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Déchets - L'Ademe passe au crible le contenu des poubelles

Que trouve-t-on aujourd'hui dans la poubelle des Français ? Comment son contenu a-t-il évolué depuis quinze ans ? Quelle est la part des déchets collectés par le secteur public provenant des activités économiques et quelles sont les marges de progression en matière de prévention et de valorisation ? C'est pour répondre à ces questions que l'Ademe a lancé à la demande du ministère de l'Ecologie la deuxième campagne nationale de caractérisation des ordures ménagères, dont les premiers résultats ont été présentés ce 23 juin. La première campagne de ce type avait été menée en 1993, à l'époque où le tri sélectif était embryonnaire et les déchetteries inexistantes.
Pour cette deuxième campagne de mesures, 100 communes réparties sur tout le territoire métropolitain ont été tirées au sort pour constituer un échantillon représentatif. Près de 900 échantillons de déchets (ordures ménagères résiduelles, collectes sélectives et déchetteries) ont été analysés et les résultats ont été couplés aux données issues de l'enquête nationale 2007 de l'Ademe sur la collecte des déchets par le service public.
Premier enseignement : le poids moyen des ordures ménagères - 391 kilos collectés par habitant et par an en 2007 - est resté pratiquement stable depuis 1993. "Mais il s'est stabilisé depuis 2002 et a diminué de 5 kilos/an/habitant en deux ans", a nuancé Daniel Béguin, directeur Déchets et Sols à l'Ademe, en évoquant "un décrochage par rapport à l'évolution de la consommation et une ambiance globale de prévention". Les dépôts en déchetteries (170 kg par habitant et par an) connaissent une très forte progression (plus 15% entre 2005 et 2007), les déchets verts et les gravats représentant 60% des apports. La mise en place des collectes sélectives permet aujourd'hui de capter la moitié des journaux, magazines, revues et emballages collectés par le service public (y compris ceux des activités économiques). Conséquence : depuis 1993, la part du papier mais aussi du carton et du verre a fortement diminué dans les ordures résiduelles. Dans ces dernières, la proportion de déchets provenant d'activités économiques (commerçants, artisans, bureaux...) est de 22%, soit 4,4 millions de tonnes.

 

Hausse des déchets textiles

Globalement, la composition des ordures ménagères a peu évolué depuis 1993, a constaté l'Ademe. On y trouve 32,2% de déchets putrescibles, 21,5% de papiers cartons, 12,7% de verre, 11,2% de plastiques, 10,6% de textiles (y compris sanitaires), 3% de métaux et divers matériaux composites ou non classés (8,9%). Si la part des emballages (carton, plastique et verre) a légèrement diminué - elle est passée de 39% à 32%, celle des textiles sanitaires (9%) a fortement progressé en 15 ans. Couches, lingettes et autres mouchoirs en papier représentent aujourd'hui 34 kilos de déchets par habitant et par an. "L'usage des lingettes ne saurait à lui seul expliquer cette hausse", estime Erwann Frangeat, l'ingénieur de l'Ademe qui a piloté l'enquête. Selon lui, elle est plutôt à imputer aux couches-culottes car "la natalité est plus importante qu'il y a quinze ans et la population vieillissante aussi". Autre leçon à tirer de l'étude : la quantité de certains composés toxiques dans les déchets a baissé de manière importante par rapport aux analyses effectuées en 1993. Pour Erwann Frangeat, cette moindre toxicité s'explique par la progression des collectes sélectives de déchets dangereux, notamment en déchetterie, et par le fait que les industriels mettent poins de produits polluants sur le marché.
Au total, 37,77 millions de tonnes de déchets ont été collectées par les collectivités en 2007 dont 24,82 millions de tonnes par les collectes d'ordures ménagères résiduelles et les collectes sélectives et 10,82 millions de tonnes apportés en déchetteries. Sur ces 37,7 millions de tonnes, 33,5% ont pu être orientés vers du recyclage matière ou organique contre 31% en 2005. Ce résultat est proche des objectifs du Grenelle de l'environnement qui vise 35% en 2012 puis 45% en 2015.

 

Prévention et tri à améliorer

Mais des progrès sont encore possibles aussi bien en matière de tri que de prévention, souligne l'Ademe. Elle estime à 150 kilos par habitant et par an (soit 39% de l'ensemble des ordures ménagères) le gisement concerné par de simples gestes de prévention : éviter de gaspiller la nourriture - en moyenne, chaque habitant jette 7 kg de produits alimentaires emballés par an, souligne l'étude -, développer le compostage domestique, le Stop Pub, limiter les impressions bureautiques, etc. Pour les déchets organiques (matières putrescibles et papiers-cartons), l'Ademe évalue à 164 kg /habitant/an, soit 52% des ordures ménagères résiduelles, le volume qui pourrait être valorisé en combinant compostage domestique et filières collectives de gestion biologique (compostage ou méthanisation). Un enjeu non négligeable, la part des seuls déchets putrescibles représentant 125 kg/hab/an, soit 40% du poids de la poubelle grise.
Quant au tri sélectif, il est encore perfectible. Un engagement plus marqué des habitants, un meilleur respect des consignes de tri et le développement de nouvelles technologies de valorisation permettraient d'extraire des poubelles grises jusqu'à 100 kg/hab/an de déchets tels que papiers, cartons, plastiques, métaux, avance l'Ademe qui souligne aussi que le verre représente encore de l'ordre de 20 kg/hab/an dans les ordures ménagères résiduelles.
Les résultats complets de cette deuxième campagne nationale seront disponibles en octobre prochain et serviront à planifier la politique des déchets.

 

Anne Lenormand

 

 

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