Archéologie préventive - L'Inrap dit pourquoi il ne veut pas aller à Metz
Pourquoi délocaliser un établissement public dont 95% des personnels travaillent... en province ? Tel est l'un des arguments avancés par les agents de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), qui s'opposent au possible transfert de leur organisme à Metz. Celui-ci, ouvertement évoqué sans être pourtant officiellement annoncé, s'inscrirait dans le cadre des compensations à la mise en oeuvre de la réforme de la carte militaire, qui se traduit par la suppression de plusieurs implantations de la Défense dans les régions de l'Est. D'autres délocalisations sont d'ailleurs envisagées au profit de la Lorraine, concernant en particulier l'Insee. Un éventuel transfert ne devrait toutefois pas intervenir avant au moins deux ans.
Dans le cas de l'Inrap, comme pour toutes les autres délocalisations administratives, l'étendard de la sauvegarde du service public dissimule mal le refus pur et simple de la mobilité géographique. Mais les agents de l'Inrap avancent cependant un certain nombre d'arguments moins automatiques. Ainsi, il est exact que le siège de l'Inrap à Paris ne compte que 130 agents, alors que la quasi-totalité de ses 2.000 salariés - essentiellement des archéologues sous contrat de droit privé - travaillent sur les 2.500 chantiers de fouille annuels et dans la cinquantaine d'unités mixtes de recherche, répartis sur tout le territoire métropolitain et dans les DOM. Ceux-ci restent d'ailleurs plutôt discrets dans la polémique en cours, menée essentiellement par les personnels du siège, directement concernés. Autre argument avancé par les opposants au transfert : l'Inrap est une institution jeune - sa création remonte à 2002 - et qui demeure fragile. Il a connu en effet des débuts difficiles, marqués par une grave crise financière due notamment au mauvais rendement de la redevance d'archéologie préventive. Sa délocalisation risquerait de le fragiliser encore davantage. Enfin, les opposants se demandent si ce projet de transfert n'a pas pour objet de "mettre au pas l'organisme", voire de préparer sa suppression. Si l'assertion semble assez peu crédible, il est vrai en revanche que l'Inrap entretient des relations parfois difficiles avec les collectivités territoriales. Ses délais d'intervention jugés trop longs et le caractère - par essence - imprévisible du résultat des fouilles préventives suscitent souvent l'irritation des élus, confrontés à la paralysie d'importants chantiers d'aménagement.
En attendant qu'une éventuelle décision de transfert se matérialise, les personnels de l'Inrap ont préféré prendre les devants. Les trois quarts des agents du siège se sont ainsi mis en grève le 25 septembre et ont manifesté devant les fenêtres de la ministre de la Culture. Un blog "Sauvons l'archéologie" a également été mis en ligne, avec invitation à signer une pétition. Pour sa part, le ministère de la Culture a choisi de rester muet sur ce dossier, qui ne semble pas encore finalisé.
Jean-Noël Escudié / PCA