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Déchets - Eco-Emballages dresse le bilan de l'année 2008

Le 23 juin, l'éco-organisme Eco-Emballages a dressé le bilan de son activité 2008. Une année tumultueuse marquée par une réorganisation interne et un redéploiement des objectifs à la suite du scandale financier lié aux placements réalisés par l'entreprise dans des fonds à risques. L'affaire ne cesse d'ailleurs de rebondir : l'éco-organisme vient ainsi d'assigner en justice l'intermédiaire financier qui l'avait conseillé dans ses placements. Si cette affaire a quelque peu terni l'image d'Eco-Emballages, son ambition reste intacte et son objectif a été réaffirmé : atteindre d'ici à 2012 un taux de recyclage de 75% des déchets d'emballages ménagers. Acteur central de la chaîne du tri ayant pour vocation, comme l'a résumé Eric Brac de la Perrière, son nouveau directeur général, "de marier entre elles des activités qui ne se ressemblent pas", Eco-Emballages soutient les collectivités en fonction de leurs performances de recyclage, du volume et de la qualité du tri effectué. "Ces collectivités font un travail considérablement difficile et qui a un coût : 92% de nos dépenses sont donc consacrées à leur soutien. Au total, 1.331 collectivités ont bénéficié de ces soutiens et 3 millions de tonnes soit 63% du gisement d'emballages visé ont été collectées et recyclées en 2008", a-t-il précisé. Meilleur en territoire rural (58,8 kg/hb/an) qu'en ville (29,5 kg/hb/an), le volume moyen de tri par habitant nécessite pour être amélioré de redoubler d'effort dans les zones d'habitat vertical.

En termes de gouvernance, un comité finances et un comité d'audit ont été récemment créés, ce dernier venant appuyer le conseil d'administration dans ses décisions. S'y ajoutent d'autres comités existants, qui intéressent plus directement les collectivités : le comité information matériaux, auquel participe entre autres l'Association des maires de France, et le comité de concertation, qui est au coeur de la démarche d'élaboration du prochain barème de soutien entrant en vigueur dès janvier prochain. Courbes de taux de recyclage à l'appui, l'éco-organisme a démontré que ce barème doit être augmenté de 25% dès 2010. "Sa réactualisation aurait dû intervenir plus tôt, mais compte tenu des performances du modèle économique en place, on a pu attendre jusque-là. Mais pour rééquilibrer les dépenses et recettes - les premières dépassant en effet les secondes depuis trois ans - le réajustement doit s'opérer, car les soutiens sont calculés en fonction de ces dépenses. Or, plus on recycle, plus les coûts naturellement augmentent, et plus le soutien aux collectivités doit suivre. Le point vert est ainsi calé sur la performance de recyclage. Actuellement de 6,8 euros/hb/an, il reste l'un des plus faibles d'Europe avec celui en vigueur en Belgique", a expliqué le directeur général d'Eco-Emballages. C'est en ce sens que le comité de gestion du barème vient de se réunir le 5 juin et se réunira à nouveau en septembre. Selon l'un des membres du comité, le barème à établir doit être "simple et équitable", ce qui nécessite un patient travail de concertation entre les multiples parties prenantes. Fin 2010, cette augmentation du barème devrait logiquement se concrétiser par une augmentation de même niveau des recettes de l'éco-organisme, qui affiche en 2008 un chiffre d'affaires faible quoique stabilisé par rapport à 2007, une année déficitaire pour cette entreprise à but non lucratif et à mission d'intérêt général.

Parmi ses axes d'action, notons un effort de réduction de ses frais de fonctionnement, un travail d'anticipation de la décroissance du gisement d'emballages à traiter, laquelle résulterait d'une moindre consommation (de 4,7 millions de tonnes, il passera à 4,4 millions de tonnes en 2010), et enfin une quête d'équilibre entre l'optimum environnemental à atteindre et la maîtrise des coûts économiques propres au recyclage. En jeu également, un travail de prévention (soutien à l'écoconception, information du public et des élus) et un effort visant à anticiper les transferts de matériaux pouvant survenir, en optimisant le recyclage de certains d'entre eux tels que le verre, trop faiblement recyclé dans de grandes villes comme Paris. Ces chantiers de mobilisation interne donneront lieu à un plan global d'action qui sera dévoilé en septembre. D'ici là, l'entreprise aura tiré dès cet été le bilan de l'analyse des fonds de placements "sous-jacents" sur lesquels sont encore placés 35 millions d'euros, qu'elle compte récupérer d'ici à 2010. Des placements sur fonds à risques (les fonds Primores domiciliés aux îles Caïman), elle a déjà récupéré 13,4 millions d'euros, avec l'appui du cabinet de conseil Darius Capital Partners, qu'elle a missionné à cet effet.

 

Morgan Boëdec / Victoires éditions