Déchets - La chasse au gaspi est ouverte
Réduire de moitié ses déchets en faisant ses courses et économiser ainsi 50 euros par personne : c'est tout à fait possible selon une enquête que vient de réaliser l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), en prélude à la deuxième Semaine de la réduction des déchets qui se déroulera du 3 au 11 novembre dans toute la France. L'étude, qui portait sur 150 produits de consommation courante, a permis de démontrer que la masse des déchets générée par personne chaque année est de 100 kg pour le chariot regroupant les achats entraînant le plus de déchets et de 50 kg pour celui le plus économe en déchets. La différence de poids entre le maxi et le mini chariot s'explique à la fois par la quantité d'emballages mais aussi par la présence dans le maxi chariot de produits jetables (mouchoirs en papier, filtres à café en papier...).
300 millions d'euros par an d'économies sur le traitement
Sachant que le chariot représentatif des produits les plus achetés par les ménages dans chacun des 150 groupes de produits retenus est évalué à 83 kg par personne et par an, le potentiel de réduction des déchets est de 33 kg par habitant et par an, relève l'Ademe. "Si tout le monde adoptait le mini chariot, cela se traduirait au niveau national par 2 millions de tonnes de déchets en moins et 300 millions d'euros par an d'économies sur le traitement", a commenté Michèle Pappalardo, présidente de l'Ademe.
"Au final, on peut avoir les mêmes produits avec deux fois moins d'emballages, s'est réjoui Jean-Louis Borloo, ministre de l'Ecologie. A chaque acte d'achat, on peut en tirer un triple avantage : payer moins cher à la caisse, réaliser des économies pour traiter les déchets et générer moins de CO2." Si le Grenelle de l'environnement n'a pas livré de conclusions définitives concernant les déchets, la question de la prévention a été mise en avant. Avec 360 kg de déchets ménagers par habitant et par an, il est en effet urgent d'agir, l'objectif étant de réduire de 40% le niveau des déchets d'emballage, a rappelé Jean-Louis Borloo.
Le réemploi encouragé
La deuxième Semaine de la réduction des déchets sera l'occasion de sensibiliser le grand public mais aussi les professionnels à la manière de ralentir la production de déchets à la source. Plus de 320 actions de proximité sont programmées dans toute la France, à l'initiative d'associations, de collectivités de toutes tailles, d'institutions ou d'entreprises. Cinq axes seront privilégiés, à travers expositions, débats, conférences, journées portes ouvertes dans les déchetteries, sensibilisation dans les grandes surfaces, etc. : les enjeux de la réduction des déchets, mieux produire (éco-conception, élimination du produit en fin de vie), mieux consommer (savoir choisir ses produits), réutiliser, à travers notamment le réseau des recycleries et ressourceries, et mieux jeter (apprendre à composter permet ainsi de réduire le volume de déchets de 70 kg par habitant et par an).
Une cinquantaine d'associations membres du réseau France Nature Environnement vont proposer au cours de cette Semaine de la réduction des déchets des animations sur les lieux de commerce pour "acheter futé" en faisant moins de déchets. Elles ont aussi prévu des opérations telles que la dégustation d'eau du robinet en aveugle, l'organisation de réceptions sans déchets ou des démonstrations de couches lavables.
De son côté, le réseau des recycleries et des ressourceries, qui a été à l'origine de la première Semaine de la réduction des déchets en 2001, a prévu plus de 45 actions de terrain sur le thème "le réemploi, ça détonne". Les clients qui se rendront dans ses magasins pour acheter des produits de seconde main pourront peser leurs achats et se rendre compte de cette manière des économies réalisées. Implanté dans treize régions, le réseau, qui a récupéré en 2006 20.000 tonnes de déchets encombrants ménagers et de déchets industriels, permet grâce au réemploi de détourner 80% de ces déchets de l'enfouissement ou de l'incinération. Pour encourager le réemploi partout en France, l'Ademe vient de signer une convention de partenariat avec les recycleries et ressourceries. Objectifs : promouvoir l'action du réseau, accompagner la mise en place de nouveaux projets de ressourceries et de recycleries (une centaine sont prévus contre 41 aujourd'hui), professionnaliser et former les acteurs, faire reconnaître ces nouveaux métiers et développer une démarche qualité.
Anne Lenormand