Archéologie préventive - L'activité de l'Inrap a marqué le pas en 2008
L'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) publie son rapport d'activité pour l'exercice 2008. Par rapport au précédent (voir l'article ci-contre du 9 mars 2009), ce document montre un tassement de l'activité, après plusieurs années de montée en charge sur fond de difficultés financières et - parfois - de tensions avec les élus. En termes de diagnostics, le nombre de prescriptions est ainsi passé de 2.436 en 2007 à 1.996 l'an dernier, portant sur un total de 26.427 hectares. Les diagnostics réalisés en 2008 se sont élevés à 1.484 (contre 1.808 l'année précédente), tandis que 1.589 rapports d'opération ont été remis aux services régionaux de l'archéologie (contre 1.786). Le nombre de journées consacrées aux diagnostics relevant des lois de 2001 et de 2003 étant resté pratiquement stable (75.126 contre 75.643), ces évolutions traduisent une intensification et un approfondissement des diagnostics. Le tassement est moins prononcé en matière de fouilles proprement dites. L'année 2008 a vu ainsi l'Inrap enregistrer 362 prescriptions de fouilles contre 370 en 2007. Dans le même temps, 254 chantiers de fouilles ont été achevés et 218 rapports finaux d'opération ont été remis, contre respectivement 277 et 136 l'année précédente. Avec un total de 175.043, le nombre de journées consacrées aux chantiers de fouilles est en légère augmentation (173.785 en 2007). Il faut y ajouter 17.242 journées consacrées à ces activités de recherche, contre 17.935 en 2007. Si les effectifs permanents de l'Inrap - dont l'évolution a été critiquée à plusieurs reprises par le Sénat - se sont également stabilisés (1.852 agents en CDI contre 1.846 en 2007, auxquels il faut toutefois ajouter 417 personnes en CDD contre 363 l'année précédente), il n'en va pas de même pour le volet financier. Le budget primitif est ainsi passé de 126,6 millions d'euros à 137,05 millions (+8,25%), tandis que le budget réalisé passait de 133,6 millions d'euros à 145,75 millions (+9,1%). Dernier chiffre à retenir : 36% des diagnostics réalisés en 2008 par l'Inrap (en nombre d'opérations) l'ont été pour des aménageurs publics et 63% pour des aménageurs privés. Dans le cas des fouilles, 45% des chantiers sont réalisés pour des opérateurs publics, 50% pour des opérateurs privés et 5% pour des sociétés d'autoroute.
Pour expliquer cet écart entre évolution de l'activité et évolution des dépenses, Nicole Pot, la directrice générale de l'Inrap, met en avant une augmentation de 15% de la surface moyenne des diagnostics réalisés et la "complexité croissante des fouilles". De leur côté, les difficultés financières s'expliqueraient par "l'absence de fonds de roulement à la création de l'institut, le déficit des opérations réalisées dans le cadre de la loi 2001 en raison des insuffisances de la redevance, déficit qui n'a jamais été comblé, le faible rendement de la redevance 2003, enfin le remboursement de la dette contractée en 2002 auprès du Trésor [qui] pèse toujours sur l'Inrap". A la décharge de ce dernier, le développement des structures d'archéologie préventive hors Inrap (services d'archéologie préventive de collectivités, prestataires privés...) n'a pas diminué la pression sur l'institut, les lois de 2001 et de 2003 ayant au contraire renforcé les interventions de l'archéologie préventive. Si l'on y ajoute la pression du Parlement, qui a fortement raccourci les délais pour l'engagement et la réalisation des travaux de diagnostic et de fouilles (voir nos articles ci-contre), on comprend que le tassement du nombre de chantiers ne diminue pas nécessairement la charge de travail. En dépit du projet de transfert de l'Inrap à Reims - qui continue de mal passer -, l'institut reste néanmoins optimiste sur son avenir en renvoyant aux propos du chef de l'Etat lors de ses vœux au monde de la culture, le 13 janvier dernier. Nicolas Sarkozy y évoquait en effet la nécessité de "construire bien, tout en s'attachant aussi à préserver les vestiges du passé grâce à l'archéologie préventive, cette belle réussite française...".
Jean-Noël Escudié / PCA