régions de France (ARF) le jour même.
Deux des quinze administrateurs de la BPI sont d'ailleurs des présidents de région, désignés par l'ARF, comme le prévoit un décret du 18 février. Il s'agit de Ségolène Royal (Poitou-Charentes) et de Jean-Paul Huchon (Ile-de-France). Les autres membres du conseil sont des représentants de l'Etat (dont Louis Gallois, le commissaire général à l'investissement), de la Caisse des Dépôts, des salariés, deux personnalités qualifiées indépendantes (Amélie Faure et Nicolas Théry), et le directeur général de la BPI Nicolas Dufourcq.
Lors de ce premier conseil, Ségolène Royal a été désignée vice-présidente du conseil d'administration, son président étant le directeur général de la Caisse des Dépôts Jean-Pierre Jouyet.
Plateformes régionales
En tant que futur président du Comité national d'orientation de la banque, Alain Rousset, président de l'ARF, a également participé aux débats. La réunion a été l'occasion d'adopter les statuts de la banque, d'installer sa gouvernance, mais aussi de préciser sa stratégie.
La BPI, créée par une loi du 1er janvier 2013, regroupe sous une même holding le Fonds stratégique d'investissement, Oséo et CDC Entreprises, filiales de la Caisse des Dépôts, avec une force de frappe de 42 milliards d'euros destinés à financer les entreprises, des TPE aux ETI (entreprises de taille intermédiaire). A terme, elle devrait aussi intégrer Ubifrance pour soutenir les entreprises à l'export. La BPI n'est pas la simple agrégation de ces outils, elle a vocation à en proposer de nouveaux. Ce qui est d'ores et déjà chose faite avec le prêt pour l'innovation des PME lancé la semaine dernière ou le nouveau fonds de garantie de 500 millions d'euros lancé au début de l'année...
Les régions, elles, auront avant tout un rôle d'assembleur de tous les services proposés aux entreprises. "La création de la BPI fournit aux régions l'opportunité de rassembler au sein de plates-formes qu'elles animeront sur leur territoire tous les acteurs du développement des entreprises", souligne l'ARF, dans un communiqué. "Technologues, analystes financiers et spécialistes de la Région, des filiales de la BPI, d'Ubifrance, des réseaux consulaires le cas échéant, des acteurs de l'économie sociale et solidaire, seront rassemblés pour simplifier les démarches de l'entreprise et l'accompagner dans la globalité de son projet", poursuit-elle.
A présent, le conseil national d'orientation doit tenir sa première réunion : il comprendra trois représentants des régions : outre Alain Rousset, son président, Marie-Guite Dufay (France-Comté) et Laurent Beauvais (Basse-Normandie) sont préssentis.
Pour les régions, qui verront leur rôle de chef de file du développement économique renforcé dans le nouvel acte de décentralisation, la mise en place effective de la BPI "constitue un nouveau levier pour accroître encore leur engagement pour la croissance et pour l'emploi".