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Formation professionnelle - L'Afpa lance la deuxième phase de son plan de redressement

Yves Barou, président de l'Association nationale pour la formation professionnelle des adultes, a présenté le 16 octobre 2014 l'acte II du plan de refondation de l'association. L'Afpa, qui a frolé la cessation de paiement en 2012, est sortie de la zone de danger mais ses résultats ne sont pas encore à la hauteur des espérances.

"Aujourd'hui le redressement de l'Afpa est confirmé mais il y a encore des efforts à faire." C'est en ces termes qu'Yves Barou, président de l'Association nationale pour la formation professionnelle des adultes, a présenté le 16 octobre 2014, le bilan du premier acte du plan de refondation lancé en 2012. Les résultats sont là : l'Afpa a augmenté de deux points le taux d'accès à l'emploi des stagiaires, qui se situe maintenant au-dessus de la barre des 60%.
Du côté financier, l'association - qui était dans une situation très difficile au moment de l'ouverture à la concurrence et a même frôlé la cessation de paiement en 2012 -, s'est redressée. Son déficit d'exploitation est passé de -37 millions d'euros en 2013 à -10 millions d'euros en 2014. "Il s'agit d'un redressement clair, même s'il ne se situe pas tout à fait au niveau espéré", a souligné Yves Barou. L'Afpa escomptait en effet un excédent de 2 millions d'euros cette année.
Le redressement a été obtenu à coup de réformes structurelles importantes, comme la rénovation du modèle pédagogique de l'institution. De 260 formations de six mois en moyenne, l'Afpa a mis en place un catalogue de 965 modules de 175 heures. Une offre qui a été lancée dans tous les centres Afpa en mars 2014. Un plan d'économie a été mis en place pour redresser les finances, avec un gel des salaires et une réduction de 10% des effectifs, soit une suppression totale de 850 postes.
"Nous sommes au milieu du gué, nous avons fait la moitié du chemin. Il faut terminer le redressement de l'Afpa", a insisté son président. C'est justement l'objet de l'acte II du plan de refondation. Dans le cadre de cette deuxième phase qui couvre la période 2015-2017, sept chantiers vont être lancés dont la réorganisation de l'association dès 2015 en treize régions, pour anticiper les changements liés à la réforme territoriale. L'Afpa souhaite aussi poursuivre l'optimisation des formations, avec l'apparition de la multimodalité, c'est-à-dire l'utilisation conjointe de formations en présentiel et à distance. "Le conseil régional du Limousin a ainsi demandé que toutes les formations du tertiaire soient réalisées avec quatre jours de formation à distance et un jour de présentiel", a détaillé Yves Barou, insistant sur la plateforme de e-learning en cours de création, qui sera lancée à l'été 2015.

Une nouvelle feuille de route en janvier ou février 2015

Autres chantiers : l'analyse de la totalité de l'offre de formation de l'Afpa, pour identifier les formations qui pourraient être supprimées (dans le cas où des métiers disparaissent par exemple), et celles qui pourraient être créées. Un travail qui va être mené en collaboration avec les conseils régionaux pour faire correspondre au mieux l'offre et la demande. "Les régions, via les appels d'offres, structurent le marché, nous ne pouvons faire seul ce travail," a détaillé Yves Barou.
L'Afpa compte aussi développer son offre auprès des entreprises et des salariés, avec l'arrivée du compte personnel de formation (CPF) et renouveler l'accompagnement des stagiaires, en amont des stages (conseil, découverte des métiers), pendant la formation et après, avec des services d'aide à la recherche d'emploi. Une nouvelle cartographie doit également être discutée avec les régions, pour aboutir à terme à une centaine de centres de formation, dont une trentaine de centres stratégiques nationaux destinés à former aux filières d'avenir.
La poursuite des efforts de compétitivité fait aussi partie du programme. D'après Yves Barou, l'Afpa a un avantage : le flux important de départs à la retraite (600 par an), dont les remplacements pourront être dosés en fonction du chiffre d'affaires.
Cette nouvelle feuille de route de l'Afpa devrait être validée par les instances de gouvernance d'ici janvier ou février 2015. Reste à négocier avec l'Etat la question du financement supplémentaire nécessaire qui, d'après Yves Barou, se situe au-dessus des 230 millions d'euros déjà accordés par l'Etat, et la question de l'immobilier.

Emilie Zapalski

l'Afpa lance un appel pour accélérer le plan de 100.000 foprmations prioritaires
Le compte personnel de formation (CPF) qui va voir le jour en 2015 "peut être un très bon outil, notamment à travers les abondements qu'il permet mais on est au début de la bataille, il va falloir s'en occuper. Il est important qu'il se mette en place", a déclaré Yves Barou, le président de l'Afpa, le 16 octobre, à l'occasion de la présentation de l'acte II du plan de refondation de l'association. Yves Barou a insisté sur la "dissymétrie" qu'il risque d'y avoir entre des salariés bien dotés en heures sur leur CPF, puisque les heures du droit individuel à la formation (DIF) doivent y être transférées, et des demandeurs d'emploi moins bien lotis. "L'année 2015 sera sûrement une année de transition mais c'est jouable et très intelligent."
Autre point abordé : le plan d'urgence pour l'emploi. Le premier plan, à hauteur de 30.000 formations, a été lancé en 2013 à l'occasion de la grande conférence sociale. "Il a été un grand succès", a souligné Yves Barou. En revanche, le deuxième, qui a pour objectif d'atteindre 100.000 formations prioritaires d'ici la fin de l'année 2014, patine. "Le plan 100.000 formations a du retard, je lance un appel à tous les acteurs pour le réactiver !", a-t-il lancé, alors que, d'après le ministre du Travail,  75.000 formations ont été créées cette année (voir notre article du 14 octobre 2014). Enfin, le président de l'Afpa a posé la question de l'accès à la formation des handicapés qui, selon lui, a diminué de moitié ces dernières années. "Les mécanismes de marché ne règlent pas tout, a indiqué Yves Barou, il est peut-être temps d'en faire un service public."

Emilie Zapalski

 

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